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Le Maroc salue son retour dans l'UA comme une "décision historique"


Tous les dirigeants se réunissent pour une photo de groupe, lors de la 28e Session ordinaire de l'Assemblée de l'Union africaine à Addis Abeba, Ethiopie, le 30 janvier 2017.
Tous les dirigeants se réunissent pour une photo de groupe, lors de la 28e Session ordinaire de l'Assemblée de l'Union africaine à Addis Abeba, Ethiopie, le 30 janvier 2017.

Le Maroc a salué son retour au sein de l'Union africaine (UA) comme une "décision historique" et une victoire diplomatique mais la question se pose maintenant de savoir comment Rabat va gérer sa cohabitation avec le Front Polisario au sein de l'organisation continentale.

Le royaume avait claqué la porte de l'UA en 1984 pour protester contre l'admission de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), proclamée par les indépendantistes du Front Polisario au Sahara occidental, ex-colonie espagnole que Rabat contrôle et considère comme sien.

Réunis en sommet à Addis Abeba, les chefs d'Etat africains ont entériné lundi la réintégration du royaume, à huis clos et à l'issue d'un débat tendu.

Trente-neuf pays (sur 54) se sont prononcés pour une réadmission sans condition, malgré l'opposition et les réserves exprimées par une dizaine d'autres membres, Algérie et Afrique du Sud en tête, traditionnels soutiens du Front Polisario.

"Décision historique", "Retour victorieux", "Merci Majesté!", "Joli coup pour le Maroc"... La réaction de la presse marocaine a été unanime. La très officielle agence MAP a multiplié les interviews de ministres africains souhaitant la "bienvenue" au Maroc, "de retour dans sa famille africaine".

Des images diffusées sur les réseaux sociaux montraient la délégation marocaine à Addis Abeba, conduite par le ministre des Affaires étrangères Salahedinne Mezouar, triomphante et entonnant tout sourire l'hymne national.

Dans les rues de la capitale Rabat, pas d'effusion de joie ou de liesse populaire lundi soir mais le sentiment que le pays a retrouvé sa place "naturelle" sur le continent, selon la plupart des personnes interrogées par l'AFP.

"Le Maroc n'avait jamais coupé les liens avec ses origines africaines, il a toujours appelé à l'union des pays africains et arabe. Aujourd'hui, nous avons réussi à concrétiser cet esprit d'unité", se félicite Abdelatif Tighazouane, étudiant de 25 ans, interrogé sur le boulevard Mohammed-V, la grande artère du centre-ville.

"Ce retour du Maroc à l'UA aurait dû se faire depuis bien longtemps. Le pays retrouve maintenant sa place de leadership politico-économique et va corriger les erreurs d'avant", estime Mohamed Alaoui, retraité.

"C'est une opportunité pour le Maroc de reprendre sa place en Afrique et défendre ses intérêts dans le dossier du Sahara marocain", juge pour sa part Mustapha Akhaziz, professeur de langue.

'Bienvenue'

La réadmission du Maroc s'est faite malgré une "âpre résistance de la délégation algérienne qui a soulevé la question des frontières" et voulait un "report" du vote, selon la presse marocaine.

Algérie, Afrique du Sud et Zimbabwe ont d'abord mis en avant un "avis" consultatif de l'organe juridique de l'UA. Ce document laissait la décision finale aux chefs d'Etat mais sonnait comme un réquisitoire contre le Maroc, pays "qui occupe une partie du territoire d'un État membre".

Le Zimbabwe, porte-parole des opposants, a ensuite proposé la création d'un comité ad hoc pour "accompagner" la réintégration marocaine, avec toujours en débat la question de la reconnaissance des frontières, selon la presse marocaine.

Peine perdue puisque sous la houlette du nouveau président en exercice de l'UA, le président guinéen Alpha Condé, "le principe de la majorité l'a finalement emporté" et le Maroc a été admis sans condition.

Le royaume deviendra formellement le 55e membre de l'UA "quand il aura déposé ses instruments de ratification", selon des délégués sur place.

"La République Sahraouie souhaite la bienvenue au Maroc" qui va désormais "s'asseoir à nos côtés", a prévenu le ministre des Affaires étrangères de la RASD, Mohamed Salem Ould Salek.

Cette cohabitation augure de durs débats à venir autour de la question du Sahara occidental, alors que Rabat refusait jusqu'à présent de siéger en présence de la RASD dans toute instance internationale.

On ignorait mardi matin si des représentants marocains siègeraient officiellement au deuxième jour du sommet d'Addis Abeba, qui a débuté par une session à huis clos des chefs d'Etat.

Selon des télévisions marocaines, le roi Mohammed VI, présent dans la capitale éthiopienne depuis vendredi, devait s'exprimer en fin de matinée à la tribune du sommet.

Avec AFP

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