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Les autorités promettent de fermer les puits abandonnés de Jerada au Maroc


Des Marocains protestent contre le gouvernement dans la ville de Jerada, le 16 mars 2018.
Des Marocains protestent contre le gouvernement dans la ville de Jerada, le 16 mars 2018.

Face à la contestation sociale qui agite l'ancienne ville minière de Jerada, dans le nord-est du Maroc, les autorités promettent d'y fermer tous les puits abandonnés avec un plan de reconversion pour les mineurs clandestins.

"Il y a plus de 3.200 puits à Jerada, mais seulement 200 à 300 sont actifs. Les autres sont abandonnés et présentent un danger manifeste, ils seront tous fermés", a affirmé Abderrazzak El Gourji, secrétaire général de la préfecture de la région de l'Oriental dans un entretien avec l'AFP.

Jerada, bastion de la lutte syndicale au Maroc, est le théâtre de manifestations pacifiques depuis la mort, en décembre dernier, de deux mineurs dans un puits abandonné où ils cherchaient à extraire clandestinement du charbon.

Deux autres décès accidentels sont survenus depuis, suscitant colère et indignation chez les habitants de cette ville économiquement sinistrée, que les statistiques officielles classent parmi les plus pauvres du royaume.

>> Lire aussi : Heurts entre forces de l'ordre et manifestants à Jerada au Maroc

Les manifestants réclament une "alternative économique" aux "mines de la mort", dans lesquels s'aventurent des centaines de mineurs depuis la fermeture du centre minier à la fin des années 1990.

Les protestataires fustigent aussi les "barons du charbon", des notables locaux qui revendent le charbon extrait dans des puits fermés grâce à des permis d'exploitation.

Ces "barons" sont pour la plupart des élus locaux, d'où la "méfiance" des manifestants "voire une certaine défiance envers cette classe politique", reconnaît M. El Gourji, insistant sur le fait que "tous les permis accordés à ceux que les jeunes appellent +les barons+ ont été retirés".

Aucune enquête n'a en revanche été ouverte sur ces notables, accusés par les protestataires d'avoir longtemps "profité de leur misère".

'Reconversion'

Autre mesure, "nous avons lancé un programme de reconversion avec la mobilisation de 3.000 hectares pour des projets agricoles et la construction d'une nouvelle zone industrielle", a détaillé Abderrazzak El Gourji, en recevant l'AFP dans son bureau à la préfecture d'Oujda, chef-lieu de l'Oriental.

"Toutes les promesses sont réalistes et réalisables, et ce qui n'était pas réalisable a été rejeté (...) c'est facile de calmer des gens avec des promesses, mais demain vous êtes redevables sur l’exécution", a-t-il dit.

Deux délégations ministérielles se sont rendues sur place et ont "pris des engagements". Des mesures ont ensuite été annoncées par le chef du gouvernement à la mi-février après une visite dans la région.

"Dès le début de cette protestation, il y a eu un programme d'urgence (...) des discussions et des projets concrets", a assuré Abderrazzak El Gourji.

Selon lui, les mesures annoncées par les autorités ont été "saluées par les partis politiques, les élus locaux, les syndicats, et les représentants des jeunes qui étaient les leaders de cette protestation".

"Mais il y avait des parties au sein de ces jeunes qui n'ont jamais cherché la solution, qui n'ont jamais cherché à s'asseoir autour d'une table (...) des nihilistes qui rejettent en bloc toute proposition", a-t-il accusé.

Le plan d'action proposé par le gouvernement avait permis une accalmie, mais des manifestants sont redescendus dans la rue fin février pour réclamer des "réponses concrètes".

La mobilisation a repris après des arrestations menées le weekend dernier dans les rangs des leaders du mouvement. En réponse, le ministère de l'Intérieur a interdit toute "manifestation illégale" dans cette commune sinistrée de 43.000 habitants.

Mercredi, les heurts ont fait "312 blessés chez les forces de l'ordre et 32 chez les manifestants", selon Abderrazzak El Gourji. Les militants n'ont pas donné leurs propres bilans, l'Intérieur ayant décidé de poursuivre les auteurs de "fake news" - à savoir ceux qui dénoncent des violences policières sur les réseaux sociaux, très utilisés par les militants.

Les deux parties s'accusent mutuellement d'avoir provoqué les violences, les premières depuis le début de la protestation. Vendredi, la population a organisé une imposante marche, sans aucun incident. D'autres actions sont prévues dans les prochains jours.

Avec AFP

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