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La condamnation de trois officiers de police fait réagir au Tchad


Mahamat Abali Sala, ministre en Charge de la sécurité publique en grand boubou, à Yaoundé, 17 juin 2019. (VOA/André Kodmadjingar)
Mahamat Abali Sala, ministre en Charge de la sécurité publique en grand boubou, à Yaoundé, 17 juin 2019. (VOA/André Kodmadjingar)

Au Tchad, un commissaire de police et deux de ces agents ont été condamnés à 5 ans d’emprisonnement ferme et une amende d’un million de FCFA le week-end dernier par le parquet de grande instance de N’Djamena pour avoir torturé à mort un prévenu dans un commissariat.

Une autre amende a été fixée : 10 millions de FCFA de dommage et intérêts opposable à l’Etat tchadien qui est civilement responsable. Le commissaire premier adjoint du CSP 7 Abdelkerim Haroun Nassour a été inculpé au même titre que ces deux agents par la justice tchadienne pour complicité des coups et blessures volontaire mortels.

Le tribunal a estimé que c’est sur son instruction que Yaya Daoud un jeune en détention préventive a subi des sévices corporels et acte de torture ayant entraîné sa mort au commissariat de la sécurité publique dont il était l’un des responsables.

Pour l’avocat de la défense, Mbailassem Laoubatnan Franklin, le droit n’a pas été dit dans cette affaire :"Ni le parquet, et encore moins la partie civile n’ont rapporté la preuve d’une quelconque complicité. Le parquet n’a même pas requis la complicité mais le tribunal est passé outre pour retenir mon client le commissaire Abelkerim dans le lien de l’infraction".

En revanche, le président de l’association nationale d’aide aux détenus Mahamat Kader Mahamat se dit satisfait de ce verdict. Toutefois, il est réservé quant à l’exécution de cette décision.

"C’est un acte salvateur parce que ça peut servir d’école pour les autres cas pour qu’à l’avenir de tels actes ne se reproduisent", explique-t-il. "Mais connaissant les méandres de la justice tchadienne je prends ça avec beaucoup de réserve. Etant donné qu’on a condamné les gens et deux mois après on les retrouve dans la rue sans avoir purgé leur peine".

Le climat de méfiance entre la population et la police nationale a obligé le ministre en charge de la Sécurité publique a visiter quelques commissariats de la ville de N’Djamena.

Mahamat Abali Salah a déploré que la plupart de ces commissariats sont gérés par des commissaires qui ne savent ni lire, ni écrire : "C’est bizarre d’avoir un commissaire qui est sensé d’appliquer la loi qui ne sait pas lire. Donc ces mesures seront appliquées au début de la semaine pour qu’on est des gens capables en plus qui savent lire et appliquer la justice".

Mahamat Kader Mahamat président de l'association nationale d'aide aux détenus, à N’Djamena, 17 juin 2019. (VOA/André Kodmadjingar)
Mahamat Kader Mahamat président de l'association nationale d'aide aux détenus, à N’Djamena, 17 juin 2019. (VOA/André Kodmadjingar)

Pour Mahamat Kader Mahamat, président de l’association nationale d’aide aux détenus, la déclaration du ministre en charge de la Sécurité publique est un aveu d’échec.

"C’est déplorable venant d’un ministre qui dit que se sont des illettrés qui gèrent ces commissariats. Il faudrait qu’il y ait au moins une police des polices, une structure qui relèverait de la police judiciaire qui doit être au-dessus des autres qui peut sillonner les commissariats et d’autres centres de détention pour surveiller la situation".

Pour certains observateurs, la condamnation du commissaire 1er adjoint du CSP 7 et ces agents ainsi que la promesse du ministre en charge de la Sécurité publique de relever tous les commissaires analphabètes peuvent, réinstaurer une confiance entre civils et policiers. Une confiance qui a été mise à rude épreuve suite aux décès répétitifs des jeunes en détention préventive dans les commissariats.

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