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Mondial 2018 : sous l'orage catalan, éclaircie russe pour l'Espagne


L’équipe d’Espagne lors du match qualificatif pour le Mondial 2018 contre l’Albanie au stade Jose Rico Perez, Alicante, Espagne, 6 octobre 2017.
L’équipe d’Espagne lors du match qualificatif pour le Mondial 2018 contre l’Albanie au stade Jose Rico Perez, Alicante, Espagne, 6 octobre 2017.

Malgré la tempête politique en Catalogne, l'Espagne savoure un coin de ciel bleu: son équipe de football s'est qualifiée avec brio vendredi pour le Mondial-2018 en Russie, renvoyant l'image exemplaire d'une sélection soudée autour de ses joueurs catalans, notamment Gerard Piqué, très contesté.

. "Objectif atteint" après une dure semaine

Ces derniers jours, les médias sportifs espagnols ont parlé de tout sauf de football, sonnés, comme le reste de la presse, par la poussée indepédantiste catalane et par le référendum d'autodétermination que la police espagnole a tenté d'empêcher par la force dimanche dernier.

"Ce que vit l'Espagne est bien triste", a déploré le milieu andalou Isco, l'un des buteurs contre l'Albanie (3-0) vendredi soir à Alicante.

Difficile, dans ces conditions, d'avoir la tête au terrain mais le sélectionneur Julen Lopetegui est parvenu à isoler son équipe du contexte. "Nous devions nous concentrer uniquement sur le football. Et nous avons connu une semaine difficile et compliquée", a reconnu le technicien, évoquant une qualification "très importante pour le football espagnol, pour le pays et pour nous".

"Objectif atteint", a résumé pour sa part l'attaquant Rodrigo Moreno, auteur d'un but splendide.

Et toute la presse a pu savourer samedi la qualification espagnole: "Les Tsars de Russie", a titré le quotidien sportif Marca, le plus lu d'Espagne. "Au Mondial!", s'est félicité le journal barcelonais Mundo Deportivo... même si Sport ou L'Esportiu de Catalunya, autres quotidiens catalans, ont préféré distinguer en Une la prolongation de contrat "à vie" du capitaine du Barça, Andrés Iniesta. Question de lectorat, sans doute.

. La "Roja" plus forte dans l'adversité ?

Un rappel: l'ère la plus faste de l'équipe d'Espagne, avec le triplé historique Euro-Mondial-Euro entre 2008 et 2012, s'est bâtie malgré la rivalité irrespirable qui opposait le Barça de Pep Guardiola et le Real Madrid de José Mourinho. Comme si la "Roja" était plus solidaire dans l'adversité.

On l'a vu à nouveau vendredi à Alicante, où tous les joueurs espagnols, quelle que soit leur origine géographique ou leur club, ont soutenu Gerard Piqué, souvent encouragé d'une tape dans le dos.

Cela fait déjà quelques mois que le défenseur barcelonais est sifflé dans la plupart des stades d'Espagne, en grande partie pour ses moqueries récurrentes à l'égard du Real Madrid. Mais cette semaine, le Catalan l'a été pour ses prises de position politiques: ayant participé dimanche au référendum interdit par Madrid, Piqué a critiqué sur Twitter l'attitude de la police espagnole.

Et le joueur, partisan du "droit à décider" de la Catalogne, a été violemment conspué lundi à l'entraînement, avant d'être à la fois sifflé et applaudi vendredi dans un stade aussi divisé que l'est le pays.

"Gerard sait à quoi il s'expose", a noté Isco. "Mais sur le terrain, nous savons qu'il est très important pour nous. Il a passé 15 ans au sein des équipes d'Espagne et il a montré une grande implication", a assuré le meneur du Real Madrid.

. Bouffée d'oxygène dans un pays divisé

Jeudi, Iniesta avait appelé Madrid et Barcelone au dialogue pour résoudre la crise. Vendredi, Sergio Ramos, capitaine de l'Espagne et du Real, a envoyé à la planète un autre message d'apaisement.

Il a publié sur Twitter une photo des joueurs de la "Roja" fêtant tous ensemble la qualification, y compris les Catalans Piqué, Alba Busquets ou Bartra, avec ces quelques mots riches de sens: "Football, union, implication, équipe".

Ce billet pour la Coupe du monde ne résout pas les problèmes de l'Espagne. Mais "le football a offert une raison de se réjouir à un pays qui en avait bien besoin", a résumé dans un éditorial Alfredo Relano, directeur du journal sportif As.

Et pour le Basque Lopetegui, il est temps que l'Espagne s'attache aux bonnes nouvelles plutôt qu'aux mauvaises. "C'est comme regarder un joli tableau, apercevoir une trace de poussière et ne regarder que la trace, pas le tableau", a conclu le sélectionneur.

Avec AFP

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