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Procès en appel crucial pour l'ex-président Lula et le Brésil


L'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, au centre, conduit devant la Justice fédérale le 13 septembre 2017.
L'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva, au centre, conduit devant la Justice fédérale le 13 septembre 2017.

Mercredi s'annonce comme une journée décisive pour l'avenir de Lula et pour le Brésil aussi: une cour d'appel doit trancher sur la condamnation à la prison de l'ex-président et autoriser son retour au pouvoir ou à l'inverse le compromettre.

Dans un climat de polarisation et de fortes tensions politiques, trois magistrats doivent se prononcer à Porto Alegre (sud) sur l'appel interjeté par Luiz Inácio Lula da Silva, icône de la gauche brésilienne, après sa condamnation à neuf ans et demi de prison pour corruption.

Lula a été accusé d'avoir reçu un triplex en échange de son intercession dans l'attribution de marchés publics de Petrobras lors de sa présidence (2003-2010).

Une confirmation de sa peine de prison décidée en juillet par le juge Sergio Moro rendrait encore plus confus le climat déjà très incertain dans lequel va se dérouler la présidentielle d'octobre, pour laquelle Lula est le favori des sondages.

Son Parti des Travailleurs, des syndicats et diverses organisations de gauche doivent faire converger des centaines d'autocars vers Porto Alegre et ont également appelé à des manifestations à Sao Paulo (sud-est), la base de Lula où celui-ci devrait attendre le verdict.

Des contre-manifestations sont aussi attendues à Porto Alegre comme à Sao Paulo et laissent redouter des affrontements à la police, mobilisée dans les deux villes.

Très combattif, Lula, 72 ans, a battu les estrades depuis sa condamnation, haranguant ses partisans mais drainant aussi ses ennemis, nombreux, qui le traitent de voleur et lui souhaitent la prison.

Il n'a cessé de clamer son innocence et s'est dit victime d'un "pacte diabolique" destiné à l'empêcher de se représenter à la présidentielle, ou de "mensonges" de la police fédérale, du parquet et du juge Moro "qui ont anesthésié la population".

Avant le procès, le PT a battu le rappel des troupes pour soutenir Lula, qui jouit toujours d'un fort soutien dans les régions pauvres du Brésil et parmi les populations défavorisées ayant bénéficié de sa politique de redistribution lors de ses deux mandats.

Mais le PT a pu choquer aussi, comme sa présidente Gleisi Hoffmann, qui a lancé la semaine dernière qu'il faudrait "tuer des gens" pour arrêter Lula.

Anxieux face au risque d'une "invasion", le maire de Porto Alegre a demandé le soutien de l'armée, tandis que des associations de magistrats se sont émues de menaces contre les trois juges du Tribunal régional fédéral (TRF4) véhiculées par les réseaux sociaux.

Le PT sans plan B

Si le TRF4 confirme la condamnation de Lula, il sera plus près d'une inéligibilité et de la case prison.

Mais ses avocats auront à disposition une myriade de recours -- devant la justice pénale mais aussi électorale-- qui pourraient lui permettre de faire campagne. A l'inverse, un seul des trois juges peut décider mercredi de reporter les débats et de repousser le jugement.

Mais Lula reste aussi sous la menace d'une demi-douzaine d'autres procédures pour corruption ou trafic d'influence notamment.

Le TRF4 étudie les cas de corruption autour du groupe pétrolier public Petrobras mis au jour par l'enquête tentaculaire "Lavage express" depuis 2014 et qui a envoyé derrière les barreaux des dizaines de responsables politiques et hommes d'affaires de premier plan au Brésil, tout en secouant divers autres pays latino-américains.

Les statistiques du TRF4 ne sont guère favorables à Lula: sur la centaine de fois où il a été saisi, il a confirmé ou aggravé la grande majorité des peines et en a allégé seulement moins d'une vingtaine.

Le PT ne veut pas envisager une inéligibilité de Lula. Il n'a pas de plan B si le jugement de mercredi lui était défavorable.

Une disqualification de Lula rendrait encore plus confuse la situation politique du Brésil à moins de huit mois des élections, alors qu'aucun candidat ne tient la corde pour remplacer le très impopulaire Michel Temer, qui ne se représente pas.

"Si Lula ne pouvait pas se présenter (...) on se retrouverait avec cinq ou six candidats susceptibles d'être au deuxième tour", dit à l'AFP le politologue Mauricio Santoro, de l'Université de l'Etat de Rio de Janeiro (UERJ).

"Cela ferait du scrutin de 2018 le plus imprévisible depuis le retour à la démocratie" en 1985.

Le dernier sondage Datafolha donne à Lula 34% des intentions de vote, loin devant le député d'ultra-droite Jair Bolsonaro, à 17%.

Avec AFP

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