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Un centre de désintoxication voit le jour dans un quartier réputé de Yaoundé


Dr Abel Messina -chemise rouge- explique aux habitants du quartier Mimboman, les spécificités de la prise en charge des toxicomanes à Yaoundé, le 17 juillet 2021 (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Dr Abel Messina -chemise rouge- explique aux habitants du quartier Mimboman, les spécificités de la prise en charge des toxicomanes à Yaoundé, le 17 juillet 2021 (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

C’est au quartier Mimboman, dans le 4e arrondissement que Dr Abel Messina, spécialisé dans la désintoxication des toxicomanes, vient d’implanter un centre de prise en charge.

"Aujourd’hui on trouve les filles dans les lycées qui consomment la drogue en compagnie d’autres filles, des garçons et parfois dans les maisons meublées avec des personnes adultes", soutient Dr Abel Messina.

Pour lui, ce constat n’est qu’un aperçu de ses cinq années d’expérience dans la prise en charge des toxicomanes en milieu jeune. ​C’est d’ailleurs à quelques pas d’un lycée au quartier Mimboman dans le centre-est de Yaoundé que se trouve le centre nouvellement créé.

"Nous ciblons les jeunes parce que la jeunesse est le socle du développement de notre pays de demain, nous déconseillons avec toute notre énergie la consommation de la drogue chez les jeunes", ajoute Dr Abel Messina.

"Les familles ne savent quoi faire"

Mimboman a été en 2012 et 2014, l’épicentre d’une série d’assassinats de jeunes filles et femmes. Officiellement, 15 ont été tuées, puis mutilées par des conducteurs de motos sous l’effet de la drogue selon les enquêtes de police et de gendarmerie.

"Beaucoup de familles souffrent à Mimboman", témoigne Marie Chantal Bevina, une résidente du quartier. Elle note qu’après l’effroyable épisode des crimes dits rituels, la consommation de la drogue perdure, "vers le dispensaire de Mimboman, il y a une école publique, il faut passer là-bas dans la soirée, ils sont plein qui ont même fui leur famille et les familles ne savent quoi faire", confie-t-elle à VOA Afrique.

L’implantation d’un centre de prise en charge des toxicomanes dans le quartier apparait comme une bonne nouvelle pour les riverains.

"En tant qu’une mère de famille, c’est une très bonne chose pour nous parce que nous souffrons vraiment. Ce centre dans ce quartier ça sera très bien pour les parents", se réjouit une dame sous anonymat.

Un centre pour aider les jeunes

Christelle Boya, une étudiante, a déjà visité le centre avec satisfaction, "là-bas on demande aux jeunes de ne pas se dépraver, de ne pas se droguer, de pas voler, de travailler", rapporte-t-elle.

Mais le pari de détacher les jeunes de la drogue dans ce quartier ne sera pas aisé.

"Il faut interner le malade, le prendre en charge, lui donner les médicaments, le suivre, après le suivi, il faut lui faire faire une formation qui puisse lui permettre de se réinsérer. Tout cela a un coût financier énorme, il faut vraiment que les familles s’impliquent pour leurs enfants", déclare Dr Abel Messina.

Au regard du nombre croissant des cas de défiance sociale recensées au quartier Mimboman, les autorités ont créé un poste de gendarmerie et mis en fonction une ligne verte.

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