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Tripoli et ses habitants empêtrés dans les violences


Les forces de sécurité libyennes patrouillent près du site d'une attaque contre un poste de contrôle dans la ville de Zliten, à 170 km à l'est de la capitale Tripoli, le 23 août 2018.
Les forces de sécurité libyennes patrouillent près du site d'une attaque contre un poste de contrôle dans la ville de Zliten, à 170 km à l'est de la capitale Tripoli, le 23 août 2018.

Le cycle infernal des violences se poursuit dans la capitale libyenne Tripoli, après une semaine de combats sanglants entre groupes armés et une attaque de l'organisation Etat islamique (EI), rendant les conditions de vie toujours plus rudes pour les habitants.

Après les affrontements qui ont fait au moins 63 morts fin août-début septembre, et l'attaque de l'EI contre le siège de la Compagnie nationale de pétrole (NOC) lundi, des roquettes se sont abattues dans la nuit de mardi à mercredi près du seul aéroport de la capitale encore en service, sans faire de victimes.

A la suite des récents combats, la trêve entre groupes armés conclue le 4 septembre sous l’égide de la mission de l'ONU en Libye (Manul) reste fragile.

Selon la Manul, l'accord prévoit des "mesures radicales" pour rétablir la sécurité à Tripoli, qui devraient être appliquées à partir de mercredi. Elle n'a toutefois pas fourni plus de détails.

Le cessez-le-feu a été globalement respecté, mais, outre les roquettes dans le secteur de l'aéroport de Mitiga, des témoins ont fait état dans la nuit de mardi à mercredi d'une brève reprise des combats au sud de la capitale.

Ces incidents ont provoqué une nouvelle suspension des vols, moins de cinq jours après la réouverture de l'aéroport, déjà fermé fin août du fait des combats.

Ancien aéroport militaire, Mitiga est situé dans l'est de la capitale. Il a été ouvert au trafic civil après la destruction de l'aéroport international, situé au sud de la ville, au cours de violences de 2014.

Tous les vols ont été déroutés sur Misrata, à 200 km de la capitale, a annoncé mercredi l'Office de l'aviation civile.

Le gouvernement d'union nationale (GNA) de Fayez al-Sarraj, reconnu par la communauté internationale, est basé à Tripoli. Mais, sans même parler du pays dans sa globalité, il n'est pas parvenu à y asseoir son autorité.

Depuis le 27 août, les combats entre groupes rivaux dans le sud de cette cité de plus de deux millions d'habitants ont fait au moins 63 morts et 159 blessés.

Le réseau d'électricité a été endommagé, provoquant des coupures toujours plus longues --jusqu'à 24 heures-- et engendrant coupure d'eau --depuis une semaine-- et perturbations des moyens de télécommunication auprès d'une population déjà éprouvée par l'été caniculaire.

Illustrant le chaos régnant dans tout le pays, la compagnie d'électricité a rapporté que des milices l'empêchaient de procéder à des rationnements dans l'ouest libyen, aggravant la pénurie dans la capitale et dans le sud.

Dans le sillage des combats, le groupe jihadiste Etat islamique (EI) a lancé lundi une attaque contre la NOC, en plein centre, tuant deux personnes et faisant des blessés parmi le personnel.

Cette attaque a visé un secteur qui fournit à la Libye plus de 95% de ses revenus.

"Comportement prédateur"

Profitant du chaos, l'EI s'est implanté à Syrte, à l'est de Tripoli, en 2015. Il en a été chassé l'année suivante, mais reste actif en Libye, pays à la dérive sept ans après la chute du régime de Mouammar Kadhafi.

Une myriade de groupes jihadistes et de milices armées, qui changent d'allégeance selon leurs intérêts, font régner un climat d'insécurité.

Selon un rapport d'experts de l'ONU, "les groupes armés ont exercé une influence de plus en plus marquée sur les institutions de l’Etat libyen et font avancer leurs propres intérêts".

"Le recours à la violence pour prendre le contrôle des infrastructures et institutions publiques et les menaces et les attaques contre les fonctionnaires sont fréquents dans tout le pays, notamment à Tripoli", ont-ils ajouté dans ce rapport adressé le 5 septembre au Conseil de sécurité de l'ONU et dont l'AFP a obtenu une copie mercredi.

De même source, "ce comportement prédateur (...) mène au détournement de fonds publics et à une détérioration des institutions et infrastructures. La rivalité acharnée pour faire main basse sur l’Etat nuit à la transition politique".

Ce contexte rend ainsi très incertain toute échéance électorale, voulue par les Occidentaux et notamment la France.

Mercredi, l'ambassadeur français à l'ONU, François Delattre a indiqué que son pays estimait "essentiel d'organiser des élections dans le calendrier agréé" en mai à Paris, à savoir "présidentielle et législatives le 10 décembre".

Les pressions de la France ont suscité des critiques notamment en Italie. Le ministre des Affaires étrangères, Enzo La Moavero Milanesi, a rencontré lundi à Benghazi le maréchal Khalifa Haftar, l'homme fort de l'est libyen, et s'est entretenu cette semaine avec les responsables du GNA au téléphone.

Avec AFP

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