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Au moins trois humanitaires de l'ONU tués par Boko Haram dans le nord-est du Nigeria


Les services d'urgence, la police et les habitants se rassemblent sur les lieux d'un attentat-suicide près d'un marché, à Maiduguri, Nigeria, 11 décembre 2016.
Les services d'urgence, la police et les habitants se rassemblent sur les lieux d'un attentat-suicide près d'un marché, à Maiduguri, Nigeria, 11 décembre 2016.

Au moins trois travailleurs humanitaires nigérians employés par l'ONU ont été tués et trois autres blessés dans une nouvelle attaque du groupe islamiste armé Boko Haram dans le nord-est du Nigeria, ont déclaré vendredi les Nations unies.

Une porte-parole de l'ONU basée à Abuja et deux sources sécuritaires nigérianes avaient dans un premier temps fait état de "quatre travailleurs humanitaires" tués dans l'attaque survenue jeudi soir dans la localité de Rann (Etat du Borno), avant de réviser ce bilan à la baisse.

Le bureau de l'ONU pour les affaires humanitaires (Ocha) au Nigeria a condamné dans un communiqué "le meurtre de trois travailleurs humanitaires dans la ville de Rann (...) suite à l'attaque d'un groupe armé sur les installations militaires" situées près du camp de déplacés.

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Les victimes sont deux employés de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) qui s'occupaient de la gestion d'un camp accueillant environ 55.000 déplacés victimes des violences jihadistes et un médecin travaillant comme consultant pour l'Unicef, l'agence onusienne pour l'enfance.

"Trois travailleurs humanitaires ont également été blessés lors de l'attaque et une infirmière a disparu, faisant craindre un enlèvement", précise le communiqué de l'Ocha.

"Les travailleurs humanitaires mettent leur vie en danger chaque jour pour fournir une aide d'urgence aux femmes, aux enfants et aux hommes vulnérables", a déclaré le coordinateur de l'Ocha au Nigeria, Edward Kallon, appelant les autorités à "traduire les auteurs en justice".

L'ONU s'est dite également "très préoccupée par les autres civils qui pourraient avoir été blessés ou tués dans l'attaque", sans fournir davantage de précisions.

- 'Très nombreux' -

Un membre d'une milice civile engagée avec l'armée contre Boko Haram et un officier militaire ont par ailleurs affirmé que huit membres des forces de sécurité avaient été tués, mais aucune confirmation officielle n'a pu être obtenue dans l'immédiat.

"Les insurgés ont attaqué à 17h20 (jeudi). Ils sont venus très nombreux, il y a eu une bataille féroce mais ils ont pris le dessus et ont assiégé le camp militaire", a détaillé sous couvert d'anonymat le milicien.

"Les soldats ont envoyé un signal pour (obtenir) un soutien aérien qui n'est pas venu", a-t-il ajouté, précisant qu'ils avaient finalement dû "battre en retraite".

Mohammed Abdiker, directeur des opérations et des urgences à l'OIM, a pour sa part précisé que les insurgés, "équipés d'armes automatiques, de lance-grenades et de pick-up surmontés de mitrailleuses", possédaient "une puissance de feu supérieure" aux soldats.

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L'attaque a eu lieu à l'extérieur du camp de déplacés de Rann, près d'une base de l'armée nigériane, selon la porte-parole de l'ONU basée à Abuja, Samantha Newport: "La cible était l'armée. Ils (les humanitaires) se sont retrouvés pris dedans".

Un humanitaire joint par téléphone à Rann a précisé à l'AFP que "tous les travailleurs humanitaires sont logés dans les baraquements militaires", où trois d'entre eux ont été tués jeudi soir.

Rann, qui accueille un important camp de déplacés près de la frontière avec le Cameroun, est une localité isolée, particulièrement vulnérable aux attaques de Boko Haram qui opère dans toute la région du lac Tchad.

En septembre dernier, des combattants islamistes avaient tué neuf déplacés du camp de Rann, qui travaillaient dans des fermes en périphérie de la ville.

Au moins 112 personnes avaient été tuées dans la même ville de Rann en janvier 2017 par une frappe aérienne de l'armée nigériane visant les insurgés et qui a frappé par "erreur" les déplacés en pleine distribution de nourriture.

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La dernière attaque en date, jeudi, survient deux semaines après un enlèvement de masse à Dapchi, dans l'Etat voisin de Yobe, où Boko Haram a kidnappé plus de 100 jeunes filles dans un internat, soulevant sur de nombreux doutes sur la capacité du gouvernement nigérian à sécuriser la région.

Alors que l'armée ne cesse de répéter que les insurgés sont sur le point d'être vaincus, attaques, attentats et enlèvements visant des bases militaires, des marchés ou des mosquées restent quasi-quotidiens.

L'insurrection jihadiste dans le nord-est a fait plus de 20.000 morts et 2,6 millions de déplacés depuis 2009.

Avec AFP

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