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Droits humains

Les meurtres de femmes accusées de sorcellerie se multiplient au Sud-Kivu

Des femmes déplacées par l'éruption du volcan Nyiragongo marchent dans la rue à Minova, à 50 kilomètres au sud de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu, le 2 juin 2021.

Aspergée d'essence puis brûlée vive, la vieille Nyabadeux a connu une fin atroce après avoir été accusée de sorcellerie, comme des dizaines de femmes ces derniers mois dans des villages du Sud-Kivu, province de l'est de la République démocratique du Congo.

Rien que depuis début septembre, les autorités locales ont dénombré huit personnes mortes brûlées ou lynchées dans trois territoires (Kalehe, Walungu et Fizi) par une justice populaire aussi horrible qu'expéditive, souvent déclenchée sur l'injonction obscurantiste de voyantes et autres prêcheurs en mal de fidèles.

"Nous avons enregistré 324 accusations de sorcellerie sur la période allant de juin à septembre", déclare Nelly Adidja, de l'Association des femmes des médias (AFEM) du Sud-Kivu. Le territoire de Kalehe compte à lui seul 114 cas, dont cinq femmes brûlées vives et quatre autres emmenées on ne sait où par des milices d'autodéfense.

"Il y a une résurgence du phénomène parce que l'Etat a failli à ses missions régaliennes, la police et la justice ne font pas leur travail", estime le Pr Bosco Muchukiwa, sociologue et directeur général de l'Institut supérieur de développement rural (ISDR) de Bukavu.

Le problème, selon lui, est accentué par les "Bajakazi", des voyantes et pseudo-prêcheuses présentes dans presque tous les villages. Il y a aussi quelques hommes, mais ce sont en majorité des femmes. Elles prétendent détecter les sorciers et sorcières. "C'est faux, elles n'ont aucun pouvoir, mais elles jouent sur la naïveté des gens qu'elles manipulent, pour avoir plus d'adeptes, se donner une certaine valeur, plus de poids dans le village".

"Charlatans"

"Il faut interdire les chambres de prières de ces charlatans!", plaide de son côté Muhindo Cikwanine, juriste et expert en droit parlementaire. "En 2014, les députés provinciaux ont voté un édit (loi) interdisant le recours à la justice populaire au Sud-Kivu", mais le texte n'est pas appliqué, "cette loi n'a pas été suivie d'une sensibilisation suffisante de la population", estime-t-il.

Thadée Miderho, administrateur du territoire de Kabare, dit avoir enregistré depuis le début de l'année six personnes tuées, "essentiellement des femmes de plus de 60 ans", au motif qu'elles étaient des sorcières, désignées comme telles par des "Bajakazi".

Il y a deux ans, sur la base d'une plainte adressée au procureur de Kavumu (nord de Bukavu), 11 de ces prêtresses ont été arrêtées et ont passé six mois en prison. "Elles ont été libérées après avoir promis de changer de métier, mais certaines continuent leurs activités en cachette", déplore l'administrateur.

Quant à traduire en justice les villageois qui tuent les supposées sorcières, c'est mission quasi-impossible, selon Thadée Miderho. "En cas de justice populaire, les chefs de villages disent que c'est 'la population' qui en est l'auteur, ils ne citent pas de noms".

Shasha Rubenga, lui, frémit encore à l'évocation de scènes dont il a été témoin le 16 août à Cifunzi, un village d'environ 2.000 habitants à la lisière du Parc national de Kahuzi-Biega.

"Il était environ 5 heures du matin, c’était un lundi. Des jeunes circulaient dans le village en possession d'une liste sur laquelle figuraient les noms de 19 femmes de plus de 65 ans, désignées comme sorcières par une prophétesse", raconte le jeune enseignant et activiste des droits humains.

Ils recherchaient ces femmes. La plupart d'entre elles, dont les maisons ont été détruites, ont eu le temps de s'enfuir. Quelques autres ont été sauvées par les militaires qui ont tiré en l'air pour disperser la foule.

"Mais j’ai vu ces jeunes mettre la main sur une voisine appelée Nyabadeux", une vielle femme qui a eu sept enfants. "Elle a été brutalisée, aspergée d'essence et enflammée avec une allumette". Cette femme a été brûlée vive en plein milieu du village.

"Cela me fait mal, même des jeunes de moins de 10 ans participent à ces scènes macabres", poursuit Shasha. "J'ai vu un enfant de cinq ans avec un gros bâton, en train de retourner le corps carbonisé de Nyabadeux".

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Fin du Titre 42 : de nouveaux défis pour les migrants et les autorités américaines

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Depuis la fin de la disposition migratoire de l'ère COVID connue sous le nom de Titre 42, les États-Unis affirment avoir renvoyé des milliers de personnes. Mais de nombreux immigrés qui veulent suivre les règles disent qu'il est très difficile de demander l'asile.

Malawi: raids policiers contre des réfugiés des Grands Lacs

Des policiers gardent le stade Chaize avant le début du match entre le Malawi et le Mali lors de la Coupe d'Afrique des Nations à Cabinda, le 18 janvier 2010.

Des centaines de Rwandais, Burundais et Congolais, dont certains tenaient des commerces illégaux, ont été arrêtés à Lilongwe après avoir refusé de retourner dans un camp de réfugiés, a-t-on appris jeudi auprès des autorités du Malawi.

Le ministère de la Sécurité intérieure a précisé que 408 réfugiés et demandeurs d'asile, y compris des enfants, ont été interpelés dans le cadre d'une opération policière lancée mercredi au petit matin dans plusieurs townships de la capitale.

Ces arrestations interviennent deux mois après un ultimatum lancé par le gouvernement pour que ces réfugiés retournent au camp surpeuplé de Dzaleka, à quelque 40 km de Lilongwe.

"Le délai accordé avait expiré", a déclaré à l'AFP le porte-parole du ministère, Patrick Botha. "Nous avions indiqué que si ces personnes ne se déplaçaient pas, la police serait appelée à intervenir pour les y obliger".

La plupart des réfugiés et des demandeurs d'asile au Malawi viennent de la République démocratique du Congo (RDC), troublée par des conflits et violences, ainsi que du Rwanda et du Burundi.

Un représentant de la communauté burundaise de Lilongwe, Bantubino Leopold, s'est dit "surpris" par ces raids, le gouvernement s'étant engagé à protéger les réfugiés.

"Nous avons un accord [...] qui permet aux réfugiés qui peuvent se débrouiller seuls de gérer des entreprises dans le pays, afin qu'ils ne dépendent pas de l'aumône", a déclaré M. Leopold à l'AFP, alors que le gouvernement accuse certains des interpelés de gérer des commerces sans autorisation.

Ces arrestations sont une "violation flagrante du droit international des réfugiés" et favorisent "un environnement de peur et d'incertitude" pour les personnes concernées, a dénoncé la Coalition des défenseurs des droits de l'homme du Malawi.

Le Malawi accueille près de 70.000 réfugiés et demandeurs d'asile, selon l'agence onusienne pour les réfugiés (HCR). La plupart vivent à Dzaleka, camp de réfugiés créé en 1994 pour en accueillir environ 12.000, mais qui en compte plus de 56.000 selon le HCR.

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