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Soro : "inacceptable" de modifier la Constitution à 9 mois de la présidentielle ivoirienne


Le président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire Guillaume Soro à Abidjan, Côte d’Ivoire, 17 novembre 2017.
Le président de l'Assemblée nationale de Côte d'Ivoire Guillaume Soro à Abidjan, Côte d’Ivoire, 17 novembre 2017.

L'ancien chef de la rébellion ivoirienne et candidat à la présidentielle d'octobre, Guillaume Soro, actuellement en exil, a annoncé mercredi qu'il s'opposerait à toute modification de la Constitution dans son pays, jugeant "inacceptable" de "changer les règles du jeu" à quelques mois du scrutin.

"Je suis totalement opposé et nous nous opposerons pacifiquement au changement de la Constitution", a lancé l'ex-Premier ministre ivoirien (2007-2012) et ex-président de l'Assemblée nationale (2012-2019), dans un entretien avec l'AFP à Paris. Sous le coup d'un mandat d'arrêt dans son pays, M. Soro vit actuellement en exil.

"C'est tout de même inacceptable (...) qu'on veuille changer les règles du jeu; nous sommes outrés qu'en Afrique, à six mois d'élections, à chaque fois on essaie de +traficoter+ nos Constitutions pour flouer le citoyen", a dénoncé avec véhémence mercredi M. Soro.

Le président ivoirien Alassane Ouattara, 78 ans, élu en 2010, puis réélu en 2015, laisse planer le mystère sur une possible candidature à un troisième mandat, bien que la Constitution n'en autorise que deux.

Début janvier, il a annoncé qu'il proposerait au Parlement "des modifications de la Constitution", assurant qu'il ne s'agirait pas d'éliminer "qui que ce soit" de la course à la présidentielle. M. Ouattara estime avoir le droit de se représenter en raison d'un changement de Constitution en 2016, ce que conteste l'opposition.

Le climat politique est tendu en Côte d'Ivoire à neuf mois de la présidentielle, qui se tiendra dix ans après la crise post-électorale de 2010-2011 qui avait fait 3.000 morts. Les élections municipales et régionales de 2018 ont été marquées par de nombreuses violences et des fraudes.

"J'ai déclaré ma candidature en octobre 2019 sur la base de la Constitution ivoirienne; comment (...) admettre qu'en cours de jeu on change les règles ?", a martelé M. Soro.

Guillaume Soro, 47 ans, toujours député en Côte d'Ivoire, avait tenté le 23 décembre de revenir dans son pays, après six mois à l'étranger. Mais il était reparti vers l'Europe après avoir appris qu'il faisait l'objet d'un mandat d'arrêt. Plusieurs de ses proches, dont des députés, ont été ensuite arrêtés.

M. Soro est notamment accusé par la justice ivoirienne d'avoir fomenté "une insurrection civile et militaire", ce qu'il nie.

- 'devenir président' -

Jusqu'à cette affaire, il était vu comme un challenger sérieux pour la présidentielle par les analystes politiques, qui le disent populaire, notamment auprès de la jeunesse.

Guillaume Soro a longtemps été allié du président Ouattara, qu'il a contribué à porter au pouvoir en 2011, lorsqu'il était à la tête de la rébellion. Il a ensuite été son Premier ministre, puis président de l'Assemblée. Mais les deux hommes se sont brouillés.

Interrogé sur les tensions politiques dans son pays et les craintes d'une dégradation sécuritaire - les évêques de Côte d'Ivoire se sont dits fin janvier "préoccupés" par la présidentielle et ont dénoncé un "climat de peur" -, M. Soro a assuré que ce n'était "pas une option pour (lui) de faire ni la guerre, ni un coup d'Etat". "Quand on veut devenir président de la République on ne s'aventure pas dans des options périlleuses pour les Ivoiriens, pour le pays et pour soi-même".

Précisant se trouver "en France pour le moment", il a réaffirmé qu'il serait candidat à la présidentielle et qu'il se rendrait dans "certaines autres capitales" pour notamment "travailler au niveau de la diplomatie, au niveau européen à Bruxelles".

Mais interrogé sur le calendrier de son éventuel retour et ses modalités alors qu'il risque la prison, Guillaume Soro est resté vague: "avec mes avocats, nous sommes en train de prendre toutes les mesures pour que ce retour soit (...) effectif".

"Je ne veux pas fuir la justice de mon pays, qu'on me laisse rentrer et que je me mette à la disposition des institutions judiciaires", a-t-il dit.

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