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Des Tunisiennes craignent le retour des islamistes


Les femmes en première ligne des manifestations contre le régime Ben Ali
Les femmes en première ligne des manifestations contre le régime Ben Ali

Elles sont nombreuses à craindre que la Tunisie de l'après Ben Ali ne se transforme en terreau pour l'islamisme politique, qui emportera leurs droits acquis depuis l'indépendance en 1956.

«Ce que nous voyons autour de nous, nous fait craindre beaucoup de choses. Il est évident que mêler religion et politique et d'un point de vue salafiste...vous comprenez nos craintes! », a lancé l'ancienne sénatrice tunisienne Emna Soula, qui se dit fière d’être une musulmane pratiquante.

Avec la probable légalisation du parti Ennhadha (Renaissance), réprimé et interdit au milieu des années 80 par l'ancien président Habib Bourguiba, et ensuite par le général-président déchu Zine Al Abidine Ben Ali, des Tunisiennes comme Emna Soula ont exprimé récemment leurs craintes de voir l'islamisme politique mûrir en Tunisie.

Des manifestants devant le siège du RCD, l'ancien parti au pouvoir, à Tunis
Des manifestants devant le siège du RCD, l'ancien parti au pouvoir, à Tunis

Le leader du parti Ennhadha, Rached Ghannouchi, qui vivait en exil depuis 1988 à Londres et avait été condamné par contumace en 1992 pour complot contre le président Ben Ali, a déclaré qu'il préparait son retour en Tunisie. Il a aussi dit qu'il était prêt à participer à un gouvernement d'union nationale et aux prochaines législatives prévues dans six mois.

Pour Sadok Belaid, professeur à la faculté des sciences juridiques de Tunis, il s'agit d'un faux débat. C'est une pré-campagne contre cette formation. «C'est comme lorsque la classe politique française et les Français s'agitent face à des sondages favorables à Jean-Marie Le Pen, fondateur du Front national. Ennhadha sera légalisé, mais à condition de respecter le pacte national qui définit ce que les partis peuvent faire et ce qu'ils doivent éviter. A lire, notamment, pas de violence, pas d'extrémisme. Et maintenant que le jeu démocratique est ouvert, Ennhadha a le droit de participer aux élections. »

Heurts entre policiers et manifestants au début des émeutes, à Tunis
Heurts entre policiers et manifestants au début des émeutes, à Tunis

Les défenseurs de la laïcité en Tunisie redoutent surtout une révision du code du statut personnel, promulgué en 1956, année de l’indépendance du pays, sous Habib Bourguiba, et renforcé par Ben Ali en 1993. Il s’agit du code le plus progressiste dans les pays arabes. Il interdit notamment la polygamie, interdit le devoir d’obéissance de l’épouse envers son mari et prévoit le versement d’une pension à la femme en cas de divorce.

Les femmes tunisiennes, c’est aussi l’éducation : 99% des filles âgées de 6 ans fréquentaient l'école en 2007 et dans l'enseignement supérieur, le nombre d'étudiantes a atteint une proportion de 59% selon les chiffres avancés par l’ancien régime. Bien que Toutefois, des voix s’élèvent aujourd’hui pour déplorer la baisse de niveau.

Des graffiti à Tunis
Des graffiti à Tunis

Pour l’ancienne sénatrice Emna Soula, mieux vaut prévenir aujourd’hui : « Il est vrai que les plus modérés des islamises ont un discours démocratique et séduisant. Mais on sait bien qu’ils peuvent être contaminés par les plus radicaux. Le meilleur exemple, c’est l’Irak. L’Irak a toujours été un pays laïc, mais c’est Al-Qaida qui opère maintenant. On sait ce qui s’est passé en Algérie aussi. » Mme Soula a aussi rappelé les accrochages survenus les 23 décembre et 3 janvier 2007 à Soliman, à 40 kms au sud de Tunis, et qui se sont soldés par la mort de 12 personnes et 15 arrestations, des membres d’un groupe salafiste.

Selon Mme Soula, les Tunisiennes peuvent toujours invoquer la constitution. « Notre Constitution nous préserve de ce danger. Le texte ne reconnait pas les partis politiques qui se constituent sur la base de la religion, de la race, de la langue, c’est une constitution qui préserve la liberté de conscience. Et quand il y a un parti religieux au pouvoir, il ne tolérerait plus cette liberté de conscience. S’il le faut, je me battrai pour la préserver ! Je suis pour la séparation de la religion et de l’Etat », a souligné l’ancienne sénatrice Emna Soula.

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