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Divergences à l'ONU sur les progrès vers la paix effectués par le Mali


António Guterres en vidéo- conférence le 28 mai 2020.
António Guterres en vidéo- conférence le 28 mai 2020.

L'évaluation des progrès vers la paix au Mali, réels pour certains, insuffisants selon d'autres, a donné lieu jeudi à des approches divergentes à l'ONU lors d'une visioconférence du Conseil de sécurité impliquant plusieurs ministres.

Alors que les Etats-Unis et la Belgique dénonçaient l'absence d'avancées --Washington allant jusqu'à demander d'étudier un retrait de la mission onusienne Minusma-- Paris, Berlin, Londres, l'ONU ou l'Union africaine ont fait valoir les acquis.

"En dépit des retards pris dans (la) mise en oeuvre" de l'accord de paix de 2015, "des progrès importants ont été réalisés au cours de l'année écoulée", a dit le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, citant la tenue d'un dialogue national inclusif ainsi que le désarmement et la réintégration d'ex-combattants de groupes armés.

Notant aussi des "progrès", le Haut représentant pour le Mali et le Sahel de l'Union africaine (UA), Pierre Buyoya, a déploré que "les violences intercommunautaires au centre du Mali continuent". L'UA souhaite voir le prochain gouvernement "créer une nouvelle dynamique dans la mise en oeuvre de l'Accord de paix" de 2015, a-t-il précisé.

Pour les Etats-Unis, premier contributeur financier de la force onusienne, "l'incapacité des signataires à faire des progrès significatifs" depuis cinq ans "perpétue l'aggravation de la situation sécuritaire au Sahel et empêche la Minusma de s'acquitter pleinement de son mandat".

Forte d'environ 14.000 Casques bleus, "la Minusma doit commencer à planifier son retrait progressif et son possible départ, afin que la confiance s'instaure entre les groupes armés signataires et le gouvernement malien" et que ce dernier assume les responsabilités de sécurité du pays, a ajouté l'ambassadrice américaine Kelly Craft.

Dans un rapport, le chef de l'ONU a recommandé de prolonger d'un an le mandat de la Minusma, qui expire fin juin, en maintenant ses effectifs au niveau actuel.

- "Impunité" -

Les Etats-Unis et la Belgique ont relevé que les critères établis il y a un an par le Conseil de sécurité pour mesurer les progrès au Mali - réforme constitutionnelle, développement économique dans le nord, reconstitution de forces - étaient loin d'avoir été satisfaits.

"Ils n'ont pour la plupart pas réellement été atteints", a asséné le ministre belge des Affaires étrangères et de la Défense, Philippe Goffin. Les progrès "sont bien plus lents qu'espérés" et "restent trop faibles pour garantir un retour à la paix durable", a-t-il insisté.

En réponse, le chef de la diplomatie du Mali, Tiébilé Dramé, a affirmé la "détermination des parties maliennes à mettre en oeuvre l'Accord de paix" et à "accélérer la cadence".

Plusieurs pays - France, Allemagne, Royaume Uni, Niger... - ont aussi relevé des "progrès", jugeant la Minusma indispensable.

Organisateur de la session, le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a déclaré que la concrétisation de l'Accord de 2015 avait "connu d'importants progrès". Il a cité le retour de l'armée malienne dans le nord, la décentralisation et la participation des femmes au processus de paix.

Selon lui, la Minusma, qui accomplit "un excellent travail", demeure "le meilleur outil dont dispose la communauté internationale pour appuyer les Maliens sur le chemin de la paix et de la sécurité".

"Ce n'est pas le moment de reculer", a renchéri son homologue allemand, Heiko Maas. Il a réaffirmé l'engagement militaire de l'Allemagne au Sahel, promettant un renforcement de moyens de reconnaissance perfectionnés.

Pour Philippe Goffin, l'impunité au Mali ne peut se poursuivre. "Je déplore qu'aucune enquête sur les allégations d'abus commis par les forces de défense et de sécurité n'aient encore donné lieu à un procès", pas plus que pour les responsables de la mort de Casques bleus, a-t-il dit.

Un point de vue partagé par Antonio Guterres. "Cent vingt-huit soldats de la paix ont été tués à la suite d'actes hostiles et pas un seul responsable n'a eu à rendre de comptes", a-t-il accusé.

"Le gouvernement du Mali n'encourage pas l'impunité", a répondu Tiébilé Dramé, précisant que des sanctions disciplinaires avaient été prises dans des dossiers de violations de droits humains et que des instructions judiciaires venaient de se conclure.

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