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Massacre ethnique en RDC : 14 morts, l'armée et l'ONU accusées de passivité


Une réunion dans un village contrôlé FDLR au Nord-Kivu, en RDC. (Nicholas Long for VOA News)
Une réunion dans un village contrôlé FDLR au Nord-Kivu, en RDC. (Nicholas Long for VOA News)

Quinze personnes ont été tuées jeudi dans un massacre à caractère ethnique dans l'est de la RDC, où l'armée nationale et les Casques bleus présents sont accusés une nouvelle fois de passivité face aux groupes armés.

Le drame s'est produit dans la nuit à Miriki, localité du Nord-Kivu, à environ 110 km au nord de Goma, la capitale de cette province déchirée depuis plus de vingt ans par des conflits armés alimentés notamment par des différends ethniques et fonciers.

Les Forces armées de la RDC (FARDC), les autorités territoriales et le chef coutumier local, de la communauté Nande, accusent des rebelles hutu rwandais des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) d'en être responsables.

On dénombre "15 corps", a déclaré à l'AFP, Bokele Joy, administrateur du territoire de Lubero, où a eu lieu la tuerie, "nous essayons de faire en sorte que la situation s'apaise, mais elle est tendue".

"Toutes les victimes sont de la même ethnie, Nande, cela doit interpeller les autorités", a déclaré à l'AFP Georges Katsongo, président de l'ONG Société civile de Lubero.

Selon des sources locales, les chef Nande du sud du territoire de Lubero, où se trouve Miriki, s'opposent depuis plusieurs mois au retour de déplacés hutu congolais, accusant ceux-ci de vouloir "conquérir l'espace Nande".

Joint par téléphone de Goma, le chef de la localité de Miriki, Gervain Paluku Murandia, a affirmé que parmi les quinze morts figuraient ses "deux femmes et (sa) fille aînée". Six à neuf autres personnes auraient été blessées.

M. Paluku Murandia, est le mwami (chef coutumier) du groupement de Mulinde, dont Miriki est le chef-lieu, et membre d'une famille royale Nande.

Déclarant craindre pour sa sécurité, il affirme n'avoir pas été présent au village pendant la nuit. "Les assaillants ont tué à la machette. Tout ceci s'est passé en présence des FARDC et de la Monusco, qui sont dans ce village, et il n'y a eu aucune intervention", dénonce-t-il.

"Des personnes tuées à la machette, alors qu'il y a la Monusco et les FARDC, c'est vraiment déplorable", a déclaré de son côté M. Katsongo.

'Connivence'

Interrogé par l'AFP, le lieutenant Mak Hazukay, porte-parole de l'armée congolaise dans la zone affirme que les assaillants ont "contourné (la) position FARDC" à Miriki avant de tuer "à l'arme blanche".

Souleymane Mokili, membre d'une association de défense des droits de l'Homme locale, affirme cependant avoir vu à Miriki "15 morts (...) dans les maisons où ils ont été tués", selon lui "à la machette et par balles".

Interrogé par l'AFP, un porte-parole de la Monusco n'a pas souhaité faire de commentaire à ce stade.

L'armée et la Monusco (déployée depuis 1999 et forte de près de 20.000 Casques bleus) sont régulièrement accusées de ne pas s'acquitter de leur obligations liées à la protection des civils.

En juin 2014, la Mission onusienne avait présenté publiquement ses excuses et reconnu une part de responsabilité après le massacre de 32 personnes d'une même ethnie à Mutarule, au Sud-Kivu.

La tuerie avait été commise de nuit. Un détachement local de la Monusco avait été alerté par des riverains mais n'avait pas bougé. Présente à proximité, la patrouille des FARDC n'était pas non plus intervenue.

Jeudi matin, la localité de Miriki était sous tension après la tuerie.

"Dans la communauté Nande, on accuse la communauté Hutu congolaise d'être de connivence avec les FDLR", a déclaré le lieutenant Hazukay, "nous venons d'envoyer des renforts pour sécuriser la localité".

Les fondateurs et les plus anciens combattants des FDLR sont présents dans l'Est congolais depuis 1994. Plusieurs d'entre eux sont recherchés par la justice internationale pour leur rôle actif présumé cette année-là dans le génocide des Tutsi au Rwanda.

En RDC, la milice est accusée d'innombrables atrocités. L'armée congolaise, qui a lancé une opération contre les FDLR en 2015, affirme que moins de 60 combattants de cette milice sont encore actifs. La Monusco, qui avait refusé de soutenir cette opération, et qui évaluait les effectifs des FDLR à quelque 1.500 combattants début 2015, dit n'avoir pas moyen de corroborer cette estimation.

Avec AFP

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