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La spirale infernale des accusations d'écoutes de Trump contre Obama


Le président Donald Trump pointe son doigt sur l'ancien président Barack Obama lors d’un échange après son investiture à Washington, 20 janvier 2017.
Le président Donald Trump pointe son doigt sur l'ancien président Barack Obama lors d’un échange après son investiture à Washington, 20 janvier 2017.

Depuis que Donald Trump a accusé Barack Obama de l'avoir mis sur écoutes, les dégâts politiques et diplomatiques vont croissant, l'entêtement de la Maison Blanche à justifier l'allégation par tous les moyens ayant provoqué un incident avec l'allié britannique.

Le président américain a écrit de nombreux tweets controversés depuis son arrivée à la Maison Blanche, mais aucun n'a autant nui à sa crédibilité que ceux écrits à partir de 6h26 du matin le samedi 4 mars depuis sa résidence de Mar-a-Lago en Floride, où il passait le week-end.

"Exécrable! Je viens de découvrir que le président Obama a mis mes +lignes sur écoute+ dans la Trump Tower juste avant ma victoire. Rien de trouvé. C'est du maccarthysme !", écrit le milliardaire.

L'affirmation est répétée dans deux autres messages. "Le président Obama est tombé bien bas en mettant mes téléphones sur écoutes pendant le très sacré processus électoral. C'est Nixon/Watergate. Homme malfaisant (ou malade)!"

On est alors en pleine affaire russe.

Chaque jour ou presque, de nouveaux éléments étaient révélés par la presse sur des contacts entre des proches du milliardaire et des personnes proches du pouvoir russe, un volet des multiples enquêtes portant sur la campagne de piratage et de désinformation organisées par Moscou pendant la campagne présidentielle de 2016, notamment contre le parti démocrate d'Hillary Clinton.

Donald Trump a toujours démenti toute collusion avec le Kremlin, sans réussir à tarir le flot de révélations. Ce matin-là, il décide de s'en prendre à son prédécesseur, l'accusant d'écoutes illégales.

Depuis, Barack Obama lui-même, l'ancien directeur du renseignement James Clapper, les responsables républicains et démocrates des deux commissions du Renseignement du Congrès, et le président républicain de la Chambre des représentants Paul Ryan ont tous démenti l'existence d'une telle mise sur écoutes.

Le propre ministre de la Justice de Donald Trump, Jeff Sessions, a été forcé de dire qu'il n'avait jamais fourni de telles informations au président américain.

Le président ne peut compter que sur son porte-parole, Sean Spicer, qui a failli provoquer un incident diplomatique en défendant son chef.

- Parlementaires agacés -

Chaque jour, la question occupe en effet une grande partie du briefing quotidien du porte-parole à la Maison Blanche.

Jeudi, Sean Spicer a eu l'idée d'énumérer une série d'articles de presse étayant selon lui la thèse d'écoutes ordonnées par Barack Obama. Il a notamment cité un contributeur de la chaîne Fox News, Andrew Napolitano, qui a assuré à l'antenne que l'ancien président avait eu recours à l'agence de surveillance britannique, le GCHQ.

"Ces accusations sont profondément ridicules et doivent être ignorées", a réagi un porte-parole de la Première ministre britannique Theresa May, dans une inhabituelle mise au point.

Londres a déclaré que la Maison Blanche lui avait assuré qu'elle ne répéterait pas ses accusations.

Reste à savoir si Donald Trump, qui a longtemps alimenté des théories du complot comme celle sur le certificat de naissance de Barack Obama, changera d'opinion.

Lors d'une interview mercredi soir sur Fox News, il n'y semblait pas prêt. Le président américain a dit qu'il ne voulait pas techniquement parler de mise sur écoutes, expliquant que le terme couvrait "beaucoup d'autres choses".

Donald Trump a promis qu'il fournirait "des choses" aux commissions d'enquête parlementaires. "Nous sommes en train de les compiler, et je pense que ce sera très probant", a-t-il dit.

La conférence de presse conjointe qu'il tiendra vendredi à la Maison Blanche avec la chancelière allemande Angela Merkel pourrait être l'occasion de préciser sa pensée.

En attendant, la polémique parasite complètement les débats au Congrès, où la majorité républicaine bataille pour faire adopter sa réforme de la couverture-maladie. Beaucoup d'élus républicains sont passablement agacés d'être interrogés en permanence sur le comportement du locataire de la Maison Blanche, et le font savoir.

Une telle accusation "doit être corroborée" a prévenu le sénateur républicain John McCain dimanche dernier.

"Si cette allégation est vraie ou si elle est laissée flottante comme ça, cela sape la confiance des Américains dans l'Etat", a-t-il ajouté.

Avec AFP

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