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La Russie élit son parlement dans un scrutin sans passion dominé par le parti au pouvoir


Les bureaux de vote sont prêts à accueillir les citoyens russes pour les élections parlementaire, à Moscou, Russie, le 17 septembre 2016.
Les bureaux de vote sont prêts à accueillir les citoyens russes pour les élections parlementaire, à Moscou, Russie, le 17 septembre 2016.

Plus de 110 millions de Russes votent dimanche pour des législatives que le parti pro-Kremlin au pouvoir devrait remporter sans surprise, dernier scrutin d'importance pour le président Vladimir Poutine avant son éventuelle candidature à la présidentielle de 2018.

A 12H00 (09H00 GMT), la participation au niveau national s'élevait à plus de 23%, soit quasiment la même que lors des législatives de 2011 à la même heure, selon la commission électorale centrale. Les premiers sondages de sortie des urnes sont attendus après la clôture du vote à 18H00 GMT à Kaliningrad, enclave russe au coeur de l'Union européenne.

"Je savais pour qui voter. Vous êtes sûrement au courant", a lancé Vladimir Poutine après avoir déposé son bulletin dans un bureau de vote de Moscou.

Le président russe, fort d'une popularité d'environ 80%, et son parti Russie Unie qui domine actuellement la Douma, peuvent envisager ce scrutin sereinement. Ils sont assurés d'une victoire qui mettrait le président russe sur la voie d'un 4e mandat, s'il décidait à se présenter à la prochaine présidentielle en 2018.

Contrairement aux élections législatives de septembre 2011, marquées par des fraudes et à la suite desquelles des centaines de milliers de manifestants étaient descendus dans la rue, le Kremlin semble cette fois vouloir donner plus de transparence au processus électoral.

Le président russe a ainsi placé à la tête de la commission électorale centrale l'ex-déléguée aux droits de l'homme auprès du Kremlin, Ella Pamfilova, pour remplacer Vladimir Tchourov accusé par l'opposition d'avoir manipulé les résultats de plusieurs élections.

Mme Pamfilova a indiqué dimanche que les autorités enquêteraient sur des soupçons de fraudes à Barnaoul (Sibérie) et que la commission électorale centrale "pourrait réfléchir à annuler les élections" dans la région si celles-ci étaient confirmées.

Lors d'une séance retransmise en direct à la télévision, elle a en outre interrogé les chefs de commissions électorales de plusieurs régions où des candidats de l'opposition ont dénoncé des fraudes.

Premier vote russe en Crimée

Ces élections se déroulent alors que le pays traverse une profonde crise économique. La chute du prix des hydrocarbures, qui représentent une part importante des revenus budgétaires, et les sanctions occidentales décrétées à la suite de la crise ukrainienne ont provoqué la plus longue période de récession depuis l'entrée en scène politique de Vladimir Poutine en 1999.

Le scrutin intervient par ailleurs dans un contexte politique exceptionnel: c'est la première consultation à l'échelle nationale depuis l'annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée, le déclenchement du conflit dans l'Est séparatiste de l'Ukraine et la dégradation des relations de Moscou avec les Occidentaux ayant suivi.

Ces législatives où plus de 6.500 candidats issus de 14 partis sont en compétition pour 450 sièges à la Douma d'Etat, la chambre basse du Parlement, interviennent en outre près d'un an après le début d'une intervention militaire en Syrie, où Moscou est devenu le maître du jeu.

Le vote fera donc office de test en Crimée, où les habitants participent pour la première fois à une élection russe. "Je suis allé voter et tous mes proches et voisins aussi. Nous sommes pour la Russie", a déclaré Valentina, une retraitée de la péninsule, tandis que les représentants de la communauté tatare de Crimée, une minorité musulmane opposée à l'annexion, ont appelé au boycott du scrutin.

Les électeurs russes devront également renouveler certains parlements régionaux et élire leurs gouverneurs. A ce titre, le président tchétchène Ramzan Kadyrov devra pour la première fois faire face aux électeurs depuis sa nomination à ce poste par le Kremlin en 2007.

Le scrutin, où la moitié des députés seront pour la première fois élus au suffrage majoritaire, a toutefois suscité peu d'engouement en Russie. L'ONG de défense des droits des électeurs Golos a ainsi dénoncé dans un rapport "la campagne électorale la plus molle et la moins active de ces 10 dernières années".

L'opposition libérale, qui a cette fois eu l'occasion de présenter beaucoup plus de candidats que lors du scrutin précédent en 2011 et de diffuser ses clips de campagne à la télévision, a échoué à surmonter ses querelles internes et n'a pu présenter une liste commune.

Face à l'immense machine du pouvoir, les opposants qui avancent en ordre dispersé ont eu du mal à susciter l'enthousiasme des électeurs, davantage tentés de voter pour les candidats "du pouvoir en place" ou par l'abstention.

Avec AFP

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