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Retour ému des premières familles irakiennes à Fallouja


Les forces armées irakiennes ont réuni les munitions et les armes appartenant au groupe jihadiste Etat islamique (EI) trouvées à Fallouja, 65 kilomètres à l'ouest de Bagdad, Irak, le 4 septembre 2016.
Les forces armées irakiennes ont réuni les munitions et les armes appartenant au groupe jihadiste Etat islamique (EI) trouvées à Fallouja, 65 kilomètres à l'ouest de Bagdad, Irak, le 4 septembre 2016.

C'est avec des fleurs que la police et l'armée irakiennes accueillent aux points de contrôle les première familles de retour à Fallouja après la reprise en juin de leur ville au groupe jihadiste Etat islamique (EI).

"C'est comme une renaissance", s'exclame Fawaz al-Kobeissi, dont la famille fait partie du premier groupe de déplacés revenus samedi à Fallouja.

Sa vieille berline blanche trône toujours en face de sa maison qu'il a quittée il y a un an, même si les vitres se sont brisées et les roues ont quasiment disparu sous une épaisse végétation.

La famille du vieil homme de 70 ans a fui Fallouja aux premiers jours de la prise par les jihadistes de cette ville, avant même leur offensive fulgurante de juin 2014 qui avait permis à l'EI de s'emparer de vastes pans du territoire à l'ouest et au nord de Bagdad.

"Les combattants de Daech (acronyme arabe de l'EI) sont restés dans l'immeuble juste là", explique Fawaz avec toujours une pointe d'appréhension dans la voix, pointant du doigt un édifice dans la rue d'en face.

"J'ai habité seul ici pendant plus d'un an, c'était terrifiant. J'ai finalement dû partir. J'ai simplement fermé les portes à clé et laissé la maison à la protection de Dieu", raconte-t-il.

Certains appareils ménagers ont été cassés ou volés mais l'ensemble des meubles est toujours là, le lit de sa chambre est fait et le service de café est soigneusement empilé.

Les plus importants dégâts sont les fenêtres brisées --probablement lors d'explosions à proximité--, et Oum Ahmed, l'épouse de Fawaz, a énergiquement entrepris un grand nettoyage dès qu'elle a mis les pieds dans la maison.

"C'est le plus beau jour de ma vie", dit-elle avec un large sourire. "Tout cela n'est rien, les objets peuvent être remplacés".

"Notre Fallouja ne restera pas vide, vous verrez, dans une semaine la vie aura repris son cours normal", assure la vieille dame.

Un optimisme toutefois peu réaliste au vu de la situation des quartiers, dont seulement une poignée a été nettoyée des engins explosifs laissés par les jihadistes.

Quatorze familles

Alors qu'un ballet de responsables se pressent devant les caméras pour cet évènement médiatisé, ce ne sont en réalité que les quartiers nord de la ville qui sont concernés par le retour de quelques familles.

Cette zone avait été relativement épargnée au cours de l'offensive qui a permis aux forces progouvernementales de reprendre Fallouja mais qui a causé son lot de destruction.

"La situation est sûre ici, les enfants peuvent jouer dans la rue", affirme un colonel qui a préféré ne pas révéler son nom.

Ses hommes ont marqué avec un signe la maison d'une famille pour signaler qu'elle était sûre.

Seules 14 familles sont retournées samedi à Fallouja, un nombre encore largement inférieur aux centaines promises par les autorités.

Des inscriptions à la gloire du califat autoproclamé de l'EI sont toujours visibles sur les murs et les forces de sécurité restent très vigilantes.

Au moment où les familles arrivaient à la cérémonie de bienvenue officielle, des soldats ont ouvert le feu sur un bus municipal qu'ils avaient pris pour un camion piégé.

Rentrer à la maison

Selon les Nations unies, près de 900.000 personnes sont retournées dans des zones reprises à l'EI en Irak au cours des deux dernières années.

Les retours des déplacés sont souvent mis en avant par le gouvernement pour s'assurer du soutien de la population dans de futures offensives contre l'EI et pour encourager la réconciliation nationale.

Pour Jeremy Courtney, président de l'ONG humanitaire Preemptive Love Coalition, les "arrivées d'aujourd'hui se sont révélées bien inférieures à la vague de retour qu'on attendait. Nous avions préparé de la nourriture et des provisions pour 1.200 personnes", a-t-il indiqué.

Mais pour la poignée d'habitants de retour, la joie était prédominante, malgré tout.

Leurs maisons n'ont pas encore été reconnectées aux réseaux d'eau et de l'electricité, mais ils s'affairaient déjà à dépoussiérer leur poste de télévision et à récurer leur baignoire.

Une fois les responsables partis laissant derrière eux la promesse de tout reconstruire, la fille de Fawaz a sorti son téléphone et envoyé à ses voisins une photo de leur habitation, leur annonçant qu'ils pouvaient rentrer à la maison.

Avec AFP

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