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Les attaques contre les albinos font place aux exhumations en Tanzanie


Le Tanzanien Mwigulu Matonage Magesa a reçu l'asile aux États-Unis après une attaque qui lui a valu de perdre son bras, à New York le 21 septembre 2015.
Le Tanzanien Mwigulu Matonage Magesa a reçu l'asile aux États-Unis après une attaque qui lui a valu de perdre son bras, à New York le 21 septembre 2015.

Les attaques visant les albinos, dont des parties de corps sont parfois utilisées à des fins de sorcellerie en Afrique subsaharienne, ont fortement diminué en Tanzanie, a assuré mercredi une ONG locale, déplorant toutefois que ce progrès s'accompagne d'une hausse des exhumations illégales.

"Les tendances récentes indiquent une diminution significative des cas d'attaques contre les personnes souffrant d'albinisme", a assuré le Centre pour les droits juridiques et les droits de l'Homme (LHRC), la principale ONG tanzanienne de défense des droits de l'Homme, dans un rapport daté de mardi et transmis mercredi à l'AFP.

L'ONG canadienne Under The Same Sun (UTSS) a répertorié depuis 2006 des centaines d'attaques contre des albinos en Afrique subsaharienne, où ils sont parfois tués, et des parties de leur corps utilisées dans des potions ou des grigris censés apporter chance et richesse.

Avec plus de 170 attaques, la Tanzanie est le pays où le plus d'attaques ont été documentées.

Mais "au cours de la période de janvier à juin 2017, aucun cas d'attaque ou de meurtre d'albinos n'a été enregistré" en Tanzanie, a précisé le LHRC dans ce rapport dressant un bilan de la situation des droits de l'Homme dans le pays au cours du premier semestre 2017.

Ce progrès est attribué aux efforts combinés du gouvernement, de la Commission nationale des droits de l'Homme, de la police et d'UTSS.

Le nombre croissant et l'exemplarité des condamnations pour meurtres d'albinos ont également été salués. Lors d'un séminaire début juin sur la situation des albinos, le parquet général tanzanien avait indiqué qu'au moins une trentaine de personnes avaient été condamnées pour meurtre d'albinos entre 2006 et 2016, et que 67 affaires similaires étaient encore en attente.

Le LHRC a toutefois regretté que les agressions fassent désormais place à "de plus en plus de cas d'actes de vandalisme visant des tombes d'albinos", prenant en exemple l'arrestation d'un homme qui avait profané en janvier la tombe d'un albinos et exhumé les parties de son corps dans le village de Chapakazi, dans le district rural de Mbeya (sud).

Citant la branche tanzanienne d'UTSS, le LHRC assure que deux autres incidents du genre ont été rapportés au premier semestre dans les provinces de Kagera (nord) et Morogoro (centre).

Car malgré une amélioration de leur situation, les albinos "continuent à vivre dans la peur et ne peuvent donc pas participer pleinement aux activités sociales, économiques et politiques", relève le LHRC.

L'albinisme est une maladie génétique caractérisée par une absence totale ou partielle de pigments dans la peau, les cheveux et les yeux.

En Amérique du Nord et en Europe, la proportion d'albinos est d'environ une personne sur 17.000 à 20.000. Mais des zones spécifiques d'Afrique subsaharienne, comme le nord de la Tanzanie, présentent une proportion d'environ un sur 1.400 en raison de l'endogamie qui y est pratiquée.

Avec AFP

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