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Les cannibales de "Bad batch" terrorisent la Mostra de Venise


Disabled children cover each other in colored powder during Holi celebrations in Mumbai, India.
Disabled children cover each other in colored powder during Holi celebrations in Mumbai, India.

La réalisatrice anglo-américaine Ana Lily Amirpour a présenté mardi à la Mostra de Venise un film d'amour et de cannibales, "Bad batch", conte de fées sauvage et glaçant avec Keanu Reeves et Jim Carrey.

Ce film, très attendu après "A Girl Walks Home Alone at Night" (2014), raconte l'histoire d'une jeune fille dans une Amérique futuriste.

Arlen, dont le personnage est joué par la Britannique Suki Waterhouse ("Orgueil et préjugés et zombies"), est une paria évincée de sa communauté et condamnée à errer dans le désert. Elle y est capturée par une bande de cannibales qui la dévorent, petit morceau par petit morceau, en la maintenant bien vivante pour avoir toujours de la viande fraîche.

Son salut est incarné par Miami Man (Jason Momoa, "Games of Thrones"), un cannibale dont la fille Miel (Jayda Fink) se lie avec Arlen.

Les stars américaines Keanu Reeves et Jim Carrey jouent respectivement le chef de la communauté cannibale et un ermite dans ce monde qui n'est pas sans rappeler l'Amérique d'aujourd'hui, selon la réalisatrice.

"A un moment où le candidat à la présidentielle Donald Trump veut construire un mur pour protéger la pureté nationale" des Américains, l'histoire d'indésirables exilés, réfugiés dans une décharge encerclée de barbelés, "ne relève pas totalement d'une forme d'utopie barbare", relève à ce propos le magazine américain Variety.

Ce film est "une lettre d'amour à ce qui est américain. J'aime l'Amérique, mais ça ne veut pas dire que tout ce que j'aime soit parfait", a expliqué la réalisatrice lors d'une conférence de presse à Venise où "Bad batch" est en compétition officielle.

Décrivant son film comme "un conte de fées d'action et d'aventures", Ana lily Amirpour dit avoir été influencée par les westerns qu'elle regardait avec son père et le film de Robert Zemeckis "A la poursuite du diamant vert" (1984), avec Michael Douglas et Kathleen Turner.

- Jim Carrey muet -

Dans son travail de préparation, la réalisatrice a indiqué avoir passé une année aux côtés d'une communauté marginale vivant dans un désert en Californie dont plusieurs figurants sont d'ailleurs issus.

L'ancien modèle Suki Waterhouse, 24 ans, dit avoir adoré son rôle dès la première minute, même si elle a eu le sentiment d'être épluchée comme un orange. "J'étais terrifiée et je suis restée terrifiée tout au long" du film, a-t-elle expliqué.

Ana Lily Amirpour dit aussi n'avoir eu aucun scrupule à confier un rôle sans paroles à Jim Carrey, acteur pourtant volubile et pour le moins extraverti dans des films comme "Ace Ventura" (1994) et "Bruce Almighty" (2003).

"Le personnage de l'ermite est très important. C'est l'âme, la tendresse dans cet environnement impitoyable", a-t-elle expliqué. "Il est aussi le sans-abri que tout le monde ignore au coin de la rue", a-t-elle ajouté.

La jeune réalisatrice a précisé s'identifier avec tous les personnages de son film d'horreur où l'hémoglobine coule à flots, qu'elle voit comme une exploration d'elle-même. "J'essaie juste de comprendre qui je suis", a-t-elle indiqué.

"Il vous faut détruire complètement votre réalité et tout ce que vous connaissez, la façon dont vous comprenez le système dans lequel vous vivez, pour être capable de vous évaluer vous-mêmes", a-t-elle encore expliqué.

Il y a tout de même un élément de plaisir, au-delà de l'introspection, a affirmé la réalisatrice, citant la musique du film, dominée par le duo electro Darkside.

"Expliquer comment j'ai choisi cette musique reviendrait à expliquer comment je fais l'amour. C'est très difficile à expliquer (...)", a-t-elle encore affirmé.

Avec AFP

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