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Scandale autour de l'emprisonnement par erreur d'un homme noir au Brésil


Dans une prison de Rio de Janeiro, le 3 mai 2011.
Dans une prison de Rio de Janeiro, le 3 mai 2011.

Le calvaire d'un homme noir emprisonné pendant plus d'une semaine à Rio de Janeiro pour avoir été confondu avec un suspect sous prétexte qu'il était chauve comme lui et avait "la même couleur de peau" a suscité un tollé au Brésil.

"Ça ne change pas et ça ne va jamais changer. La société est raciste et le sera toujours. La justice aveugle et pleine de failles", a déclaré Antonio Carlos Rodrigues à plusieurs médias brésiliens à sa sortie de prison, vendredi soir.

La Police Civile de Rio de Janeiro a affirmé dimanche à l'AFP qu'une enquête avait été ouverte "pour établir les responsabilités".

Chauffeur de VTC âgé de 43 ans, Antonio Carlos Rodrigues avait été arrêté le 13 juillet, accusé d'avoir participé à un vol à main armée au consulat du Venezuela.

Pour l'identifier, les policiers se sont appuyés uniquement sur des photos publiées par le chauffeur sur les réseaux sociaux, comparées avec une vidéo des caméras de surveillance du consulat, sur lesquelles le suspect porte des lunettes de soleil.

Dans un rapport rendu public par le site d'information G1, la commissaire chargée de l'enquête indique une ressemblance au niveau de "la couleur de peau, la forme du nez et du visage", soulignant certains aspects comme la calvitie et "les grandes oreilles, pointues et décollées".

"C'est une erreur grotesque. N'importe qui peut reconnaître les différences physiques entre les deux", a déploré le frère d'Antonio Carlos Rodrigues sur G1.

La famille elle-même a mené l'enquête et a obtenu d'autres images de caméras de sécurité montrant que le suspect apparaissant sur celles du consulat était déjà en prison, après avoir été arrêté quelques jours plus tard pour un autre vol à main armée.

La police a fini par reconnaître son erreur, l'ordre de libération d'Antonio Carlos Rodrigues stipulant qu'il avait été emprisonné "de façon erronée".

L'affaire a révolté de nombreux Brésiliens et la campagne #Somos todos Antonio Carlos (nous sommes tous Antonio Carlos) a été créée sur les réseaux sociaux.

Dernier pays d'Amérique à avoir aboli l'esclavage, en 1888, le Brésil reste miné par de graves problèmes de racisme institutionnel qui creusent encore plus les inégalités.

Plus de la moitié des Brésiliens sont noirs ou métis, mais 5% occupent des postes de cadres.

Avec AFP

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