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Le chef des renseignements limogé après la prise de contrôle "illégale" du Parlement au Nigeria


Les forces de sécurité à l’entrée du parlement à Abuja, Nigeria. 7 août 2018.
Les forces de sécurité à l’entrée du parlement à Abuja, Nigeria. 7 août 2018.

Le chef de l'agence des renseignements nigériane a été limogé après la prise de contrôle temporaire du Parlement par les forces de sécurité, a annoncé la présidence qui a condamné une opération "illégale" menée à son insu.

Des hommes armés et cagoulés portant des insignes de la police et de l'agence de renseignement nationale (Department of State Services - DSS) s'étaient postés dès 7h locales devant les portes de l'Institution, empêchant parlementaires, employés et journalistes de rentrer.

Les législateurs avaient finalement pu accéder à leurs bureaux en milieu de matinée, après avoir vivement protesté.

Face à l'indignation générale qui a suivi dans les médias et sur les réseaux sociaux, la présidence de la République a annoncé en début d'après-midi le limogeage du patron de la DSS.

Le vice-président Yemi Osinbajo - qui assure l'intérim à la tête du pays durant les vacances du président Muhammadu Buhari - "a ordonné la cessation des fonctions du directeur général du Service de sécurité de l'Etat, Lawal Musa Daura, avec effet immédiat", indique le communiqué officiel.

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Il a décrit "la prise de contrôle non autorisée du complexe de l'Assemblée nationale (...) comme une violation flagrante de l'ordre constitutionnel, de la primauté du droit et de toutes les notions acceptables de la loi et de l'ordre", assurant que cette opération avait été menée "à l'insu de la présidence".

Ancien militaire à la retraite, Lawal Musa Daura, originaire de Katsina (nord) comme M. Buhari, dont il fait partie du cercle proche, avait été nommé en juillet 2015 à la tête de la DSS.

Plusieurs représentants de l'opposition bloqués à l'extérieur avaient accusé dans la matinée la présidence de vouloir lancer une procédure de destitution contre le président du Sénat, avec lequel les relations sont notoirement exécrables.

"Nous sommes envahis par la sécurité de l'Etat. Nos collègues ne peuvent pas se rendre au travail", s'était insurgé devant la presse le sénateur Ben Murray-Bruce, membre du principal parti d'opposition, le Parti démocratique du peuple (PDP).

"Nous avons été informés que les sénateurs de l'APC (au pouvoir, ndlr) essayaient de renverser le leadership. C'est anti-démocratique", avait-il ajouté.

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L'ancien président Atiku Abubakar, récemment passé dans l'opposition et candidat autoproclamé à la présidentielle, avait également condamné dans un communiqué une "tentative illégale et non-démocratique de s'introduire dans l'Assemblée nationale pour imposer son agenda consistant à changer le leadership du Sénat".

Alors que les élections générales sont prévues en février prochain, les jeux d'alliances et les intrigues politiciennes occupent déjà tous les esprits au Nigeria.

Cet incident est le dernier rebondissement dans le bras de fer opposant depuis des mois le chef de l'Etat - qui espère briguer un second mandat - au président du Sénat Bukola Saraki - auquel beaucoup prêtent des ambitions présidentielles.

M. Saraki, qui a quitté la semaine dernière l'APC pour rejoindre le PDP, est soupçonné d'avoir orchestré la vague de défections massives qui a secoué le parti au pouvoir mi-juillet, avec la démission de 14 sénateurs et 37 membres de la Chambre basse.

Les parlementaires avaient ensuite ajourné les sessions du Parlement au 25 septembres, suscitant de vives critiques de la part de l'exécutif qui réclamait en urgence le déblocage de fonds pour l'organisation des élections générales prévues en février 2019.

Avec AFP

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