Le secteur pétrolier, toujours en émoi aux États-Unis. Il redoute l’impact à long terme de la marée noire dans le Golfe du Mexique, qui pourrait entraîner la suspension définitive des forages en haute mer et par conséquent, des licenciements en série dans l’industrie pétrolière alors que le taux de chômage du pays frôle toujours les 10%.
Si le moratoire sur les nouveaux forages en haute mer n’est pas levé, l’industrie du pétrole pourrait dans une large mesure se délocaliser dans des pays où elle est mieux accueillie, avertissent des responsables de la Louisiane, du Texas et autres États du Golfe du Mexique. Le président Barack Obama a annoncé le 27 mai qu'il prolongeait l'interdiction d'octroyer des permis de forages pétroliers en haute mer de 6 mois, jusqu'à fin novembre. Ce qui permettra, a-t-il fait valoir, à la commission chargée d’enquêter sur leur sécurité, de terminer son travail.
En conséquence, des dizaines de plateformes de prospection pétrolière en eaux profondes sont à l'arrêt au large des côtes américaines, ce qui coûte très cher à l’industrie et éventuellement, pourrait lourdement impacter le reste de l’économie, vu que les puits en eaux profondes fournissent de plus en plus de brut au pays.
En dépit de la crise actuelle, fait valoir l’historien Tyler Priest, expert en énergie à l’université de Houston au Texas, les États-Unis sont condamnés à poursuivre les forages offshore, s’ils ne veulent pas importer toujours plus d’or noir.
« C’est compréhensible que les gens soient actuellement très nerveux concernant les forages en mer, quand ils peuvent voir l'impact énorme que cela a et va continuer à avoir. Mais, d'autre part, nous avons besoin de ce pétrole. Le Golfe du Mexique représente 30% de notre production pétrolière intérieure » explique M. Priest.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, les forages en mer se multiplient, du fait que les autres gisements s’épuisent. De surcroît, ajoute M. Priest, ils sont extrêmement productifs.
« La productivité de nappes de pétrole en eau profonde est incroyablement élevée. Ce sont des puits très prolifiques : Vous pouvez tirer d’un seul puits 20, 30, même 40.000 barils par jour, alors que sur la terre ferme ou dans l’eau en basse profondeur, un puits qui produit bien est un puits dont on tire 1.000 à 3.000 barils par jour », fait valoir M. Priest.
Mais si l'industrie a su développer des technologies efficaces pour creuser et pomper, elle a été moins rigoureuse pour tester les mesures de sécurité qui doivent fonctionner en cas d'incident grave, comme l’explosion survenue en avril sur la plate-forme Deepwater Horizon, ou pour prévenir les erreurs humaines dans un système extrêmement complexe.
Cela faisait plus de 30 ans que le Golfe du Mexique n’avait pas connu un accident de ce genre et il faudra donc renforcer la surveillance. Un problème pour les autorités fédérales car il leur faudra trouver, explique M. Priest, des inspecteurs et responsables suffisamment bien formés et expérimentés pour être capables de règlementer et surveiller le secteur qui demeure parmi les plus complexes au monde.
C’est l’occasion d’ouvrir un vaste débat, ajoute-t-il. Il faudrait notamment envisager de délaisser le pétrole en faveur du gaz naturel, dont les États-Unis regorgent. Mais en attendant, toute l’économie américaine repose sur le pétrole, dont on ne sait pas encore se passer.
Lundi, le président Barack Obama a reconnu que la marée noire dans le Golfe du Mexique aura un impact économique substantiel et durable. Au terme d’une réunion avec divers hauts responsables de son administration à la Maison-Blanche, consacrée à la marée noire, M. Obama a dit vouloir s’assurer que British Petroleum (BP) indemnise rapidement les entreprises et les personnes touchées financièrement par la marée noire.
Il a ajouté être conscient que la nappe de pétrole est en train de faire d'importants ravages sur l'environnement et affecte la vie de milliers de personnes dans la région.