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La plus grande cité religieuse du Sénégal est devenue un foyer du coronavirus


Le porte-parole du Khalife des mourides a reçu le ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr à huis-clos, le 13 mars 2020. (VOA/Seydina Aba Gueye)
Le porte-parole du Khalife des mourides a reçu le ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr à huis-clos, le 13 mars 2020. (VOA/Seydina Aba Gueye)

En moins de 48h, le nombre de cas confirmés de coronavirus a doublé au Sénégal. Pour l'heure, les autorités n'ont pas encore interdit les manifestations religieuses. Une situation qui inquiète les Sénégalais. 

Un émigré revenu d'Italie le 6 mars a été déclaré positif ce mercredi et le lendemain le ministère de la Santé a annoncé qu'il avait contaminé 5 membres de sa famille.

Les 6 nouveaux cas déclarés positifs habitent dans la cité religieuse de Touba (200km de Dakar) qui doit accueillir dans 10 jours un événement religieux de grande ampleur.

Le khalife (guide suprême) des mourides - une des deux grandes confréries musulmanes du Sénégal - a d'ailleurs exhorté les disciples au respect des règles d'hygiène et apporté un soutien financier de 200 millions à l'État.

Touba, la plus grande cité religieuse du Sénégal, est devenue un foyer du coronavirus avec 6 cas confirmés et des dizaines de cas suspects en moins de 48 heures. La ville qui accueille chaque année des millions de fidèles s'apprête à fêter la naissance de son 2e Khalife ce 22 mars, un événement qui regroupe des centaines de milliers de pèlerins venus du Sénégal et de la diaspora. Certains Sénégalais estiment que le maintien de cette célébration est un risque sanitaire énorme.

Pour Alassane Seye, l'État doit prendre ses responsabilités. "Pour le moment les médecins nous rassurent puisque, même s’il n’y a pas encore de vaccin, ils parviennent à faire des traitements symptomatiques et à maîtriser les malades", affirme-t-il.

Il pense que si la maladie continue à prendre "une grande allure" il faudrait vraiment arrêter "tous les événements" pour mieux prendre des précautions face à cette pandémie. Pour lui, c'est possible de le faire si c'est pour le bien de tous car ça va "probablement permettre d'éviter la contamination" puisque c’est une maladie qui se contamine à travers les gouttelettes.

Malgré les risques, l'État semble ne pas pouvoir forcer les chefs religieux à annuler ou reporter les événements prévus car il y a beaucoup de considérations à prendre en compte. "D’abord il faut parler aux chefs religieux puis faire un rassemblement avec eux comme ça eux ils pourront parler à leurs disciples et il n'y aura plus de problèmes par rapport à la contamination", suggère Dieynaba Seck.


D'après le Dr Sidy Ababacar Tall, le Sénégal n'a pas encore atteint le stade critique même si les cas confirmés ont doublé et la situation est inquiétante pour la population. Pour ce médecin généraliste, interdire les manifestations religieuses n'est pas encore une nécessité pour le moment parce qu’on est pas dans une "situation critique" même s'il reconnaît qu’on ne devrait pas attendre le pire pour appliquer ce genre de mesure.

Le Dr Tall croit qu'avec "les mesures déjà prises à travers les spots publicitaires à la télé et à la radio", la situation est maîtrisée. Il pense donc qu'il n’est pas "encore nécessaire" d’appliquer ce genre de décisions car les pays qui ont eu à l’appliquer l'ont fait parce qu'ils ont carrément dépassé la "zone rouge".

En plus de la ville de Touba, plusieurs cités religieuses du Sénégal se préparent à accueillir des événements majeurs entre mi-mars et avril. Beaucoup de Sénégalais s'inquiètent du maintien de ces célébrations et du nombre d'expatriés qui reviennent au bercail pour y prendre part.

Pour le moment, le gouvernement n'a pas encore prononcé d'interdiction formelle visant les activités religieuses.

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