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Le président centrafricain décrète un "cessez-le-feu unilatéral"


Le président de la République centrafricaine, Faustin-Archange Touadera, à Bangui, le 18 janvier 2021.
Le président de la République centrafricaine, Faustin-Archange Touadera, à Bangui, le 18 janvier 2021.

Le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra a décrété vendredi un "cessez-le-feu unilatéral" de l'armée nationale et ses alliés dans leur guerre contre les rebelles pour favoriser l'ouverture prochaine d'un dialogue national, assurant que l'ennemi a fait de même à l'exception de deux importants groupes armés.

"Je viens vous annoncer ce soir la fin des opérations militaires sur l’ensemble du territoire national, à compter de ce jour à minuit", a-t-il annoncé à la radio d'Etat, ajoutant: "le cessez-le-feu unilatéral immédiat est la démonstration (...) de ma ferme volonté de privilégier la voie du dialogue".

La Centrafrique est le théâtre d'une guerre civile depuis 2013, qui a cependant considérablement baissé d'intensité depuis trois ans.

En décembre 2020, une partie des groupes armés qui occupaient alors plus des deux-tiers du pays, regroupés au sein de la Coalition des Patriotes pour le Changement (CPC), ont lancé une offensive pour empêcher la réélection de M. Touadéra. Celui-ci a alors sollicité Moscou et Kigali, qui ont dépêché des centaines de paramilitaires russes et de soldats rwandais à la rescousse d'une armée centrafricaine démunie.

Grâce essentiellement au soutien des Russes et des Rwandais, elle a, depuis, reconquis toutes les grandes villes et repoussé les rebelles dans les forêts. Mais ces derniers multiplient les attaques furtives ces dernières semaines, loin de la capitale Bangui. Malgré quelque 12.000 Casques bleus d'une force de maintien de la paix de l'ONU (Minusca), déployée dans le pays depuis 2014.

"Mercenaires" russes

Bangui et les groupes armés ont déjà paraphé plusieurs accords de cessez-le-feu et même de paix, mais aucun n'a tenu.

"Les forces armées centrafricaines, appuyées par les forces alliées russes et rwandaises, ont pu repousser les assauts de la CPC et reconquérir une bonne partie du territoire national", a affirmé M. Touadéra vendredi.

L'ONU a accusé en août les paramilitaires russes, combattant selon elle par centaines, et les soldats centrafricains, de se livrer --tout comme les rebelles-- à des exactions contre les civils, dont certaines relevant de "possibles crimes de guerres".

Les Nations unies, comme la France et les ONG internationales, considèrent que ce sont des "mercenaires" de la société privée de sécurité russe Wagner, Moscou ne reconnaissant la présence que de 1.135 "instructeurs non armés".

M. Touadéra a justifié ce cessez-le-feu par la recherche de l'"apaisement" pour favoriser l'ouverture d'un "dialogue républicain", promis après sa réélection il y a dix mois, mais qui n'a toujours pas vu le jour. Un "comité d'organisation (...) travaille d'arrache-pied pour nous proposer la date de la tenue du dialogue républicain", a-t-il promis vendredi.

"Les principaux leaders de la CPC, à l’exception de Nourredine Adam et Ali Darassa (...) ont signé l’engagement de cesser toute action armée sur le territoire national", a affirmé M. Touadéra.

Crimes contre l'Humanité

Adam et Darassa sont respectivement les chefs du Front Populaire pour la Renaissance de la Centrafrique (FPRC) et de l'Unité pour la Paix en Centrafrique (UPC), deux des principaux groupes armés du pays. L'UPC a cependant quitté la CPC en avril.

"Nous respectons le cessez-le-feu mais (...) restons sur des positions défensives, si on nous attaque, nous nous défendrons", a annoncé par téléphone à l'AFP Abakar Sabone, porte-parole militaire de la CPC.

"Si Touadéra considère que nous ne faisons pas partie du cessez-le-feu, c'est pas grave. On va continuer nos actions jusqu'à ce que nous trouvions une solution", a commenté auprès de l'AFP Ousmanou Bi Mohamadou, porte-parole de l'UPC.

Une nouvelle guerre civile avait éclaté en 2013 après un coup d'Etat contre le président François Bozizé. Des combats sanglants avaient suivi entre la coalition de groupes armés l'ayant renversé, la Séléka, à majorité musulmane, et des milices rassemblées par le chef de l’Etat déchu, les anti-balakas, dominées par les chrétiens et les animistes.

Ce conflit a culminé entre 2014 et 2015 avec des milliers de morts, et Séléka et anti-balakas --qui forment encore la plupart des groupes armés actuels-- ont été accusés de crimes contre l'Humanité par l'ONU.

M. Bozizé est aujourd'hui à la tête de la CPC.

Le cessez-le-feu "ne fait pas obstacle (...) au maintien de l’ordre public et la restauration de l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du territoire", a averti M. Touadéra vendredi.

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