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Le procès Abdeslam reprend en son absence


Salah Abdeslam (2è à gauche sur cette vidéo), le 13 avril 2016.
Salah Abdeslam (2è à gauche sur cette vidéo), le 13 avril 2016.

Le procès à Bruxelles de Salah Abdeslam pour une fusillade en mars 2016 avec des policiers reprend jeudi en son absence. Les regards désormais tournés vers son avocat, Sven Mary.

Présent lundi lors de la première journée d'audience, le seul membre encore en vie des commandos djihadistes du 13 novembre 2015 a fait savoir au tribunal qu'il ne souhaitait plus comparaître.

L'annonce est tombée mardi, au lendemain d'une première journée marquée par sa profession de foi musulmane et une virulente diatribe contre la justice et les médias.

"Je n'ai pas peur de vous, je n'ai pas peur de vos Alliés, de vos associés, je place ma confiance en Allah et c'est tout", avait lancé lundi, défiant, ce Français d'origine marocaine âgé de 28 ans.

Désormais, son coprévenu Sofiane Ayari, complice de sa fuite après la fusillade du 15 mars 2016 dans la commune bruxelloise de Forest, se retrouve seul face au tribunal pour ce deuxième -- et vraisemblablement dernier -- jour de procès.

Après deux ultimes plaidoiries de parties civiles, la parole sera donnée aux avocats de la défense, qui devraient contester les 20 ans de prison, avec 13 ans de sûreté, requis lundi par le parquet fédéral contre les deux prévenus.

Salah Abdeslam et Sofiane Ayari, un Tunisien qu'il avait convoyé d'Allemagne en Belgique en octobre 2015, doivent répondre de "tentative d'assassinat sur plusieurs policiers" et "port d'armes prohibées", le tout "dans un contexte terroriste".

Jusqu'au jour de son intervention, Me Sven Mary, avocat de Salah Abdeslam, n'a souhaité donner aucune indication sur les arguments qu'il ferait valoir.

Cette plaidoirie, "on s'y prépare", a simplement indiqué mercredi à l'AFP son associé, Me Romain Delcoigne.

"Il y a des preuves dans cette affaire, des preuves tangibles, scientifiques, j'aimerais que ce soit sur ça qu'on se base et qu'on ne se base pas, qu'on n'agisse pas pour satisfaire l'opinion publique", avait affirmé le prévenu lundi.

Une empreinte ADN lui appartenant a été découverte dans le logement de Forest, mais pas sur les deux fusils d'assaut retrouvés.

- 'Ancrés dans l'idéologie de l'EI' -

La presse belge s'interrogeait mercredi sur le dilemme d'avoir à défendre un prévenu qui considère ses juges comme "illégitimes".

Aux yeux de Me Joris Van Cauter, un avocat interrogé en tant que spécialiste par le quotidien flamand De Standaard, "c'est un problème" de persister à défendre un homme qui a "fait ce choix idéologique" de défier la justice.

Le 15 mars 2016, c'est lors d'une perquisition de routine dans le cadre de l'enquête sur le 13 novembre que des policiers belges et français avaient essuyé des tirs d'armes automatiques, au 60, rue du Dries, à Forest.

Le logement visité, supposé vide, s'est avéré être une des planques de la cellule djihadiste à l'origine des attentats de Paris et de Bruxelles (32 morts le 22 mars 2016).

Lors de l'échange de tirs, "une véritable scène de guerre" selon la procureure fédérale Kathleen Grosjean, trois policiers avaient été blessés, et un djihadiste algérien de 35 ans, Mohamed Belkaïd, tué en faisant face aux policiers arme à la main pour couvrir la fuite d'Abdeslam et d'Ayari.

Les deux fuyards avaient été interpellés trois jours plus tard, le 18 mars, à Molenbeek, une arrestation considérée par les enquêteurs comme l'élément déclencheur des attentats du 22 mars dans la capitale belge.

Lundi, la procureure fédérale Kathleen Grosjean a estimé qu'à Forest, peu importe qui tenait les armes, Abdeslam et Ayari ont été "coauteurs" des tirs.

Ils ont selon elle témoigné d'un mental de "combattants décidés à en découdre", preuve de leur "ancrage sévère dans l'idéologie de l'Etat islamique (EI)".

La peine de 20 ans de prison requise à leur encontre constitue le maximum prévu pour les faits jugés.

A l'issue du procès, le jugement doit être mis en délibéré plusieurs semaines.

Le procès de Bruxelles n'est qu'un préambule avant celui qui aura lieu à Paris pour les attaques du 13 novembre.

Comme Salah Abdeslam, Sofiane Ayari, réclamé par la justice française en vertu d'un mandat d'arrêt, devrait être jugé dans ce dossier.

Son ADN ou ses empreintes digitales ont été trouvés dans cinq planques belges de la filière djihadiste qui a ensanglanté Paris et Bruxelles.

Avec AFP

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