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Procès des instigateurs de la contestation Guinée: la justice reporte son jugement


Les membres du FNDC avant leur libération à Conakry, Guinée, le 28 novemvre 2019. (VOA/Zakaria Camara)
Les membres du FNDC avant leur libération à Conakry, Guinée, le 28 novemvre 2019. (VOA/Zakaria Camara)

La justice guinéenne a reporté jeudi son jugement dans le procès de dix responsables d'opposition à l'origine de manifestations monstre contre un éventuel troisième mandat du président Alpha Condé, le temps que la Cour constitutionnelle examine la validité des poursuites.

Le président de la cour d'appel de Conakry a décidé de demander à la plus haute juridiction du pays de se prononcer sur la "constitutionnalité" des poursuites, c'est-à-dire de dire si les articles du code pénal sur lesquels elles se fondent ne contredisent pas la Constitution, qui garantit la liberté de manifester.

"Je ne juge pas avant que la cour constitutionnelle se prononce", a dit le juge Mangadouba Sow, en accédant à une demande des avocats de la défense.

L'annonce du report a été saluée par des cris de joie dans les rangs du public. Car elle signifie que les prévenus, remis en liberté provisoire la semaine dernière après un mois de détention, ne retournent pas pour l'instant en prison, a expliqué l'un de leurs avocats, Hamidou Barry.

"C'est toujours un plaisir de repartir avec son homme à la maison dans des situations pareilles où, pour un oui ou pour un non, on se retrouve en prison", a déclaré à l'AFP Asmaou Barry Diallo, l'épouse d'un des accusés.

Ces opposants affiliés au Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), dont leur coordonnateur national Abdourahamane Sanoh, avaient été reconnus coupables fin octobre d'avoir causé des troubles graves en appelant à manifester et à paralyser l'économie à partir du 14 octobre pour faire obstacle à un éventuel troisième mandat du président Condé en 2020.

Condamnés à des peines allant de 6 mois à deux ans ferme, ils avaient fait appel.

Le FNDC est parvenu à mobiliser à plusieurs reprises des foules de manifestants qui ont envahi les rues des quartiers périphériques de Conakry, fiefs de l'opposition. La prochaine manifestation est prévue le 10 décembre.

Les protestations ont à différentes reprises été brutalement réprimées. Au moins 20 civils ont été tués depuis le 14 octobre, ainsi qu'un gendarme.

La Guinée, ancienne colonie française d'Afrique de l'Ouest coutumière des protestations et des répressions brutales, est en proie à l'agitation depuis que le FNDC a appelé à faire barrage au projet prêté à M. Condé, élu en 2010 et réélu en 2015, de briguer sa propre succession en 2020 et de réviser la Constitution, qui limite à deux le nombre de mandats présidentiels.

A 81 ans, M. Condé, ancien opposant historique qui fut le premier président démocratiquement élu après des décennies de régimes autoritaires et militaires, entretient le flou sur ses intentions, mais a lancé en septembre des consultations sur la Constitution.

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