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La loi sur l'avortement divise l'opinion publique au Bénin


Une vue du parlement lors de la plénière avant le vote de la loi sur l'avortement, le 25 octobre 2021, à Cotonou.
Une vue du parlement lors de la plénière avant le vote de la loi sur l'avortement, le 25 octobre 2021, à Cotonou.

Au Bénin, les députés ont procédé au vote de la loi modifiant et complétant celle du 3 mars 2003 relative à la santé sexuelle et à la reproduction. Le parlement a dit "oui" à l'avortement, un vote qui suscite des réactions dans le milieu religieux.

Longtemps agitée par les pro-avortement sécurisé, la loi qui donne le droit aux femmes béninoises d'avoir recours à l'avortement dans certaines conditions a été adoptée par les députés.

"Une banalisation de la vie humaine", selon la conférence épiscopale représentée par Mgr Eugène Houndekon. Et d'ajouter: ​"Face à une décision aussi grave, les évêques du Bénin rappellent le respect inconditionnel du caractère sacré et inviolable de la vie, surtout de celle de l'innocent. L'avortement est un acte inhumain qui détruit la vie du foetus mais aussi celle de la mère à plusieurs égards".

Plus de 200 femmes décèdent en silence chaque année des suites d’avortements compliqués et non sécurisés.

En 2003, le Bénin avait déjà perçu le danger en adoptant une loi relative à la santé sexuelle et à la reproduction. Ce texte avait autorisé le recours à l’interruption volontaire de grossesse dans des conditions exceptionnelles, notamment quand la grossesse met en danger la vie et la santé de la femme enceinte, lorsque la grossesse est la conséquence d'un viol ou d'une relation incestueuse, ou lorsque l'enfant à naître est atteint d'une maladie grave.

Jeudi dernier, les députés ont complété ces dispositions donnant droit à la femme de décider d'interrompre une grossesse si elle sait qu'elle n'a pas les moyens financiers ou éducatifs pour s'occuper de l'enfant.

Pour Abdoulaye Razak, imam d'une mosquée à Cotonou, "qu'importent les conditions, on n'a pas le droit de mettre fin à une vie".

Le ministre de la Santé Benjamin Hounkpatin lors du vote de la loi sur l'avortement, le 20 octobre 2021. (VOA/Ginette Fleure Adandé)
Le ministre de la Santé Benjamin Hounkpatin lors du vote de la loi sur l'avortement, le 20 octobre 2021. (VOA/Ginette Fleure Adandé)

"Avorter un embryon ou un fœtus, c'est empêcher son développement tel que Dieu l'a voulu. Vous empêchez un processus qui vise à donner un résultat, qui est l'arrivée au monde d'un être humain", lance-t-il.

Pour le révérend pasteur Michée Agbowayi, "dans la Bible, c'est Dieu qui donne la vie et c'est lui qui l'a reprend".

Les Béninois sont divisés sur la question.

"Les députés n'ont fait que donner un caractère officiel à quelque chose qui se faisait depuis des lustres", selon un citoyen.

"Nous sommes dans une société où la pratique en faveur de l'avortement est tellement avancée mais l'hypocrisie collective emmène à ne pas l'accepter. Donc dans l'imaginaire collectif, nous savons que l'avortement se fait depuis longtemps", s'exclame un autre Béninois.

Pour le gouvernement, la loi va empêcher de nombreux décès liés à l'avortement. Le ministre de la Santé, Benjamin Hounkpatin, parle d'un "vote historique qui va protéger la femme", mais les religieux invitent déjà la Cour constitutionnelle à se pencher sur cette loi.

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