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La menstruation reste un tabou dans le monde sportif, au mépris des joueuses


La coach de football féminin du Canada, Bev Priestman, serre la main de ses joueuses après un match lors des Jeux olympiques de Tokyo 2020 à Sapporo, au Japon - 24 juillet 2021.
La coach de football féminin du Canada, Bev Priestman, serre la main de ses joueuses après un match lors des Jeux olympiques de Tokyo 2020 à Sapporo, au Japon - 24 juillet 2021.

Le sport de haut niveau a toujours du mal, malgré ses avancées, à s’accommoder de la physiologie féminine. Le récent débat sur l’incommodité des athlètes à compétir en pleine période menstruelle au Royaume-Uni et en France en est une illustration.

"Ce sont des trucs de filles", déclarait la joueuse de tennis Zheng Qinwen, le 30 mai dernier, au terme d’une expérience désagréable en huitième de finale de Roland-Garros. Après le gain du premier set 7-6 face à la Polonaise Iga Swiatek, la Chinoise de 19 ans s’est totalement liquéfiée sur le court, perdant les deux dernières manches 6-0, 6-2.

Le match aurait pu connaître une tout autre issue si la 47ème joueuse mondiale n’avait pas foulé la terre ocre du tournoi parisien en période menstruelle.

"Le premier jour est toujours difficile. J’ai mal et en plus je dois pratiquer du sport. Je ne pouvais pas aller contre ma nature. J'aimerais pouvoir être un homme sur le court afin de ne pas avoir à souffrir de ça", a regretté la native de Shiyan, évoquant des crampes menstruelles contre lesquelles elle a dû lutter à partir du second set.

Tabou tenace

Ce témoignage est symptomatique du peu d’importance encore accordée par les instances sportives à la santé reproductive des femmes athlètes. Les menstruations, en l’occurrence, restent enveloppées d’un tabou tenace, y compris dans le rang des principales concernées. Les termes utilisés par Zheng Qinwen pour évoquer son mal-être sont à cet effet révélateurs.

La science a pourtant fait d’énormes progrès sur le sujet. Les symptômes de la dysménorrhée (douleurs survenues lors des règles), allant des crampes au mal de tête entre autres, sont assez connus et documentés. De même que l’inconfort qu’ils peuvent susciter chez certaines femmes.

Le milieu sportif ne semble manifestement pas en prendre la mesure. En plus de devoir entrer en compétition dans cette période d’extrême difficulté pour leur bien-être, certaines sportives sont aux prises avec l’inconvenance d’arborer une tenue blanche sur le court de tennis en plein cycle menstruel.

Monde masculin

C’est notamment le cas au tournoi de tennis de Wimbledon au Royaume-Uni où la question a refait surface cette année. Beaucoup se sont en effet levés contre la rigidité du code vestimentaire de cette compétition qui prescrit aux participants le port d’une tenue blanche, au mépris de la possible survenance des règles chez les femmes. Une situation d’inconfort et de grande anxiété, selon beaucoup de témoignages.

Monica Puig, ancienne tenniswoman portoricaine, a ainsi révélé que nombre de femmes vivent, durant les deux semaines du Grand Chelem britannique, dans la hantise quotidienne de devoir s’habiller en blanc sachant qu’elles pourraient avoir leurs règles.

Cette préoccupation a motivé l’équipe de foot féminin du Royaume-Uni à demander récemment à l’équipementier américain Nike l’abandon du short blanc, en marge de la Coupe d’Europe en cours dans le pays. "Les shorts blancs ne sont tout simplement pas faits pour les joueuses de football", avait déclaré l’Écossaise Sophie Howard en 2020.

Deux ans plus tard, le débat reste d’actualité. Au grand dam de la présentatrice de tennis Catherine Whitaker: "Il y a longtemps que cette tradition aurait changé si elle affectait les hommes", a-t-elle notamment lancé en juin dernier à propos du blanc exigé à Wimbledon.

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