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Le gouvernement tchadien demande la levée de l'immunité d'un député


Député Saleh Kebzabo, président de l'UNDR, au Tchad, le 30 décembre 2020. (VOA/ André Kodmadjingar)
Député Saleh Kebzabo, président de l'UNDR, au Tchad, le 30 décembre 2020. (VOA/ André Kodmadjingar)

Le député Saleh Kebzabo, président de l’UNDR, l’union Nationale pour le Développement et le Renouveau, est dans le collimateur de la justice.

Dans un courrier daté du 28 décembre, le Garde des Sceaux, ministre de la Justice, a informé le président de l’Assemblée Nationale du Tchad que le ministère public entend exercer des poursuites pénales à l’encontre du député Saleh Kebzabo.

On lui reproche d’avoir tenu des propos incendiaires, lors de son déplacement dans le Sud du pays au sujet du regain des conflits éleveurs agriculteurs.

En tournée politique au Sud du Tchad, le 22 décembre dernier, Saleh Kebzabo a demandé aux jeunes de son fief et sur toute l’étendue du territoire de s’organiser pour se défendre en cas d’attaques par des éleveurs armés.

Puisque très souvent, se souvient-il, le rapport de force n'est pas le même et le gouvernement ne fait rien pour protéger les cultivateurs. Des propos jugés incendiaires et donc constitutifs des délits d'atteintes à la paix et à la tranquillité publique, faits prévus et punis par le code pénal tchadien.

Saleh Kebzabo parle d’une cabale judiciaire pour l’écarter de la présidentielle.

"J’ai demandé que les gens s’arment de sifflet et qu’ils cessent de boire leur alcool traditionnel et qu’ils protègent leurs parents les mains nues. Voilà ce que j’ai dit et voilà ce que je répète", a insisté M. Kebzabo.

Pour le député Ali Kolotou Tchaïmi, président du groupe parlementaire du MPS parti au pouvoir, tout député a un mandat national et donc ne doit pas tenir des propos qui divisent.

"Je condamne fermement ses propos, ça je vous le dit honnêtement. Ce ne sont pas des propos qui doivent être tenus par un député en principe", dit-il en invitant la justice de faire son travail.

"Nous n’avons pas peur d’un candidat. Tous ces gens qui pensent être candidats à la présidentielle et qui dénoncent la mauvaise gestion et autres, ce sont des anciens ministres du président Deby et aujourd’hui ils vont donner des leçons à qui ? Kebzabo face à Deby il sera battu un coup KO", a lâché le député Ali kolotou.

Pour Dr Sitack Yombatinan Beni, juriste et enseignant chercheur à l’École nationale d’administration, la constitution actuelle et même le règlement de l’Assemblée nationale interdisent qu’on poursuive un député pour ses opinions et même le préambule de la constitution tchadienne demande aux Tchadiens de se défendre au cas où le gouvernement ne serait pas à mesure de les défendre.

"Je viens de faire le Sud et actuellement je suis dans le grand Ouaddaï, c’est même pire que dans le Sud. Toutes les communautés se regardent en chiens de faïence, il suffit simplement d'une étincelle pour que ça s’éclate et donc continuer à nier l’évidence et faire la politique de l’autruche est suicidaire", prévient-il.

C’est la troisième fois consécutive dans l’histoire de la 3e législature que la demande de levée de l’immunité parlementaire du député Saleh Kebzabo a été introduite par le gouvernement. Les deux premières demandes ont été sans succès. Reste à savoir si la troisième pourrait aboutir.

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