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Si "l'espace Schengen meurt, l'UE meurt", prévient le commissaire européen en charge des affaires intérieures


Le commissaire européen en charge des affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos, à Luxembourg,13 octobre 2017. (Twitter/@RRInternational)
Le commissaire européen en charge des affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos, à Luxembourg,13 octobre 2017. (Twitter/@RRInternational)

La fin de la libre-circulation dans l'espace Schengen serait fatale à l'Europe, a mis en garde vendredi le commissaire européen en charge des affaires intérieures, Dimitris Avramopoulos, lors d'une réunion des ministres de l'Intérieur des pays de l'UE à Luxembourg.

"Nous partageons les inquiétudes de certains Etats membres pour des raisons de sécurité", a déclaré devant la presse M. Avramopoulos. "Mais Schengen est vivant, et doit rester vivant", a-t-il ajouté "parce que si Schengen meurt, l'Europe mourra".

Plusieurs pays européens, la France et l'Allemagne en tête, plaident pour une modification des règles actuelles de l'espace Schengen, qu'ils jugent obsolètes face à la permanence de la menace terroriste.

Sans demander la fin de la libre-circulation, ils souhaitent pouvoir réintroduire plus facilement des contrôles à leurs frontières, et pour des durées plus longues que ne l'autorisent les règles actuelles.

La Commission européenne a accepté le principe d'une réforme en ce sens du Code Schengen, mais elle ne veut pas aller aussi loin que le demandent Paris et Berlin, ainsi que l'Autriche et le Danemark.

Sans attendre la réforme en cours, et en se basant sur les règles actuelles, ces pays ont déjà annoncé qu'ils allaient prolonger pour six mois les contrôles temporaires actuellement en vigueur à leurs frontières depuis 2015, en faisant valoir de nouvelles menaces terroristes.

La France a ainsi informé la Commission européenne qu'elle allait poursuivre jusqu'au 30 avril 2018 ses contrôles, réintroduits après les attentats parisiens du 13 novembre 2015 et qui devaient arriver à échéance fin octobre. L'Allemagne a annoncé jeudi avoir fait de même.

Les deux pays ont salué vendredi à Luxembourg le fait que la Commission ait mis une réforme du code Schengen sur la table des négociations entre Etats membres.

"Nous pensons que c'est un pas en avant extrêmement important", a déclaré le ministre français de l'Intérieur, Gérard Collomb, qui s'est exprimé devant la presse au côté de son homologue allemand Thomas de Maizière.

Mais, "sur les modalités, nous avons quelques remarques à faire", a ajouté le ministre français.

L'exécutif européen propose notamment de porter à un an, au lieu de six mois, les périodes maximales de rétablissement de contrôles, dans le cas de menaces sur la sécurité d'un pays.

Si la menace persiste, il propose jusqu'à deux ans de prolongation supplémentaire, mais avec, dans ce cas, l'accord des autres Etats membres.

Paris et Berlin souhaitait des périodes plus longues, mais surtout ils contestent le besoin d'obtenir l'aval des autres pays.

"Nous souhaitons conserver la souveraineté nationale sur un problème fondamental pour chaque pays, celui du terrorisme", a insisté M. Collomb.

Plusieurs pays ont au contraire déploré les prolongations des contrôles actuels ainsi que la perspective de les rendre plus aisés à réintroduire à l'avenir. Ils craignent que la libre-circulation, avancée majeure de la construction européenne, soit à terme menacée au sein de l'espace Schengen, avec de fortes conséquences économiques.

"Je suis très triste de ces propositions", a réagi vendredi à Luxembourg le ministre slovaque de l'Intérieur Robert Kalinak. "Nous devons revenir à la réalité, et protéger Schengen depuis les frontières extérieures" et non pas aux frontières intérieures, a-t-il fait valoir.

Selon un diplomate, la Pologne, la Hongrie et la Slovénie ont également exprimé leur mécontentement lors d'un débat vendredi matin entre ministres.

Avec AFP

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