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Le message de réconciliation du pape aux peuples malgache et mozambicain


Le pape Francis au stade Zimpeto de Maputo où il a célébré une messe à Maputo le 6 septembre 2019.
Le pape Francis au stade Zimpeto de Maputo où il a célébré une messe à Maputo le 6 septembre 2019.

"Paix" et "équité": le pape François a quitté vendredi le Mozambique avec un message qui trouvera un écho à Madagascar, pays pauvre tout juste sorti de crises politiques à répétition.

A tous ceux qui ont vécu des histoires de violence, de haine, vous avez droit à la paix! a lancé le souverain pontife dans un stade de la périphérie de Maputo où 60.000 fidèles l'ont écouté avec ferveur entre clameur de joie et danses rythmées.

Tout au long de sa visite jeudi et vendredi dans l'un des pays les plus pauvres de la planète, le souverain pontife a martelé ces mots: il faut rejeter la vengeance et la haine, dénoncer la planification de représailles sous des formes apparemment légales, promouvoir l'égalité des chances et l'équité sociale pour éviter de créer un terrain fertile qui tôt ou tard provoquera l'explosion.

Un traité de paix historique a été signé le 6 août au Mozambique entre le gouvernement de Maputo et la Renamo, l'ancienne rébellion devenue principal parti d'opposition. Peu de temps après son indépendance en 1975, l'ex-colonie portugaise avait sombré dans une guerre civile meurtrière. Celle-ci avait pris fin voici 27 mais la Renamo n'avait jamais désarmé.

Le pape argentin, ardent pourfendeur de la corruption, a conseillé aux Mozambicains de se méfier de tous ceux, à l'intérieur ou à l'extérieur, qui veulent profiter pour leur propre intérêt des richesses naturelles d'un pays avec une "partie énorme de sa population en-dessous du niveau de pauvreté".

Dans la foule, Delfina Moiana, comptable retraitée de 62 ans, estimait que sa venue allait contribuer à "la réconciliation". "Je pense vraiment que nos vies vont changer".

S'il a également pris le temps de visiter un centre de soin pour les "marginalisés" du sida en louant la "compassion" de ceux qui les soignent, le pape a néanmoins sans surprise évité d'aborder de front la question de la prévention des maladies sexuellement transmissibles.

Le sujet demeure un terrain miné pour l'Église catholique, opposée à toute forme de contraception, et tout particulièrement pour les papes en visite en Afrique.

François avait, au retour d'une tournée en Afrique subsaharienne, reconnu "une perplexité" de l'Eglise sur la question de l'utilisation du préservatif pour lutter contre le sida, jugeant que c'était "une des méthodes" mais que l'Afrique avait "des blessures plus grandes" comme le manque d'eau et de nourriture.

Selon Onusida, 2,2 millions de personnes étaient séropositives en 2018 au Mozambique (27 millions d'habitants).

Arrivé en milieu d'après-midi à Antananarivo, le François était attendu avec la même ferveur et les mêmes espoirs par les chrétiens de Madagascar, dont des centaines s'étaient massés pour l'accueillir le long de la route entre l'aéroport et le centre de la capitale.

"Je suis vraiment content de l'arrivée du Pape. C'est une bénédiction pour Madagascar, j'espère que cela apportera la paix et la prospérité pour moi, ma famille et mon pays. Qu'il n'y aura plus de crise politique", déclarait Geneviève Sahondra, 50 ans, venue spécialement de Taolagnaro (sud-est)

L'île habituée des crises politiques depuis son indépendance de la France en 1960 a vu en janvier pour la première fois de son histoire une passation de pouvoir entre deux présidents élus Hery Rajaonarimampianina et Andry Rajoelina.

L'élection avait été le théâtre d'une lutte féroce entre Marc Ravalomanana et Andry Rajoelina.

Au pouvoir depuis 2002, le premier avait été contraint de démissionner en 2009 face à une vague de manifestations violentes fomentées par le second, à l'époque maire d'Antananarivo. Ce dernier avait ensuite été installé par l'armée à la tête d'une présidence de transition qu'il a quittée en 2014.

Les deux hommes avaient été interdits de candidature à la présidentielle de 2013 dans le cadre d'un accord de sortie de crise validé par la communauté internationale.

Le point d'orgue de la visite papale dans ce pays, où les trois quarts des habitants vivent avec moins de deux dollars par jour, sera la messe de dimanche.

Elle sera organisée sur un terrain de 60 hectares dans la capitale où sont attendues quelques 800.000 personnes, selon le révérend père Gabriel Randrianantenaina, secrétaire coordonnateur de la conférence épiscopale locale.

Le souverain pontife doit conclure sa deuxième tournée sur le continent africain dans l'île touristique de Maurice où il est attendu lundi.

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