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Trump avait imposé son avocat dans la diplomatie américaine en Ukraine


Le président Donald Trump lors d'un point de presse au jardin Rose de la Maison Blanche, Washington, 25 janvier 2019.
Le président Donald Trump lors d'un point de presse au jardin Rose de la Maison Blanche, Washington, 25 janvier 2019.

Donald Trump avait confié à son avocat personnel un rôle prépondérant dans la diplomatie américaine en Ukraine, avec des arrières-pensées de politique intérieure, a déclaré jeudi au Congrès un témoin-clé de l'enquête ouverte en vue de sa destitution.

Les deux hommes voulaient que l'Ukraine ouvre une enquête sur un groupe gazier qui employait le fils de Joe Biden, bien placé pour porter les couleurs démocrates lors de la présidentielle américaine de 2020, a ajouté l'ambassadeur américain auprès de l'Union européenne (UE), Gordon Sondland.

Dans un appel estival avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky, Donald Trump lui avait demandé de "se pencher" sur les affaires en Ukraine du fils de l'ancien vice-président Joe Biden et d'en "parler" avec Rudy Giuliani, son avocat personnel et fervent défenseur.

Cet échange, rendu public en septembre à la suite de l'intervention d'un lanceur d'alerte, lui vaut d'être sous le coup d'une procédure exceptionnelle procédure de destitution.

Les démocrates enquêtent depuis trois semaines pour déterminer si Donald Trump a utilisé la machine de l'Etat pour forcer l'Ukraine à l'aider dans sa campagne de réélection, et notamment s'il a suspendu une aide militaire à l'Ukraine comme moyen de pression.

Dans ce cadre, des élus de la Chambre des représentants ont convoqué jeudi Gordon Sondland, un homme d'affaires et généreux donateur républicain, devenu en 2018 ambassadeur auprès de l'UE et à ce titre aux avant-postes de la diplomatie américaine en Ukraine.

Son témoignage, que la Maison Blanche avait en vain tenté d'empêcher, a jeté une lumière crue sur le choix de Donald Trump de déposséder les diplomates américains chargés de l'Ukraine d'une partie de leurs prérogatives, au profit de Rudy Giuliani.

- "Déçus" -

M. Sondland a assuré que le président lui avait "ordonné" ainsi qu'à d'autres diplomates de parler à Rudy Giuliani des efforts de Kiev pour lutter contre la corruption. "Nous avons été déçus par l'ordre du président d'impliquer M. Giuliani", a-t-il déclaré avant d'être soumis à un interrogatoire à huis clos.

"Pour nous, les hommes et les femmes du département d'Etat et pas l'avocat personnel du président devraient être responsables de tous les aspects de la politique étrangère des Etats-Unis en Ukraine", a-t-il encore dit dans ses propos liminaires.

Lors des échanges qui ont suivi, "M. Giuliani a souligné que le président voulait une déclaration publique du président Zelensky sur la lutte contre la corruption", a-t-il poursuivi. Selon lui, Rudy Giuliani a "mentionné précisément" le groupe gazier Burisma comme un "sujet d'enquête important pour le président".

M. Sondland a assuré qu'il ne savait pas à l'époque que le fils de Joe Biden, Hunter, siégeait au conseil de surveillance de cette entreprise, une information pourtant publique et largement commentée dans la presse, notamment conservatrice.

"Je n'ai compris que bien plus tard que l'un des objectifs de M. Giuliani était peut-être (...) d'impliquer directement ou indirectement, les Ukrainiens dans la campagne de réélection du président pour 2020", a assuré l'ambassadeur.

M. Giuliani, l'ancien maire de New York, n'a fait pas mystère de ses efforts pour obtenir des informations de la part de l'Ukraine sur les Biden. Mais le degré d'implication du département d'Etat dans ces démarches reste incertain.

- "La vérité" -

Malgré les efforts de la Maison Blanche pour bloquer l'enquête des démocrates, M. Sondland est le huitième témoin entendu par des commissions de la Chambre des représentants.

Les démocrates affichent leur volonté d'aller vite vers la mise en accusation du président, une prérogative de la chambre basse du Congrès qu'ils contrôlent. Leur chef au Congrès, Nancy Pelosi, a assuré jeudi ne pas avoir "de calendrier". "Les échéances dépendront de la vérité, c'est tout ce que nous voulons", a-t-elle déclaré.

Il reviendra ensuite, selon la Constitution, au Sénat de juger si M. Trump doit être destitué. Compte tenu de la majorité républicaine dans cette enceinte, cette perspective paraît peu probable.

Le leader du Sénat Mitch McConnell a dénoncé sur Twitter l'enquête des démocrates: "L'équité et la justice ne sont pas leurs objectifs", a-t-il écrit en leur reprochant de "nier les droits du président et des républicains".

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