Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

Le sprint ghanéen veut être "sexy à nouveau"


Le Ghanéen Alex Amankwah participe aux 800 mètres hommes lors des JO de Rio de Janeiro, Brésil, le 12 août 2016.
Le Ghanéen Alex Amankwah participe aux 800 mètres hommes lors des JO de Rio de Janeiro, Brésil, le 12 août 2016.

Personne n'avait jamais entendu parler de Joseph Paul Amoah dans le petit monde de l'athlétisme ghanéen, avant qu'il ne soit couronné "l'Homme le plus rapide du Ghana". Il est désormais l'espoir du pays pour redynamiser sa culture du sprint.

"C'était mon petit moment de gloire", a lancé le jeune étudiant de 19 ans, issu de la région rurale d'Ashanti, après un 100 mètres impressionnant, parcouru en 10,08 secondes.

Début septembre, 160 coureurs ont participé à Kumasi, la deuxième ville du pays, à "l'Homme le plus rapide du Ghana" ("Ghana's fastest human competition", ou GFH), compétition fondée en 2013 par l'ancienne gloire locale Reks Brobby.

Brobby, qui a participé aux JO-84 à Los Angeles, est revenu vivre dans son pays d'origine avec une ambition: trouver et former le coureur le plus rapide du Ghana.

"Je veux rendre le sprint ghanéen 'sexy' à nouveau", confie l'ancien coureur à l'AFP.

Deux hommes et deux femmes, sélectionnés parmi les finalistes du GFH, pourront également suivre une préparation intensive avec suivi d'un nutritionniste, d'un psychologue du sport et de quatre entraîneurs professionnels.

Grâce à ce programme, celui que l'on surnommait en son temps "l'homme le plus rapide d'Afrique" espère porter les sprinters ghanéens sur la scène de l'athlétisme mondial d'ici les Jeux de Tokyo en 2020. Une gageure tant le petit pays d'Afrique de l'Ouest part de loin.

Doux rêve, dure réalité

Dans les années 1960 et 1970, le Ghana était largement présent sur la scène du sprint africain. Mike Ahey, George Daniels, Hannah Afriyie, Alice Annum ou encore Ohene Karikari s'étaient fait un nom sur le continent, mais les talents locaux se sont fanés au fil du temps.

Brobby croit mordicus pouvoir changer la donne. Ainsi, les deux vainqueurs de l'édition 2013 de GFH, Emmanuel Dasor et Beatrice Gyaman, ont tous les deux participé aux Jeux de Rio.

Certes, loin des rêves de grandeur de Brobby, ses deux poulains ont été rapidement éliminés (en séries du 200 m pour le premier, en séries du relais 4x100 m pour la seconde) et ne sont pas sortis de la masse des olympiens anonymes. Mais c'est déjà un petit exploit pour eux d'avoir pu concourir parmi les meilleurs de leur discipline en à peine trois ans.

Pour la formation, Brobby a dû se tourner vers les sponsors privés (Adidas et la compagnie nationale d'hydrocarbures, GNPC), à un moment où le budget du Ministère ghanéen de la Jeunesse et des Sports a été divisé de moitié depuis 2012, passant de 54 à 22,6 millions de cedis (11,8 à 5 millions d'euros) cette année.

De Hollywood à la 'cambrousse'

De retour de Rio, "où cela a été difficile", Beatrice Gyaman a promis au peuple ghanéen "de ramener une médaille si elle obtient assez de soutien".

Le manque de financement l'empêche de participer à des compétitions internationales. Et pourtant, se mesurer à des talents du monde entier est essentiel.

"Tu peux courir avec tes collègues d'entraînement, mais après ils deviennent si familiers que le ressenti n'est pas le même que lors des compétitions", explique Ohene Karikari, ancien sprinter olympique et entraîneur en chef du programme de GFH.

"Il faut environ six ans à un athlète pour atteindre sa meilleure performance, précise Brobby. Il faut qu'il se ramasse la figure, qu'il rentre chez lui en pleurs, qu'il sente ses muscles gonfler. Voilà, c'est ce qu'on fait ici: on trouve les athlètes qui seront des champions dans six ans."

Des propos nettement plus optimistes qu'aux débuts du programme de détection, qui mise également sur l'énorme réseau d'un chef qui a passé plus de dix ans aux Etats-Unis avant de retourner dans son pays d'origine en 2003.

"Je ne voulais pas rentrer", reconnaît pourtant Brobby. "Je ne voulais pas aller dans un endroit où il n'y a pas de bonne route et pas de McDonald's. Mais finalement, pour fonder un mouvement, il n'y a pas meilleur argument de vente que 'Mr Hollywood rentre dans sa cambrousse'".

Avec AFP

XS
SM
MD
LG