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Enjeux et mode d'emploi des élections américaines de mi-mandat


Des parlementaires démocrates américains mènent un sit-in en face du perchoir, au Congrès, poussant le président de la Chambre, Paul Ryan, à faire usage de son marteau pour convoquer une session et faire voter un texte limitant l'accès aux armes à feu, 22
Des parlementaires démocrates américains mènent un sit-in en face du perchoir, au Congrès, poussant le président de la Chambre, Paul Ryan, à faire usage de son marteau pour convoquer une session et faire voter un texte limitant l'accès aux armes à feu, 22

La campagne haletante des élections parlementaires américaines du 6 novembre a été marquée par de grands événements et débats qui pourraient être décisifs. Avec, toujours en surplomb, la figure omniprésente de Donald Trump.

Des électeurs moins passionnés

Les statistiques montrent que les "midterms" n'attirent pas les foules. Selon les services du recensement, seulement 41,9% des électeurs avaient rempli leur devoir civique en 2014, contre 61,4% en 2016, lorsque les élections au Congrès étaient couplées au scrutin présidentiel. Mais cette année, la participation pourrait battre des records en raison d'une forte mobilisation des opposants à Donald Trump, notamment les jeunes.

Tour d'horizon des questions clés dans la course pour le contrôle du Congrès américain.

Trump, Trump, Trump

Il le dit lui-même : si son nom ne figure pas sur les bulletins de vote, Donald Trump n'en est pas moins au coeur des élections.

Ces scrutins qui tombent aux Etats-Unis au milieu du mandat présidentiel se transforment traditionnellement en référendum sur celui qui occupe la Maison Blanche. Mais la personnalité explosive et iconoclaste de l'homme d'affaires a porté cette tendance à un autre niveau.

"Voter pour Marsha, c'est en fait voter pour moi", a-t-il déclaré dans le Tennessee aux côtés de la candidate républicaine au Sénat, Marsha Blackburn. L'homme d'affaires multiplie les meetings de campagne, bien conscient que si les républicains perdent le contrôle du Congrès, sa fin de mandat sera paralysée.

Dans des Etats conservateurs comme le Kansas ou la Caroline du Sud, les candidats républicains n'ont aucune raison de se distancer du milliardaire, très populaire auprès de l'électorat local. Mais dans des circonscriptions tiraillées entre démocrates et républicains, le nom du président peut s'avérer toxique. Les candidats de son parti tentent de concentrer leur campagne sur la solide croissance économique tandis que les démocrates font tout pour rappeler ses politiques controversées sur l'immigration, la santé ou le commerce.

Violences

La fin de campagne a été endeuillée par la pire attaque antisémite de l'histoire des Etats-Unis, qui a fait onze morts dans une synagogue de Pittsburgh. Elle avait été précédée par plusieurs jours d'une chasse à l'homme tendue pour retrouver celui qui avait envoyé des colis piégés à plusieurs hautes personnalités démocrates, comme l'ancien président Barack Obama, l'ex-secrétaire d'Etat et candidate à la présidentielle Hillary Clinton et l'investisseur George Soros.

Cette explosion de violence à moins de deux semaines des scrutins a ouvert le débat sur le discours agressif du président américain et son possible effet d'incitation dans un pays profondément divisé.

Donald Trump a sombrement condamné l'attaque antisémite mais a été plus équivoque sur l'envoi de bombes artisanales. Il a de toute façon rapidement repris la route de la campagne électorale et les tacles à ses opposants.

Les femmes

Après l'éclosion du mouvement #MeToo pour dénoncer les agressions sexuelles et les manifestations monstres de femmes contre Donald Trump, les électrices et les candidates sont au coeur du premier scrutin national depuis son arrivée à la Maison Blanche.

Les Américaines apparaissent particulièrement motivées pour voter cette fois et un groupe d'électrices, les femmes diplômées des quartiers aisés, plus modérées, attirent toute l'attention car, écoeurées par le discours agressif de Donald Trump, elles pourraient faire basculer des scrutins serrés en faveur des démocrates.

Elles n'auront en tout cas jamais eu à choisir entre autant de candidates. Un nombre record de femmes --200 démocrates et 60 républicaines-- se présentent au Congrès, où elles n'occupent pour l'instant que 20% des sièges.

