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Le déraillement du train à Eseka était dû à l'excès de vitesse au Cameroun


Des soldats Cameroun assurent la sécurité à proximité des pièces de train d'un train déraillé à Eseka, Cameroun, 22 octobre 2016.
Des soldats Cameroun assurent la sécurité à proximité des pièces de train d'un train déraillé à Eseka, Cameroun, 22 octobre 2016.

Paul Biya a publié le rapport d'enquête de l'accident ferroviaire d'Eseka en octobre 2016. La société Camrail est déclarée principale coupable du déraillement.

Le rapport met en cause la vitesse excessive de 96km/h au lieu de 40km/h. En cause aussi, la défaillance du système de freinage, la surcharge des voyageurs dans le train du 21 octobre 2016 et la rallonge des rames.

Reportage de Emmanuel Jules Ntap, correspondant à Yaoundé pour VOA Afrique
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Le rapport d'enquête de la présidence de la république du Cameroun a annoncé d'éventuelles poursuites judiciaires et le déblocage d'une somme de 1 milliard de francs CFA, une assistance complémentaire du gouvernement camerounais aux victimes et ayant droit.

À noter, la commission d'enquête avait été créé le 25 octobre 2016, soit quatre jours après le déraillement.

Les résultats de la commission d'enquête créée le 25 mai 2016, soit quatre jours après le déraillement par le président Paul Biya, étaient très attendus des camerounais.

Ainsi, " la commission d'enquête a établi la responsabilité à titre principal du transporteur, la société Camrail dans le déraillement du train intercity 152", mentionne un communiqué signé par le ministre secrétaire général de la présidence de la république, Ferdinand Ngo Ngoh, l'un des plus proches collaborateurs du président Biya.

Excès de vitesse et graves anomalies retenus contre Camrail

Dans les détails, les résultats de l'enquête révèlent que "le train roulait à 96km/h dans une portion de voie où la vitesse est fortement limitée à 40km/h et comprend des courbes serrées".

Le communiqué évoque en outre "de graves anomalies et défaillances" qui sont imputées à Camrail, la société ferroviaire du Cameroun qui a signé une convention de concession avec l'Etat du Cameroun en 1995, suivis deux avenants conclus en 2005 et 2008.

Au nombre de ces anomalies et défaillances, il y'a " la surcharge du convoi, la rallonge inappropriée de la rame, l'utilisation des voitures de voyageurs dont plusieurs présentaient des organes de freinage défaillants ...", souligne le communiqué.

Selon le texte, "l'absence de vérification sérieuse de la continuité du freinage de la rame avant le départ du train à la gare de Yaoundé et le refus de la prise en considération par la hiérarchie de Camrail, des réserves émises par le conducteur du train", ont facilité l'hécatombe d'Eseka.

Sanctions et poursuites judiciaires

Si les résultats de l'enquête sont, six mois après l'accident, restés muets sur le chiffre officiel des morts, blessés et personnes jusqu'ici introuvables, Ils préconisent cependant des sanctions et laissent entrevoir d'éventuelles poursuites judiciaires.

Les sanctions "appropriés" à l'encontre des responsables de Camrail dont l'implication est reconnue dans l'enquête. Et d'éventuelles actions en justice après transmission du rapport" pour que la justice tire les conséquences de droit ", prescrit M Paul Biya.

Le président du Cameroun a ordonné qu'une somme de 1 milliards de francs cfa soit reversée à l'ensemble de victimes et ayant droit, à titre d'assistance complémentaire, et l'érection d'une stèle en souvenir des victimes dans la ville d'Eseka, lieu du déraillement.

Par ailleurs, M. Biya souhaite que l'indemnisation des victimes par la société Camrail s'achève dans des meilleurs délais.

Dans la lancée de publication des résultats de l'enquête sur le déraillement du train d'Eseka, le gouvernement camerounais entend auditer " la convention de concession signé en janvier 1995 entre Camrail et l'Etat du Cameroun ".

L'objectif avoué étant de donner "une plus grande présence de l'Etat dans ladite société".

Réactions mitigés

Joint au téléphone par VOA, Maître Dissake dont l'épouse, une notaire, est jusqu'ici introuvable, six mois après le déraillement, dit ne pas" être totalement satisfait" par le communiqué de la présidence.

Maître Dissake, n'a pas retrouvé sa femme, 6 mois après le déraillement du train de Camrail, le 15 mai 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Maître Dissake, n'a pas retrouvé sa femme, 6 mois après le déraillement du train de Camrail, le 15 mai 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

"Le communiqué ne fait pas mention des instructions pour qu'on continue à chercher les personnes qu'on ne trouvent pas", réagit-il.

Car, "le chiffre de 79 morts qui a été annoncé dès les premiers jours n'a pas été confirmé", constate Me Dissake qui, n'ayant pas retrouvé son épouse, poursuit actuellement la société Camrail au tribunal de grande instance de Douala.

Me Dissake relativise d'ailleurs l'annonce officielle de la responsabilité de Camrail dans le déraillement du train. "Ça a été dit dès le premier jour", commente-t-il.

L'avocat de Camrail, Maître Zangue prend acte des résultats de l'enquête, le 15 mai 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
L'avocat de Camrail, Maître Zangue prend acte des résultats de l'enquête, le 15 mai 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Pour sa part, l'avocat de Camrail, Maître Zangue, qui n'a pas souhaité commenter longuement les résultats de l'enquête prend acte du contenu du communiqué en soulignant au passage, qu'il y'a une différence entre les résultats d'une enquête administrative et une enquête judiciaire. Il s'est félicité de ce que la commission ait pris en compte le processus d'indemnisation des victimes entamée par Camrail.

Le 21 octobre 2116, suite à la rupture d'un pont de l'axe lourd Douala -Yaoundé, des milliers de voyageurs s'étaient engouffrés dans le train, unique moyen de transport de masse disponible ce jour-là dès les premières heures de la journée. Le train a déraillé près de la gare d'Eseka, faisant officiellement 79 morts.

Emmanuel Jules Ntap, correspondant à Yaoundé

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