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Khashoggi: Pompeo en équilibriste à Ryad, entre alliance préservée et fermetée affichée


Le secrétaire d'Etat américain aux Mike Pompeo, salué par le chef de la diplomatie du Qatar, Ahmed bin Hassan Al Hammadi, à son arrivée à l'aéroport international de Doha, dans la capitale qatari, à Doha, le dimanche 13 janvier 2019. (Andrew Caballero -Reynolds / Photo de la pisc
Le secrétaire d'Etat américain aux Mike Pompeo, salué par le chef de la diplomatie du Qatar, Ahmed bin Hassan Al Hammadi, à son arrivée à l'aéroport international de Doha, dans la capitale qatari, à Doha, le dimanche 13 janvier 2019. (Andrew Caballero -Reynolds / Photo de la pisc

Le secrétaire d'Etat Mike Pompeo est à Ryad pour concilier deux objectifs apparemment contradictoires.

Préserver l'alliance jugée prioritaire avec l'Arabie saoudite, tout en affichant, sous la pression de la classe politique américaine, une certaine fermeté après le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi.

Ce numéro d'équilibriste devait attirer tous les regards sur sa rencontre attendue avec le puissant prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane qui cristallise la réprobation internationale depuis que le journaliste saoudien, critique du régime, a été assassiné début octobre dans le consulat de son pays à Istanbul.

Lors de sa précédente visite, au plus fort de l'affaire Khashoggi, les larges sourires de Mike Pompeo auprès de celui que l'on surnomme "MBS" avaient suscité une certaine indignation à Washington.

Ce nouvel entretien politiquement sensible était initialement envisagé dimanche soir, à l'arrivée du chef de la diplomatie américaine à Ryad dans le cadre d'une longue tournée régionale. Au lieu de cela, il a eu un long aparté inattendu à l'aéroport avec le ministre d'Etat aux Affaires étrangères Adel al-Jubeir.

Mike Pompeo a "souligné l'importance pour l'Arabie saoudite de continuer son enquête sur le meurtre (...) afin que tous ceux qui sont responsables rendent des comptes", a indiqué le département d'Etat américain.

Une demande qu'il a promis de réitérer auprès du jeune prince héritier auquel il doit réclamer de disposer "de tous les faits", laissant entendre que le compte n'y est pas encore pour Washington.

Le procès de 11 suspects s'est ouvert le 3 janvier en Arabie saoudite et le procureur général a requis la peine de mort contre cinq d'entre eux. L'administration du président Donald Trump a, de son côté, sanctionné 17 responsables saoudiens.

Cependant, plus de trois mois après le meurtre, le corps de Khashoggi, qui collaborait avec le Washington Post, n'a toujours pas été retrouvé et des zones d'ombre demeurent, dont l'identité du ou des commanditaires de cette opération menée par un commando de 15 agents saoudiens.

Sous pression, les autorités saoudiennes ont fini par admettre que le journaliste avait été drogué et qu'il était mort d'overdose avant que son corps ne soit démembré à l'intérieur du consulat. Elles ont en revanche totalement dédouané "MBS".

- Alliance stratégique -

L'affaire a affecté le partenariat entre les Etats-Unis et le royaume sunnite, pilier traditionnel des alliances régionales de Washington, brouillant le message américain au moment où l'administration Trump tente de bâtir une "coalition" solide contre le pays qu'elle désigne comme l'ennemi commun, l'Iran chiite.

Bien que le Sénat américain, pourtant contrôlé par le camp républicain de Donald Trump, ait clairement imputé au prince héritier la responsabilité du meurtre, Washington a affirmé vouloir préserver les relations stratégiques avec le royaume, "incroyablement importantes pour les Américains".

Les Etats-Unis semblent donc avant tout pressés de tourner cette page, tout comme Ryad.

Pour l'administration Trump, l'Arabie saoudite joue un rôle irremplaçable à plusieurs titres.

D'abord dans la lutte contre Téhéran, déjà compliquée par plusieurs obstacles comme la crise entre les Saoudiens et le Qatar voisin -- un autre sujet que Mike Pompeo devait aborder à Ryad, après Doha la veille.

L'Arabie est aussi engagée, avec un soutien du Pentagone, dans la guerre au Yémen, contre les rebelles Houthis appuyés par l'Iran. Sous pression là aussi du Sénat qui veut mettre fin à ce soutien militaire, la diplomatie américaine misait sur une résolution de ce conflit après des pourparlers fructueux en Suède, mais la situation reste tendue sur le terrain.

Ensuite, le locataire de la Maison Blanche a mis en avant les importants contrats de ventes d'armes américaines au royaume du Golfe.

Enfin, Donald Trump a longuement vanté ces derniers mois la baisse des prix du pétrole, laissant entendre que son choix de conforter envers et contre tout l'alliance avec cette pétromonarchie n'y était pas pour rien. Mais depuis le début l'année, les cours sont remontés à nouveau, l'Arabie saoudite, premier exportateur mondial, ayant confirmé vouloir diminuer ses ventes.

Dans ce contexte complexe, des défenseurs des droits humains ont aussi appelé le secrétaire d'Etat à presser Ryad de libérer des militantes saoudiennes emprisonnées, alors que des ONG internationales affirment qu'elles auraient été torturées et harcelées sexuellement.

"Je suis frappée par un sujet qui n'est pas inclus dans la visite de Pompeo: le sort des courageuses militantes en Arabie saoudite qui sont détenues dans les prisons du royaume juste pour avoir cherché à bénéficier de leurs droits et de la dignité", a écrit Alia al-Hathloul, la soeur d'une de ces femmes détenues, dans le New York Times.

Après Ryad, Mike Pompeo devait aller à Oman, puis au Koweït pour clôturer une tournée-marathon de neuf pays en huit jours.

Avec AFP

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