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L'accord nucléaire iranien en jeu à l'ONU


Le siège des Nations Unies, à New York, le 18 septembre 2015.
Le siège des Nations Unies, à New York, le 18 septembre 2015.

Les Européens, France en tête, veulent tenter à l'ONU de sauver l'accord nucléaire iranien de 2015, menacé par le président américain Donald Trump qui ne dissimule pas son hostilité envers un texte pourtant considéré comme crucial dans la lutte contre la prolifération.

Le président américain est sollicité de toutes parts à ce sujet. A l'occasion de l'Assemblée générale annuelle de l'ONU cette semaine, il a d'abord rencontré lundi le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, qui a réitéré son aversion pour "l'épouvantable accord nucléaire avec l'Iran", dont il réclame l'annulation, ou a minima la révision.

M. Trump s'est ensuite entretenu avec son homologue français Emmanuel Macron, qui à l'inverse a tenté de le convaincre de ne pas remettre en cause un accord qualifié d'"historique" lors de sa signature en 2015.

Dans un contexte explosif, notamment avec la crise nord-coréenne, "cela ouvrirait une boite de Pandore", a expliqué l'entourage du président français, qui entretient une relation amicale avec le bouillant milliardaire.

L'accord de Vienne, conclu le 14 juillet 2015 entre Téhéran et les grandes puissances (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Chine, Russie et Allemagne) est pourtant plus que jamais remis en cause par Donald Trump, qui le qualifie d'"horrible" et a promis de le "déchirer".

Arraché après plus d'une décennie de négociations sous tensions et entré en vigueur en janvier 2016, cet accord garantit la nature exclusivement pacifique du programme nucléaire iranien, en échange d'une levée progressive des sanctions internationales.

Or une échéance cruciale s'approche: Donald Trump doit "certifier" mi-octobre auprès du Congrès que Téhéran se conforme bien à ses engagements, et certaines de ses déclarations laissent penser qu'il pourrait décider de ne pas le faire.

Cette non certification, qui irait à l'encontre des conclusions de l'AIEA (Agence internationale de l'énergie atomique) selon qui Téhéran respecte ses engagements, ouvrirait la voie à une réimposition des sanctions américaines.

Et inquiète au plus au point les autres signataires du texte de 2015.

"L'accord n'appartient pas à un pays ou un autre, il appartient à la communauté internationale", a ainsi martelé la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini.

Accord en grand danger

"Si Trump ne certifie pas, l'accord sera en très grand danger. On peut toujours arguer juridiquement qu'il n'est pas mort, mais politiquement, ce sera un signe fort", estime un haut diplomate européen.

La France, qui avait été l'un des pays les plus durs dans la négociation avec Téhéran, n'a cependant pas fermé la porte à une éventuelle discussion sur "l'après 2025". L'accord de Vienne est en effet d'une durée de dix ans concernant certaines dispositions et au-delà de la "sunset clause", Téhéran pourra relancer une partie de ses activités.

"On peut compléter par un travail pour l'après 2025", a ainsi déclaré le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian sans plus de détails, même si la plupart des signataires de l'accord, au premier rang desquels Téhéran, ont exclu toute renégociation du texte.

"On sent que c'est ligne rouge des Iraniens, ils ne veulent pas rentrer dans cette discussion", a indiqué l'entourage du président Macron après que ce dernier eut rencontré son homologue iranien Hassan Rohani.

Déstabilisation régionale

Téhéran accuse les Etats-Unis de saper l'accord et le guide suprême iranien Ali Khamenei, qui a la haute main sur le dossier nucléaire, a martelé dimanche que l'Iran ne céderait pas aux "intimidations" de Washington.

Les Etats-Unis accusent la République islamique chiite de violer l'esprit du texte de 2015 et d'accroître son influence déstabilisatrice dans la région, en Syrie, au Liban ou au Yémen.

"Les dirigeants iraniens veulent utiliser l'accord nucléaire pour prendre le monde en otage", a ainsi martelé début septembre l'ambassadrice américaine à l'ONU Nikki Haley.

"Nous avons une discussion compliquée avec l'administration américaine, pour leur expliquer la conception de l'accord, leur répéter qu'il ne vise que le nucléaire et qu'on n'a jamais eu la prétention de régler tous les autres sujets", explique le haut diplomate européen.

"Vouloir tout mélanger c'est prendre le risque de tout perdre. A l'heure actuelle, la menace existentielle pour le monde, c'est la bombe. L'accord nucléaire n'est pas là pour résoudre les problèmes du Liban", ajoute cette source.

Outre l'Iran et la Corée du Nord, les échanges cette semaine devraient aussi porter sur la Birmanie et la manière de gérer au mieux les opérations de paix de l'ONU dans le monde.

Avec AFP

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