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Crimes "d’honneur" et impunité au Pakistan


Des petites filles afghanes et pakistanaises dans une zone tribale au Pakistan dans une école de fortune à la périphérie d'Islamabad, le 17 février 2015. (AP Photo/Muhammed Muheisen)
Des petites filles afghanes et pakistanaises dans une zone tribale au Pakistan dans une école de fortune à la périphérie d'Islamabad, le 17 février 2015. (AP Photo/Muhammed Muheisen)

Malgré la volonté affichée du gouvernement pakistanais d’éradiquer les crimes de sang, la plupart des criminels jouissent du pardon des proches et de la liberté.

La police pakistanaise a annoncé être à la recherche d'un homme soupçonné d'avoir tué ses deux jeunes sœurs sous prétexte de défendre "l'honneur" familial.

Mohammad Asif, la vingtaine, «avait tué sa mère il y a environ quatre ou cinq ans, et avait été libéré car sa famille lui avait pardonné», a précisé à l'AFP un officier de police, Allah Ditta Bhatti.

Les deux sœurs ont été tuées à Noorshah, dans le district de Sahiwal, dans la province du Pendjab, au centre du Pakistan.

Mohammad Asif a tiré sur ses deux sœurs mercredi et les a tuées «car il avait des doutes sur leur moralité et désapprouvait leur mode de vie», a ajouté l’officier de la police locale. Les deux jeunes filles sont mortes sur le coup et le frère s'est enfui, a-t-il précisé.

Lundi, un père de Lahore, la capitale du Pendjab, avait tué sa fille de de 18 ans, selon la police, car cette dernière avait refusé de lui dire où elle se trouvait pendant les cinq heures précédentes.

Joint par VOA Afrique, le sociologue gabonais Steve Mvé, spécialiste des comportements sectaires religieux, estime que les crimes d’honneur ne seront pas éradiqués tant que des pays musulmans conservateurs comme le Pakistan ne changeront pas leur code moral pour l’adapter au monde moderne actuel. Il a par ailleurs rappelé l’influence des talibans et autres mouvements extrémistes dans la région. «Dans un pays comme le Pakistan, les sectes religieuses sont aussi puissantes que l’Etat, donc il est difficile que l’Etat puisse prendre des mesures qui vont être respectées par tous.»

Steve Mvé joint par Nathalie Barge
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Quelques jours auparavant, la réalisatrice pakistanaise Sharmeen Obaid-Chinoy, recevait à Hollywood l’Oscar du meilleur documentaire court, dénonçant ce type de crime.

"A Girl in the River: The Price of Forgiveness" (Une fille dans la rivière: le prix du pardon), retrace l'histoire de Saba, une jeune Pakistanaise ayant survécu par miracle à un crime d'honneur après avoir été atteinte de plusieurs balles et jetée dans un sac à la rivière par son père et son oncle, mécontents de son mariage.

Plus de 1.000 femmes sont tuées chaque année au Pakistan dans des circonstances similaires, selon Sharmeen Obaid Chinoy, qui avait été la première Pakistanaise à recevoir un Oscar en 2002 pour un autre documentaire consacré aux attaques à l'acide.

Mme Obaid-Chinoy avait rencontré récemment le Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif, qui s'était engagé à éradiquer à cette pratique criminelle "dégradante" et "méprisable".

Le Pakistan a révisé son code pénal en 2005 pour empêcher que les hommes tuant une femme de leur famille au nom de l'honneur n'échappent au châtiment en s'accordant à eux-mêmes le pardon, en tant qu'"héritier" de la victime.

Mais la loi laisse au juge la possibilité de ne pas imposer de peine de prison lorsque d'autres proches de la victime accordent leur pardon au meurtrier ; une disposition controversée qui laisse beaucoup de meurtres impunis.

Avec Afp

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