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Les Etats-Unis veulent juger Assange qui a révélé nombre de leurs secrets


Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, quitte le tribunal de Westminster dans le fourgon de la police, après son arrestation à Londres, le 11 avril 2019, en Grande-Bretagne.
Le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, quitte le tribunal de Westminster dans le fourgon de la police, après son arrestation à Londres, le 11 avril 2019, en Grande-Bretagne.

Les Etats-Unis veulent juger le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange, qu'ils considèrent comme une menace pour leur sécurité depuis qu'il s'est engagé, il y a dix ans, à exposer au grand jour leurs secrets militaires, diplomatiques et politiques.

La justice américaine avance toutefois avec prudence pour éviter de se voir reprocher d'enfreindre la liberté de la presse.

L'Australien de 47 ans a été arrêté jeudi à l'ambassade d'Equateur à Londres à la suite d'une demande d'extradition formulée par les Etats-Unis.

Il s'y était réfugié en 2012, en partie pour fuir la justice américaine après la publication par WikiLeaks de 250.000 câbles diplomatiques et d'environ 500.000 documents confidentiels portant sur les activités de l'armée américaine en Irak et en Afghanistan.

Cette fuite sans précédent avait été saluée par certains Américains, qui avaient notamment loué la dénonciation de bavures militaires. Mais les autorités, dénonçant une grave mise en danger des agents de terrain, avaient immédiatement lancé une enquête.

Un analyste de l'armée américaine, Bradley Manning, avait été identifié comme source de la fuite. Devenue femme sous le prénom de Chelsea, l'ancien soldat a écopé en 2013 d'une peine de 35 ans de prison devant une cour martiale, finalement commuée à sept ans par le président démocrate Barack Obama.

Si le droit américain condamne sévèrement la fuite de documents confidentiels, il est en revanche très protecteur de la liberté d'expression et de publication.

Pour cette raison, l'administration de Barack Obama avait, selon la presse américaine, renoncé à poursuivre Julian Assange, qui a pu continuer ses activités pendant sept ans depuis l'ambassade équatorienne.

- "J'adore WikiLeaks" -

En 2016, en pleine campagne présidentielle aux Etats-Unis, WikiLeaks avait changé de cible et publié des milliers d'emails volés dans le camp démocrate et qui s'étaient avérés très embarrassants pour la candidate Hillary Clinton.

"WikiLeaks - J'adore WikiLeaks", avait alors lancé son rival républicain Donald Trump. Une fois élu, il avait précisé ne pas avoir été de mèche avec l'activiste. "Je suis juste un grand fan" de Julian Assange, avait-il tweeté en janvier 2017.

Jeudi, le président américain s'est fait plus discret. "Je ne sais rien de WikiLeaks, ce n'est pas mon affaire", a-t-il lancé à la presse, en renvoyant les questions sur le ministère de la Justice.

Entre-temps, les services de renseignements américains ont établi que les emails démocrates avaient été piratés par des hackeurs russes dans le cadre d'une campagne de Moscou pour peser sur l'élection américaine.

De plus, WikiLeaks a publié en 2017 des documents compromettants pour l'agence centrale de renseignement américaine, la CIA. Furieux, son chef Mike Pompeo (devenu depuis secrétaire d'Etat) avait qualifié l'organisation de "service de renseignement non étatique hostile".

La justice fédérale avait donc relancé dans le plus grand secret les procédures contre Julian Assange et mis sur pied un grand jury, chargé de collecter les informations en vue de son inculpation.

- "Agent russe" -

Ce grand jury a inculpé Julian Assange en mars 2018 pour "association de malfaiteur en vue de piratage informatique", selon un acte d'accusation resté jusqu'ici sous scellé.

La justice américaine l'accuse d'avoir accepté d'aider le soldat Manning à obtenir un mot de passe du ministère de la Défense, mais ne le poursuit pas pour la publication des documents, ni pour espionnage.

Le chef retenu contre lui l'expose à une peine maximale de cinq ans de prison.

Cela n'a pas empêché les avocats de M. Assange de dénoncer "un effort sans précédent des Etats-Unis pour obtenir l'extradition d'un journaliste étranger" ou une "persécution politique".

L'association Reporters sans frontières (RSF) a également critiqué une procédure "qui revient à condamner des activités de type journalistique".

"C'est un débat intéressant sur la liberté d'expression, mais les charges retenues contre Assange portent sur une bonne vieille fraude informatique, pas de quoi nourrir les inquiétudes des journalistes", a commenté la juriste Susan Hennessey.

La classe politique américaine a, elle, réclamé d'une seule voix, que Julian Assange "s'explique devant la justice". Le sénateur républicain Lindsey Graham a dénoncé un homme "méprisable et dangereux", tandis que son collègue démocrate Mark Warner le comparait à un "agent russe".

Avec AFP

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