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Le Pakistan panse ses plaies et durcit sa sécurité après un attentat


Sehwan, Pakistan
Sehwan, Pakistan

Le Pakistan pansait ses plaies et durcissait sa sécurité vendredi, au lendemain d'un attentat-suicide qui a coûté la vie à 88 personnes dont de nombreux enfants dans un sanctuaire soufi du Sud du pays.

L'attaque, revendiquée par le groupe djihadiste sunnite Etat islamique (EI), s'est produite dans le sanctuaire Lal Shahbaz Qalandar, dédié à un saint soufi du XIIIè siècle, dans la ville de Sehwan à environ 200 km au nord-est de la mégalopole portuaire du Sud, Karachi.

"Les forces de sécurité fédérales et provinciales et la police ont lancé avant l'aube une opération dans tout le pays et de très nombreux suspects ont été arrêtés dans différentes villes", a déclaré à l'AFP un responsable gouvernemental sous couvert d'anonymat. L'opération devrait se poursuivre dans les prochains jours, a-t-il ajouté.

Au moins 18 "terroristes" ont été tués au cours de la nuit lors d'opérations dans la province du Sindh, ont indiqué de leur côté les Rangers, forces militaires affiliées au ministère de l'Intérieur. Sept autres ont été tués dans le nord-ouest du pays, selon la police de la ville de Peshawar.

Un porte-parole de l'armée, Asif Ghafoor, a estimé que les récents attentats avaient été menés depuis des repaires insurgés en Afghanistan et annoncé que le gouvernement de Kaboul avait été sommé d'agir à leur sujet. L'armée a en outre annoncé avoir "fermé" la longue et poreuse frontière séparant les deux pays.

Les deux voisins s'accusent régulièrement mutuellement d'abriter des sanctuaires d'insurgés extrémistes responsables d'atrocités.

La tension est d'autant plus vive que l'attaque du sanctuaire est intervenue après un début de semaine déjà sanglant pour le Pakistan avec une série d'attentats-suicides menés par les talibans pakistanais dans plusieurs villes du pays.

Tous ces événements ont choqué une population qui commençait tout juste à renouer avec un relatif sentiment de sécurité après des années de violences.

"Un autre jour, une autre bombe", se désole le quotidien The Express Tribune dans son éditorial de vendredi. "L'illusion d'un Pakistan comme Etat plus sûr et pacifique a explosé en une tapisserie sanglante sur les murs, les bords de route et dans les rassemblements publics dans tout le pays".

Le puissant chef de l'armée pakistanaise, le général Qamer Javed Bajwa, a promis que les "forces de sécurité ne laisseront pas des puissances hostiles l'emporter" et que "chaque goutte du sang de la nation (serait) vengée et vengée immédiatement".

A Sehwan, les premiers experts en médecine légale sont arrivés tôt vendredi sur les lieux du drame, bouclés par la police, a constaté l'AFP.

Le sol du sanctuaire était encore maculé de taches de sang et jonché de débris, chaussures et biberons abandonnés. Au moins 20 enfants pourraient figurer parmi les victimes, selon le chef de l'unité médicale de Sehwan, Moeen Uddin Siddiqui.

L'attaque a été commise par un kamikaze qui s'est fait exploser parmi des centaines de fidèles, a indiqué une source policière. Le site était bondé en ce jeudi soir, considéré comme un jour sacré pour la prière par cette communauté, une branche mystique de l'islam considérée comme hérétique par certains groupes islamistes radicaux.

"Certains corps étaient décapités, démembrés et les blessés hurlaient de douleur tout en appelant à l'aide", a raconté un témoin, Haq Nawaz Khan Solangi. "On aurait dit que le Jugement dernier était arrivé, des corps baignaient dans des mares de sang".

Stoïque face au carnage, le gardien du sanctuaire a toutefois mis un point d'honneur à faire sonner comme chaque jour la cloche du site à 03H30 du matin (22H30 GMT jeudi), déclarant à l'AFP qu'il refusait de "se coucher devant les terroristes".

Le bilan, encore provisoire, fait état d'au moins 70 morts et 250 blessés, dont 40 sont dans un état critique.

La province du Sindh, où se trouve Sehwan, a annoncé trois jours de deuil.

De nombreux Pakistanais pour leur part déploraient sur les réseaux sociaux l'absence d'infrastructures médicales sur place pour accueillir les centaines de blessés. L'hôpital le plus proche du site du drame se trouve à quelque 130 km et de nombreuses victimes ont dû être héliportées à Karachi et dans d'autres grandes villes du Sindh.

Avec AFP

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