Economie

Entre "guerre commerciale", renégociations de traités internationaux, robuste croissance américaine et plein emploi, l'économie est au coeur de ce scrutin.

Dans les bassins miniers et les régions industrielles, on apprécie les politiques protectionnistes de Donald Trump. Mais les agriculteurs, eux, ont souffert assez rapidement des mesures de représailles imposées par les partenaires commerciaux des Etats-Unis. Juste avant les élections, certains dans les régions rurales n'en ont pas retiré pour autant leur soutien au président américain car ils croient l'homme d'affaires quand il dit que les difficultés ne seront que passagères, avant l'embellie.

Immigration

Envoi de troupes à la frontière avec le Mexique pour contrer l'"invasion" de migrants venant à pied d'Amérique centrale, remise en cause du droit du sol, histoires scabreuses de meurtriers sans papiers: pas de doute, Donald Trump et les républicains ont décidé de placer l'immigration au coeur de leur fin de campagne.

Logique : l'immigration arrive au sommet des préoccupations des électeurs républicains. Les pousser à voter sera décisif pour l'issue d'un scrutin où la participation s'annonce clé.

Santé

Les démocrates martèlent depuis des mois un message central en direction des électeurs : si les républicains renforcent leur contrôle du Congrès, ils détruiront votre couverture santé.

Un message puissant dans un pays qui ne bénéficie pas d'un système de santé universel. La réforme du démocrate Barack Obama avait permis à des millions d'Américains de s'assurer. Malgré leur grande promesse de campagne en 2016, les républicains et Donald Trump ont pour l'instant échoué à l'abroger. Mais ils la détricotent peu à peu.

Conscients que cette question arrive parmi les principaux sujets d'inquiétude chez les électeurs de tous bords, les républicains s'en sont saisis tardivement, en promettant notamment qu'ils garantiront aux personnes souffrant de pathologies chroniques l'accès à une assurance santé abordable. "C'est un mensonge", a lancé Barack Obama vendredi.

La Chambre basse renouvelée

L'ensemble des 435 sièges de la Chambre des représentants sont remis en jeu. Les républicains y disposent d'une majorité confortable (236-193, avec six sièges vacants). Pour reprendre le contrôle de la Chambre basse du Congrès, les démocrates doivent gagner 23 sièges supplémentaires et la victoire est à leur portée même si une trentaine de scrutins sont très serrés, selon les sondeurs. Les nouveaux élus entameront leur mandat de deux ans début janvier 2019.

Un tiers du Sénat en jeu

Au Sénat, qui compte 100 élus (deux par Etat), un tiers des postes sont renouvelés tous les deux ans et 35 sièges sont en jeu cette année. Les républicains disposent d'une courte majorité (51-49). Mais la carte électorale de la Chambre haute est beaucoup plus défavorable aux démocrates car ils doivent défendre 26 sièges - et six d'entre eux sont menacés - contre seulement neuf pour les républicains. Les sénateurs sont élus pour six ans et débuteront également leur mandat début janvier.

Des scrutins locaux

Pratiquement toutes les assemblées locales (Chambre et Sénat des Etats), les gouverneurs de 36 Etats sur 50 ainsi que de nombreux autres postes (maires, juges locaux, shérifs....) sont renouvelés. Les électeurs se prononceront aussi sur une multitude d'initiatives locales.

Quels enjeux ?

L'impact de ces scrutins pourrait être monumental car en plus de 150 ans, le parti du président n'a que très rarement échappé à un vote sanction, et les républicains redoutent de perdre le contrôle du Congrès.

Si les démocrates prennent la majorité à la Chambre, la probabilité du lancement d'une procédure de destitution contre Donald Trump ("impeachment) augmente grandement.

Ils prendraient la tête de commissions parlementaires qui pourraient alors notamment enquêter sur les soupçons de collusion entre l'équipe de campagne du milliardaire et la Russie lors de la présidentielle de 2016.

Si les démocrates parviennent aussi à prendre le contrôle du Sénat, alors ce sont toutes les éventuelles nominations de Donald Trump pour la Cour suprême, le système judiciaire fédéral ou des postes exécutifs au sein de l'administration qui pourraient être bloquées. Le Sénat a le dernier mot sur ces choix présidentiels.

Avec AFP

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