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La justice italienne confirme la saisie d'un navire d'ONG


Des migrants et des réfugiés descendent du bateau de sauvetage "Diciotti", Catane, en Italie, le 8 janvier 2018.
Des migrants et des réfugiés descendent du bateau de sauvetage "Diciotti", Catane, en Italie, le 8 janvier 2018.

Un juge italien a confirmé le placement sous séquestre du navire d'une ONG espagnole soupçonnée d'aide à l'immigration clandestine, tout en limitant les poursuites possibles.

Après une opération de sauvetage au cours de laquelle les secouristes de Proactiva Open Arms ont refusé de confier aux garde-côtes libyens des migrants secourus au large de la Libye, trois responsables de l'ONG risquent des poursuites et son bateau, l'Open Arms, est bloqué au port sicilien de Pozzallo.

Saisi par l'ONG, un juge a maintenu le placement sous séquestre du navire mais n'a gardé comme chef possible de poursuite que l'aide à l'immigration clandestine, rayant celui d'association de malfaiteurs.

Cette décision a pour effet de retirer l'enquête au parquet général de Catane, dont le procureur Carmelo Zuccaro avait multiplié les déclarations fracassantes contre les ONG l'an dernier, pour la ramener au parquet local de Raguse.

L'opération de sauvetage controversée a eu lieu le 15 mars, lorsque les garde-côtes italiens ont signalé à l'Open Arms deux embarcations en détresse à 73 milles nautiques au large de la Libye, avant de préciser que Tripoli prenait la coordination des opérations.

L'Open Arms a commencé à secourir les migrants puis a refusé de les transférer à une vedette libyenne arrivée plus tard. La justice italienne estime que les migrants auraient dû débarquer à Malte, le port le plus proche, et reproche à l'Open Arms d'avoir tout fait pour les conduire en Italie, ce à quoi l'ONG répond que Malte n'accepte que les urgences médicales.

La décision du juge révèle aussi que c'est un navire de la marine italienne, présent à Tripoli, qui a prévenu les garde-côtes libyens de la présence des embarcations en détresse.

Pour le député radical Riccardo Magi, cette participation active de la marine italienne aux opérations des garde-côtes libyens constitue un refoulement illégal dans la mesure où une partie des migrants sur les canots - 40% en moyenne - ont droit au statut de réfugié ou à la protection humanitaire.

>> Lire aussi : Le navire de militants anti-migrants bloqué au large de la Tunisie

En 2012, la Cour européenne des droits de l'Homme avait condamné l'Italie pour avoir renvoyé des migrants en Libye en 2009, avant même que leur situation dans le pays ne vire au cauchemar après la chute de Mouammar Kadhafi.

En Espagne, le blocage de l'Open Arms a suscité un mouvement de soutien autour du slogan : "Sauver des vies n'est pas un crime". Des centaines de personnes ont manifesté samedi, une pétition sur le site internet Change.org a recueilli plus de 258.000 signatures et l'ONG a reçu l'appui des acteurs Penelope Cruz et Javier Bardem.

Il y a un an, une dizaine de navires d'ONG patrouillaient au large de la Libye. Désormais, il n'en reste plus qu'un, même si quelques autres prévoient de reprendre la mer au printemps.

L'Open Arms est le deuxième saisi par la justice italienne après le Iuventa de l'ONG allemande Jugend Rettet l'été dernier. D'autres ONG ont suspendu leurs opérations en raison des menaces croissantes de la marine libyenne et de la baisse des départs (-60% depuis l'été 2017).

Depuis le 15 mars, les garde-côtes italiens n'ont coordonné aucune opération de secours au large de la Libye, où les garde-côtes libyens ont intercepté plusieurs embarcations. L'an dernier sur cette même période, l'Italie avait vu débarquer 5.700 migrants.

Avec AFP

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