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Le Kremlin dément toute nouvelle "course aux armements" avec Washington


Le président russe Vladimir Poutine s’apprête à prononce son discours annuel sur l'état de la nation à Moscou, en Russie, le 1er mars 2018.
Le président russe Vladimir Poutine s’apprête à prononce son discours annuel sur l'état de la nation à Moscou, en Russie, le 1er mars 2018.

Le président américain Donald Trump et la chancelière allemande Angela Merkel se sont dits "inquiets", après une déclaration du président russe Vladimir Poutine faisant craindre une nouvelle escalade rappelant la Guerre froide.

Le Kremlin a démenti vendredi vouloir se lancer dans une nouvelle "course aux armements" avec les Etats-Unis en vantant ses nouvelles armes "invincibles" et en donnant ainsi une tonalité belliqueuse à des relations russo-américaines déjà catastrophiques.

En détaillant longuement dans son discours annuel devant le Parlement les capacités technologiques des missiles mis au point par la Russie, Vladimir Poutine a surtout fait craindre une nouvelle escalade rappelant la Guerre froide, dans le contexte des séries de sanctions économiques prises par Washington contre Moscou et de l'expulsion de diplomates russes du territoire américain.

"Les déclarations russes menaçant de cibler les Alliés sont inacceptables et contre-productives", a réagi vendredi la porte-parole de l'Otan Oana Lungescu.

"L'Otan est une alliance défensive, prête à défendre tous ses membres contre toute menace. Nous ne voulons pas d'une nouvelle Guerre froide ou d'une nouvelle course aux armements", a-t-elle ajouté.

La démonstration de force de M. Poutine précède de deux semaines l'élection présidentielle du 18 mars en Russie. Elle porte un nouveau coup aux promesses de Donald Trump de réconcilier les Etats-Unis et la Russie, deux pays dont les relations sont déjà plombées par les désaccords persistants sur la Syrie et l'Ukraine et les accusations d'ingérence russe dans la campagne électorale américaine en 2016.

Dans une conversation téléphonique, la chancelière allemande Angela Merkel et le président américain se sont dits "inquiets".

Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Pesko, a rejeté les accusations portées par Washington de violation des traités internationaux. "La Russie n'a pas l'intention de se lancer dans une course aux armements", a-t-il affirmé aux journalistes.

"La Russie a été, est et sera contrainte par ses obligations internationales", a-t-il ajouté.

Missiles de 'portée illimitée'

Le président russe a expliqué que la mise au point de nouvelles armes, qu'il a personnellement supervisée, étaient une réponse à l'activité militaire des Etats-Unis et notamment au déploiement de systèmes antimissiles en Europe de l'Est et en Corée du Sud.

Il a ainsi présenté de nouveaux types de missiles de croisière ayant une "portée illimitée" ou hypersoniques, des mini-submersibles à propulsion nucléaire ou encore une arme laser "dont il est trop tôt pour évoquer les détails".

Vladimir Poutine a ajouté vendredi que l'industrie militaire "travaillait depuis longtemps" sur ces nouvelles armes.

"Dans les autres pays, nous savons qu'ils ont essayé de (les fabriquer), mais vraisemblablement ils n'y sont pas parvenus", a-t-il assuré, au cours d'une rencontre avec des médias locaux, dans l'enclave russe de Kaliningrad.

Selon le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou, les armes russes sont désormais capables de "surpasser tous les systèmes antimissiles existants".

Washington a réagi en accusant Moscou de "violation directe" des traités signés par la Russie, dont le traité INF sur les armes nucléaires de portée intermédiaire, paraphé par Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev en 1987.

"Il ne s'agit que d'une réponse de la Russie au retrait des Etats-Unis de l'accord sur le système de défense antimissile et au processus très actif de mise au point d'un système antimissile mondial qui est à même de violer la parité stratégique et nucléaire et de neutraliser de fait les forces stratégiques russes", a quant à lui assuré M. Peskov.

Les Etats-Unis "ont également des armements contre lesquels la Russie ne peut se défendre. C'est en cela que réside la parité", a poursuivi le porte-parole du Kremlin.

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La Russie reproche en outre aux Etats-Unis leur nouvelle doctrine nucléaire, qualifiée de "belliqueuse" et d'"antirusse", qui vise notamment à doter Washington de nouvelles armes nucléaires de faible puissance.

Si Vladimir Poutine a affirmé ne "menacer personne" et ne pas prévoir d'"utiliser ce potentiel de façon offensive", la diplomatie américaine a jugé que le président russe n'avait pas eu "une attitude digne d'un acteur mondial majeur".

Mais au-delà de la condamnation diplomatique, les militaires américains ont affecté l'indifférence à l'égard de ces assertions du président russe.

Cela fait "très longtemps" que ces armes sont mises au point, a déclaré à la presse la porte-parole du Pentagone, Dana White. "Nous ne sommes pas surpris par ces déclarations et les Américains peuvent être sûrs que nous sommes pleinement préparés".

D'ailleurs, la nouvelle stratégie nucléaire des Etats-Unis, rendue publique début février, "tenait compte" de ces armes russes, a-t-elle ajouté.

Signe supplémentaire des tensions entre les deux puissances, la Russie a annoncé vendredi avoir annulé des discussions stratégiques prévues pour ce mois-ci avec les Etats-Unis, qui fait lui même suite au retrait "inamical" de dernière minute d'une délégation américaine d'une réunion consacrée à la cybersécurité fin février.

Certains experts russes considèrent néanmoins que les annonces dans le domaine de la défense de Vladimir Poutine s'adressent avant tout à ses compatriotes avant la présidentielle du 18 mars, qu'il est d'ailleurs certain de remporter faute d'opposition réelle.

Avec AFP

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