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Les harkis oubliés par Paris


Boaza Gasmi, membre du CNLH, Rachid Dridi, porte-parole du CNLH Harkis (ancien soldat nord-africain français de la guerre d'Algérie) et porte-parole Mohamed Badi posent pour une photo devant l'Hôtel des Invalides à Paris le 5 septembre 2018
Boaza Gasmi, membre du CNLH, Rachid Dridi, porte-parole du CNLH Harkis (ancien soldat nord-africain français de la guerre d'Algérie) et porte-parole Mohamed Badi posent pour une photo devant l'Hôtel des Invalides à Paris le 5 septembre 2018

Les harkis, musulmans recrutés comme auxiliaires de l'armée française durant la guerre d'Algérie (1954-1962), et que le président Emmanuel Macron a décidé d'honorer, tiraient leur nom du mot "harka", qui signifie "mouvement" en arabe.

L'armée française a recruté localement, pour lutter contre les indépendantistes du FLN et pour des opérations particulières, jusqu'à 150.000 de ces Algériens, qui reprocheront ensuite à la France de les avoir désarmés, abandonnés en Algérie et livrés avec leurs familles, à des tortures et exécutions sommaires.

Au lendemain des accords d'Evian du 18 mars 1962, consacrant la défaite française en Algérie, le gouvernement français rejette en effet le rapatriement massif des harkis.

Environ 60.000 d'entre eux parviennent toutefois à partir pour la métropole avec les pieds-noirs.

Les autres - entre 55.000 et 75.000 selon les historiens - sont livrés à leur sort en Algérie et, considérés comme des traîtres par le nouveau régime, victimes de sanglantes représailles.

Pierre Messmer, à l'époque ministre des Armées du général de Gaulle, déclarera en 2003 que "la position de la France était la seule possible", qu'elle était "inévitable et légitime".

Une plainte pour "crimes contre l'humanité" déposée par huit harkis en août 2001 à Paris, qui faisait état de 150.000 victimes, n'a pas abouti.

Les harkis et leurs descendants, parqués en métropole dans des camps de fortune du sud de la France puis dans des cités, formeraient aujourd'hui une communauté de 500.000 personnes.

Depuis 1974, plusieurs enfants de harkis ont mené des grèves de la faim et marches de protestation pour obtenir la reconnaissance de leur drame et une amélioration de leur sort.

Leurs parents ont connu une intégration difficile en France, à la fois assimilés à des immigrés et rejetés par les immigrés. En 2000, le président algérien Abdelaziz Bouteflika les avait qualifiés de "collaborateurs" et, tout en critiquant leurs conditions de logement en France, avait exclu leur retour en Algérie, qui selon lui n'était "pas leur pays".

En août 2001, la France a instauré la première journée d'hommage national aux harkis, fixée au 25 septembre. Ce jour-là, le président Jacques Chirac déclarait que "les massacres commis en 1962, frappant les militaires comme les civils, les femmes comme les enfants, laisseront pour toujours l'empreinte de la barbarie. Ils doivent être reconnus".

Le 23 février 2005, une loi prévoit une allocation de reconnaissance pour "les harkis, leurs orphelins et les rapatriés d'origine européenne".

Le président François Hollande a solennellement reconnu le 25 septembre 2016 les "responsabilités des gouvernements français dans l'abandon des harkis, les massacres de ceux restés en Algérie et les conditions d'accueil inhumaines des familles transférées dans les camps en France".

Avec AFP

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