Des soldats et éléments anti-émeutes de la police ont usé de véhicules blindés et de gaz lacrymogènes pour chasser de la Place les protestataires. Il leur a fallu moins de deux heures pour le faire.
Au moins deux personnes auraient été tuées, s’ajoutant aux deux morts de mardi. De source hospitalière, on dit que des centaines de personnes ont été blessées, certaines par balles, dans des accrochages à travers le pays.
Cette répression fait suite à la décision des autorités, mardi, de déclarer un état d’urgence de trois mois dans le royaume. Des troupes de l’Arabie Saoudite voisine ont été déployées lundi à Bahreïn. Mais on ne sait pas si elles ont participé aux opérations à la Place de la Perle. D’autres Etats arabes du Golfe ont promis leur appui militaire à Bahrain, où la majorité chiite qui réclame des réformes politiques se dit « traitée comme des citoyens de seconde zone » par la minorité sunnite au pouvoir.
La famille royale Al-Khalifa a offert d’ouvrir un dialogue avec les groupes d’opposition, mais certains manifestants exigent plus de pouvoir au parlement, voire le renversement de cette famille royale. Un nombre croissant d’accrochages de nature sectaire sont signalés à Bahreïn depuis le début des manifestations, il y a plus d’un mois.
Salman Shaikh, directeur du Brookings Center de Doha, craint que ces troubles ne gagnent les pays voisins, en particulier l’Arabie Saoudite dirigée par une famille royale sunnite, et dont une majorité chiite habite les provinces-est : « S’il y a escalade de la situation à Bahreïn, j’imagine qu’on pourrait avoir un soulèvement dans ces provinces. D’aucuns parlent même d’un éventuel ‘arc de feu’ allant de Bahrain aux provinces orientales saoudiennes »
L’Iran, la principale puissance chiite de la région, a critiqué le déploiement de troupes étrangères à Bahreïn. Gala Riani de « IHS Global Insight » estime que Téhéran pourrait jouer éventuellement un plus grand rôle dans le conflit arabe: « Si les troubles sectaires continuent et gagnent l’Arabie Saoudite pour une longue période de temps, il n’est pas exclu que des groupes radicaux cherchent une aide clandestine de l’Iran. Téhéran a montré ailleurs au Moyen Orient qu’il a appuyé des groupes en leur fournissant armes, entrainement ou autre aide ».