Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Pénurie de sang dans un hôpital près de Yaoundé


Le bâtiment abritant l'hôpital de district de Mbankomo, le 20 juin 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Le bâtiment abritant l'hôpital de district de Mbankomo, le 20 juin 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Au Cameroun, l'hôpital de district de Mbankomo, à 22 km au sud-ouest de Yaoundé, n'a plus de poche de sang.

Le district de Mbankomo, à 25 km au sud ouest de Yaoundé.
Le district de Mbankomo, à 25 km au sud ouest de Yaoundé.

En absence du médecin-chef, de repos, le personnel se montre à la fois gêné et réservé à l’idée d'aborder le sujet. Mais la réalité sur l'absence d'une banque de sang est frappante : aucun aménagement n'a été prévu à cet effet.

"L'hôpital de district n'a même pas le moindre réfrigérateur pour garder quelques poches de sang afin de parer au plus pressé", a confié une source.

Dans le hall de la banque de sang de l'hôpital central de Yaoundé, le 20 juin 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Dans le hall de la banque de sang de l'hôpital central de Yaoundé, le 20 juin 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

Au sein de la population de Mbankomo, l'absence de banque de sang à l'hôpital de district est considérée comme un grave préjudice sanitaire pour cette localité.

"S'il y avait un hôpital de référence à Mbankomo, beaucoup de malades seraient transférés ici, puisque nous sommes à 22 km de Yaoundé", regrette M. Ondoua, un habitant de Mbankomo.

Il constate que "beaucoup d'accidents de circulation sont enregistrés sur le tronçon Yaoundé-Mbankomo et dans les environs de la localité".

La gestion des premiers secours en cas de besoin de transfusion sanguine est un défi.

"On les transporte sur Yaoundé à l'hôpital central, mais certains accidentés décèdent avant d'atteindre cette destination puisque la mort vient de Dieu ", explique-t-il.

Un résident de la localité de Mbankomo, le 20 juin 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Un résident de la localité de Mbankomo, le 20 juin 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

La fatalité, le sort n'est pas admis par les conducteurs de moto-taxi de Mbankomo qui ont pris des mesures pour sauver facilement les leurs, faute de possibilité de transfusion sanguine à l'hôpital de Mbankomo en cas d'accident.

À l'instar de plusieurs localités de l'arrière-pays du Cameroun, le transport lucratif par moto est aussi devenu incontournable à Mbankomo, comme les accidents graves. Les victimes de ces accidents se comptent très souvent parmi les conducteurs eux-mêmes.

"Toutes les fois qu'il y a un accidenté parmi nous, on saisit le bureau du syndicat des conducteurs de moto. Par solidarité, on met une équipe pour l'accompagner à Yaoundé ", explique à VOA Afrique Jean Baptiste Essama Nguni, l'un des conducteurs de moto-taxi à Mbankomo.

Jean Baptiste Essama, conducteur de moto -taxi à Mbankomo, le 20 juin 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Jean Baptiste Essama, conducteur de moto -taxi à Mbankomo, le 20 juin 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

L'hôpital de district est situé à la lisière de l'axe lourd Yaoundé -Douala, sur la nationale 3.

La population s'est accru au fil du temps. L'habitat est devenu spontané et les besoins de santé nécessaires. Pour les femmes enceintes et les enfants malades, le danger est permanent à Mbankomo.

"Mon enfant avait une anémie sévère, il fallait qu'on fasse une transfusion sanguine dans l'immédiat, mais à Mbankomo ce n'était pas possible", relate une mère assise derrière un comptoir de marchandises.

Une vendeuse au marché de Mbankomo, le 20 juin 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)
Une vendeuse au marché de Mbankomo, le 20 juin 2017. (VOA/Emmanuel Jules Ntap)

"Les femmes qui accouchent dans cet hôpital, en cas de césarienne, doivent acheter les poches de sang à Yaoundé", précise-t-elle.

À Yaoundé, les poches de sang ne sont pas à la portée de tous, comme sur l'ensemble du territoire du Cameroun.

En 2016, le Cameroun n'avait que 82.661 poches de sang pour des besoins estimés à 400.000 par an, selon le secrétariat permanent du programme de transfusion sanguine, dont les locaux sont situés dans l'enceinte de l'hôpital central de Yaoundé.

Quelques rares donateurs sont présents. Ils viennent pour la plupart remplacer en urgence le sang transfusé à làun des leurs en situation critique.

Selon les statistiques du secrétariat permanent du programme de transfusion sanguine, 95 % des Camerounais ne sont pas des donneurs volontaires de sang à temps réel, ce qui augmente la crise de transfusion sanguine sur l'ensemble du territoire camerounais.

Les rares poches de sang coûtent cher, et pour obtenir l'une des poches, il faut venir avec deux donneurs.

"C'est le processus qui consiste à s'assurer que le sang donné gratuitement est indemne de pathologies qui rendent les coûts élevés", explique Dr Noah Owona, secrétaire permanente du programme de transfusion sanguine.

"Nous ne vendons pas le sang au Cameroun, nous avons évalué la poche de sang à environs 50.000 à 60.000 francs CFA", poursuit-elle.

"Dans les formations sanitaires en fonction des plateaux techniques, ça varie entre 10.000 et 25.000 francs CFA, un montant assez élevé", reconnaît-elle cependant.

Elle pense que "c'est pour cela qu'il faut un nouveau système national qui va maîtriser des coûts d'évaluation et d'estimation".

Pour résoudre le problème de pénurie de sang dans les hôpitaux, le gouvernement a élaboré un plan appelé " plan stratégique national de transfusion sanguine ".

D'ici 2019, Il va falloir doter les dix régions du Cameroun des banques de sang. Et c'est le 14 juin dernier que ce "plan " a été validé à l'issue d'une cérémonie officielle organisée par le ministère de la santé publique du Cameroun.

Emmanuel Jules Ntap, correspondant à Yaoundé

XS
SM
MD
LG