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Les afro descendants d’origine camerounaise retournent à leurs racines


En chemise noir, Jason Elong, africain américain ayant retrouvé ses origines au Cameroun, à Yaoundé, le 2 janvier 2024. (VOA /Emmanuel Jules Ntap)
En chemise noir, Jason Elong, africain américain ayant retrouvé ses origines au Cameroun, à Yaoundé, le 2 janvier 2024. (VOA /Emmanuel Jules Ntap)

Au Cameroun, des Afro-descendants retrouvent leurs origines grâce aux initiatives de retour aux sources notamment en faveur des Africains- Américains en visitant des sites historiques, points de départ de leurs ancêtres où ils viennent faire des rites de purification.

"Mes ancêtres sont des bamilékés et je suis au Cameroun pour apprendre qui sont-ils et quelle est leur histoire", raconte, sourire aux lèvres, Jason Elong un Africain-Américain d’une quarantaine d’années. Il a séjourné au Cameroun pour la première fois entre fin décembre 2023 et début janvier.

C’est en 2014, explique-t-il que, "j’ai passé un test d’ADN et découvert que mes ancêtres sont venus du Cameroun, précisément de la région de l’ouest". Jason Elong a confié à VOA Afrique que "l’esclavage a œuvré pour effacer l’africanité de mes ancêtres, donc pour moi c’était important d’être reconnecté à mon héritage africain".

Revisiter l'histoire

C'est une façon pour lui de sortir des sentiers bâtis car, "les Africains-Américains qui sont à l’étranger préfèrent parfois étudier plutôt l’histoire de nos ancêtres africains, je suis ici pour revisiter cette histoire", souligne-t-il.

Le voyage de Jason Elong dans la région de l’ouest d’où sont venus ses ancêtres a permis à cet enseignant de littérature africaine-américaine à l’université du Missouri, à Saint-Louis aux Etats-Unis, de toucher du doigt les réalités de ses origines. "J’ai réalisé que les Camerounais ont des défis à relever que nous n’avons pas aux Etats-Unis et j’ai apprécié ces défis-là", affirme-t-il.

Des stèles d’esclaves Camerounais enchainés pour illustrer la traite dans l’ancien marché des esclaves, à Bangou, le 10 décembre 2024. (VOA /Emmanuel Jules Ntap)
Des stèles d’esclaves Camerounais enchainés pour illustrer la traite dans l’ancien marché des esclaves, à Bangou, le 10 décembre 2024. (VOA /Emmanuel Jules Ntap)

Mais "je suis ouvert pour connaitre comment les gens vivent ça et cela me touche de voir comment nous Africains-Américains, nous pouvons les aider", ajoute-t-il. Au Cameroun, de plus en plus d'initiatives comme celle baptisée "la maison des Afro-descendants" sont mises sur pied par les Camerounais pour encourager le retour aux sources des Afro-descendants.

"En dehors de l’espace qui est mis gratuitement à leur disposition pour leur séjour, nous échangeons avec eux avant leur déplacement, pour connaitre quels sont leurs centres d’intérêt et organiser leur séjour ici", explique André Fezeu Kontchou, promoteur de la maison d’Afro-descendants. André Kontchou dit avoir joué sa partition lors du voyage de Jason Elong.

"J’ai aidé Jason par exemple pour certains aspects de son séjour dans la localité de Bapa dans la région de l’ouest, où il a rencontré le roi de Bapa et visité le musée", souligne-t-il.

Sites mémoriels

Bapa est l’un des villages de la commune de Bangou, localité située à 268 km de Yaoundé dans la région de l’ouest. Cette commune a été l’épicentre d’une forte activité de la traite transatlantique. Une jeune Camerounaise a travaillé à la création dans cette commune d’un jardin mémoriel qui retrace le parcours des esclaves.

"Il y a des ressortissants qui ont été déportés aux Etats-Unis et qui ont retrouvé leurs traces en tant que Camerounais, en tant que bamiléké qui reviennent ici à Bangou pour faire des rituels de purification", confie à VOA Afrique Paule-Clisthène Dassi, conservatrice du patrimoine du projet la Route des Chefferies.

Il y a deux semaines ajoute-elle, "une famille de ressortissants américains est venue ici pour dire aux ancêtres qu’ils ont été des victimes des descendants des vendeurs et d’acheteurs d’esclaves".

Avec la mise en fonction d’un jardin mémoriel dédié à l’esclavage, les autorités administratives de la commune de Bangou saluent une initiative à la fois historique et touristique.

"Les populations sont souvent venues ici pour des rites et des rituels. De façon officielle, on a essayé de réveiller ce mémorial à travers un site aménagé et la génération peut désormais savoir qu’est-ce qui s’est passé ici. Pour nous, c’est un grand départ de point de vue historique et touristique", se réjouit Paul Sikapin, maire de la commune de Bangou. D’après Paule-Clisthène Dassi, conservatrice du patrimoine du projet la Route des Chefferies, "entre 5 à 10 millions de personnes de toute la région de l’Ouest ont transité par le marché des esclaves de la commune de Bangou".

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