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Le Soudan veut rouvrir un camp pour les milliers de réfugiés éthiopiens


Des réfugiés de la région du Tigray en Éthiopie attendent de s’enregistrer au centre du HCR à Hamdayet, au Soudan, le samedi 14 novembre 2020.
Des réfugiés de la région du Tigray en Éthiopie attendent de s’enregistrer au centre du HCR à Hamdayet, au Soudan, le samedi 14 novembre 2020.

Sur un immense terrain vague recouvert d'herbe roussie par le soleil, des ouvriers soudanais creusent des sillons pour ériger des huttes qui abriteront près de 25.000 réfugiés éthiopiens ayant fui la guerre au Tigré voisin.

Face à l'afflux des réfugiés, les autorités soudanaises ont décidé de rouvrir le camp d'Oum Raquba (est), situé à 80 km de la frontière avec l'Ethiopie. Fermé il y a 20 ans, ce camp avait servi comme refuge à de nombreux Ethiopiens fuyant alors la famine.

Mais de cette époque, il ne reste que deux bâtiments en dur, une ancienne école qui a perdu son toit et un dispensaire en très mauvais état.

Entouré de buttes de sable et de quelques champs quasiment abandonnés, le camp est isolé, le premier village habité se trouvant à une dizaine de kilomètres plus loin.

Abdel Basset Abdel Ghani, le directeur du site, ne sait pas où donner de la tête tant les problèmes sont urgents, lui qui participe pour la deuxième fois à la mise en place du camp.

"En 1985, je débutais à la commission soudanaise pour les réfugiés et maintenant je refais ce travail comme responsable. A l'époque j'ai accueilli les Ethiopiens qui fuyaient la famine et maintenant, j'accueille les Ethiopiens qui fuient la guerre", résume-t-il.

Travailler "d'arrache-pied"

De 1983 à 1984, l'Ethiopie a subi l'une des pires famines du siècle dernier, contraignant des centaines de milliers d'habitants à fuir leur pays. La famine était due à une sécheresse combinée à une guerre menée par l'ancien dirigeant Mengistu Haile Mariam contre la guérilla tigréenne.

"Le plus urgent aujourd'hui, c'est de construire des abris. Notre plan, c'est de créer trois secteurs pouvant accueillir 8.000 personnes chacun. Nous allons utiliser le terrain de l'ancien camp et si nous pouvons, nous l'étendrons sur les terres adjacentes", explique dimanche M. Ghani.

Sur le site, des dizaines d'ouvriers se sont mis au travail.

Certains creusent pour faire passer des canalisations d'eau, d'autres tracent des tranchées pour les fondations de bureaux en bois à l'entrée du camp, où s'installeront les fonctionnaires chargés d'enregistrer les arrivées et de gérer le camp. D'autres ont lancé les travaux pour construire des huttes en bois où seront logées les familles.

"L'électricité a été installée aujourd'hui et il faudra au moins sept à dix jours, en travaillant d'arrache-pied, pour mettre tout en place", assure Adam Mohammad, un des ouvriers.

Face à l'urgence, les autorités n'ont pas attendu que le camp soit construit. Dès samedi, 1.105 personnes y ont été transférés et 1.300 étaient attendues dimanche.

"Il n'y a rien"

Selon les autorités soudanaises, près de 25.000 Ethiopiens ont trouvé refuge au Soudan depuis une semaine après que leur Premier ministre, Abiy Ahmed, a envoyé le 4 novembre l'armée fédérale à l'assaut de la région dissidente du Tigré.

Dans le camp d'Oum Raquba, le Croissant rouge a installé une tente pour abriter son dispensaire, l'Unicef a mis en place des citernes d'eau. La nourriture, composée de sorgho et de lentilles, est fournie par le Programme alimentaire mondial et distribuée par des employés de la commission soudanaise pour les réfugiés.

Des réfugiés déjà sur place s'agglutinent sous les maigres arbres qui offrent un peu d'ombre pour se protéger de l'ardent soleil.

"Je suis assis à même le sol avec mes trois petites filles. Nous étions sûrs que les autorités nous transféraient ici car il y avait des abris, mais il n'y a rien, on nous a dit d'attendre", assure Gabriel Hayli, 37 ans.

Il n'est pas le seul à être dépité.

Dahli Bourhane, 32 ans, a peur. "Les Soudanais font beaucoup pour nous et je les remercie mais nous sommes trop proches de la frontière et l'endroit est très isolé. C'est très dangereux si la guerre s'étend."

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