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Perpétuité requise aux Pays-Bas contre un ex proche de Mengistu


Le procès d'Eshetu Alemu à la Haye, le 8 novembre 2017.
Le procès d'Eshetu Alemu à la Haye, le 8 novembre 2017.

Le ministère public a requis mercredi devant la justice néerlandaise la réclusion à perpétuité, peine rare aux Pays-Bas, contre un proche de l'ex-dictateur marxiste éthiopien Mengistu Hailé Mariam pour des crimes commis en Ethiopie pendant la "terreur rouge" des années 1970.

"La gravité des faits et l'intérêt des victimes et des familles dictent l'application de la seule peine à perpétuité", a affirmé le ministère public dans un communiqué. "Elle est porteuse d'un message clair à la société et à la communauté de droit internationale, message sans équivoque dénonçant la gravité des actes commis par le prévenu."

Ancien homme de main de Mengistu, Eshetu Alemu, 63 ans, s'était excusé la semaine dernière devant le tribunal de La Haye "pour toutes les victimes" de son régime de "terreur rouge" mais a nié avoir participé aux crimes commis à cette époque.

​Cet Ethiopien naturalisé Néerlandais en 1998 est en détention provisoire aux Pays-Bas depuis plus de deux ans.

Selon le ministère public, ce représentant du régime (militaro-marxiste du conseil militaire) Derg de l'époque "fut responsable d'une campagne des plus atroces dirigée contre les forces de l'opposition", comprenant des actes de séquestration, de torture et d'assassinat.

"C'était lui qui décidait de la vie ou de la mort, de la liberté ou de la captivité des prisonniers qui étaient détenus sous des conditions inhumaines", a expliqué l'accusation. "Le degré, l'ampleur et la nature de la violence dépassent l'entendement."

Le parquet a fait état notamment d'espaces carcéraux exigus, de prisonniers obligés à assister à des actes de mauvais traitement, de l'absence presque totale de lumière du jour et du manque d'équipements sanitaires, d'eau et de nourriture.

Des témoins ont par ailleurs révélé que des personnes avaient été enterrées vivantes, ce que le suspect savait, selon eux.

​"Jamais ceux ou celles coupables de ce type de crimes ne sauraient bénéficier de sanctuaire, pas ici, ni ailleurs, ni même après quarante ans", ont souligné les représentants de l'accusation.

Un total de 321 victimes d'Alemu, dont de nombreux lycéens et étudiants, ont été identifiées. Parmi elles, 75 prisonniers dont l'exécution aurait été ordonnée par le prévenu en août 1978 dans une église de la province de Gojjam (nord-ouest) où il était en poste, selon l'accusation. Les corps avaient ensuite été jetés dans une fosse commune.

Le procès devrait se poursuivre lundi avec la plaidoirie des avocats de la défense.

Le jugement devrait être rendu fin décembre.

Avec AFP

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