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Les femmes animistes du Bénin


Femmes animistes lors d'une cérémonie dans la forêt sacrée, le 2 janvier 2020. ( VOA/Ginette Fleure Adande)
Femmes animistes lors d'une cérémonie dans la forêt sacrée, le 2 janvier 2020. ( VOA/Ginette Fleure Adande)

Le Bénin est connu pour la pratique du vodoun et autres religions traditionnelles. Si les hommes occupent souvent le devant de la scène, les femmes incarnent la force spirituelle.

Le Bénin et la pratique du Vodoun
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Dans le culte vodoun, les femmes possèdent dans l'ombre le secret de plusieurs rituels.

Pour Hounnon Seklokla, même si "l'homme semble prendre les devants dans le monde vodoun, la femme incarne la force spirituelle de tout ce qui se fait. Même en ce qui concerne les divinités inaccessibles aux femmes comme les revenants".

"La femme tient une place de choix dans le monde vodoun. Elle est la lumière, elle est l'esprit du monde vodoun. C'est par mesure de précaution que les devancières inculquent aux plus jeunes la soumission, la discrétion, le secret. Dans nos couvents, les hautes fonctions lui sont interdites. Mais elle les a, sans qu'on ne les lui attribue officiellement. Il n'y a pas de rituels qui puissent réussir sans l'intervention de la femme. Mais cela lui est présenté sous forme d'obligation et non comme un pouvoir. C'est de cette façon que nous arrivons à protéger notre héritage ancestral".

Les femmes animistes lors d'une cérémonie de prières, le 2 janvier 2020. ( VOA/Ginette Fleure Adande)
Les femmes animistes lors d'une cérémonie de prières, le 2 janvier 2020. ( VOA/Ginette Fleure Adande)

Dans la discrétion de sa visite à ses parents, Nan Lilé est revenue sur le jour où elle a été donnée à la divinité Sakpata, appellée dieu de la terre. Elle raconte comment a démarré cette aventure et la place qu'elle occupe actuellement. Pour elle, "aller au couvent a été une chance".

"C'est à 4 ans que je suis rentrée de force au couvent et aujourd'hui à 35 ans, je suis l'une des responsables. La majorité des cérémonies de libation ou de rituels sacrés doivent passer par moi. Au début, cela a été difficile mais aujourd'hui, quand je fais le point de tout ce que j'ai pu récolter comme bienfaits, je me dis que j'ai été chanceuse", estime-t-elle.

Si certaines sont parvenues à s'adapter, ce n'est pas le cas d'autres qui y sont malgré elles et par respect pour une croyance qu'elles sont obligées de porter jusqu'à leur dernier souffle.

"J'ai été enlevée à ma mère en bas âge", confie Mahinou à VOA Afrique. "J'ai eu d'autres mamans au couvent mais ce n'est pas la même chose. Ça me fait 25 ans de vie au couvent et je transgresse les interdits pour vous dire ce qu'a été ma vie. Honnêtement, je n'ai pas choisi cette vie et même après tant d'années d'initiation, je ne suis pas encore arrivée à l'accepter".

Contrairement aux deux premières qui ne savent ni lire ni écrire, Martine De Souza est linguiste de formation, interprète, documentaliste, réalisatrice de films et reste une adepte de la sirène des eaux et de la divinité Thron.

Elle a choisi ce monde et s'y plaît énormément même si son engagement spirituel lui a valu la perte de bon nombre de ses amis, qui la prennent pour une sorcière et ne comprennent pas comment une intellectuelle comme elle peut s'adonner à de telles pratiques. Pour elle, "la femme vodoun a une force spirituelle qu'elle se doit d'exploiter".

"Une femme de vodoun est traitée avec mépris parce qu'on nous prend pour des sorcières mais nous sommes là pour donner la vie, pour partager le bonheur. Mes ancêtres m'ont appelée, les divinités m'ont appelée et je ne pouvais pas résister", explique-t-elle.

Tout comme Martine, des milliers de femmes finissent par s’épanouir dans le monde vodoun et parviennent à avoir de grandes responsabilités.

Hounsikindé, arrachée à sa mère en bas âge, a aujourd'hui son propre couvent : "je suis allée suivre un spectacle de la divinité des eaux avec ma mère. Lorsque je suis entrée en transe, ils ont dit à mes parents que j'avais été élue par la divinité pour la servir et porter son nom. Ma mère a pleuré toutes les larmes de son corps, mais mon père a dit que je pourrai ainsi marcher sur les traces de ma grand mère".

"Je suis une grande prêtresse aujourd'hui et je me bats tant bien que mal pour que les droits de la femme soient respectés même si chez nous , il y a une sorte de dictature positive".

Selon certains devanciers, les femmes resteront très importantes dans le milieu traditionnel vodoun. De l'éducation en passant pas l'initiation aux réalités du monde, jusqu'à l'apprentissage de la langue des adeptes, les femmes dans les couvents restent incontournables.

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