Liens d'accessibilité

Dernières nouvelles

La Bundesliga allemande va reprendre le 16 mai


Nordi Mukiele de Leipzig, à gauche, et Niko Giesselmann de Fortuna Duesseldorf lors d'un match de Bundesliga, Allemagne le 2 septembre 2018.
Nordi Mukiele de Leipzig, à gauche, et Niko Giesselmann de Fortuna Duesseldorf lors d'un match de Bundesliga, Allemagne le 2 septembre 2018.

Du football en vue, mais aussi des grincements de dents: le gouvernement allemand a autorisé mercredi la reprise de la Bundesliga à huis clos à partir du 15 mai, malgré les risques sanitaires et les critiques.

La Ligue allemande (DFL), qui a convoqué pour jeudi son assemblée générale, a confirmé mercredi soir à l'agence SID, filiale de l'AFP, que les premiers matches auront lieu le vendredi 15 mai.

"Nous sommes heureux, c'est un signal important et formidable pour la Bundesliga", s'est réjouit le patron du Bayern Munich Karl-Heinz Rummenigge sur Sky: "Il est important que la saison se décide sur le terrain, et non sur tapis vert" comme en France par exemple, a-t-il insisté, alors que son club est actuellement leader avec 4 points d'avance sur Dortmund, à neuf journées de la fin, et peut viser un 8e titre consécutif.

Son homologue de Dortmund Hans-Joachim Watzke a pour sa part reconnu qu'un arrêt du championnat "n'aurait pas été supportable économiquement pour les clubs". Même si, "jouer devant des tribunes vides sera un défi énorme, surtout pour une équipe comme le Borussia Dortmund qui tire beaucoup d'énergie de la passion de ses supporters".

Dortmund devra reprendre à domicile par le derby de la Ruhr contre Schalke, une rencontre qui déchaîne d'ordinaire les passions et la folie des 82.000 supporters du Signal Iduna Park.

"Jouer sans spectateurs n'est pour personne une solution idéale", a admis le président de la DFL Christian Seifert, "mais dans cette crise qui menace la survie même de certains clubs, c'est la seule solution".

- 300 millions de droits TV -

Plus de deux mois après l'interruption des compétitions en raison de la pandémie de coronavirus, la Bundesliga sera donc le premier championnat de football majeur à redémarrer, sur la base de mesures sanitaires draconiennes.

La France a tiré un trait sur la fin de saison la semaine dernière et l'Angleterre, l'Espagne et l'Italie espèrent, au mieux, reprendre en juin. D'autres pays ont déjà fixé leur date de reprise, dont le petit championnat des îles Féroé (9 mai), la Serbie (30 mai), la Croatie (6 juin) ou encore la Turquie (12 juin).

En jouant les neuf dernières journées, la Bundesliga (D1 et D2) va récupérer 300 millions d'euros de droits TV. De quoi donner un peu d'air à un secteur sinistré, qui emploie en Allemagne 56.000 personnes.

Pour obtenir le feu vert du gouvernement, la Ligue a présenté un protocole médical très complet, fondé sur la multiplication des tests de détection du coronavirus et sur d'innombrables mesures de protection. Les équipes devront notamment s'isoler une semaine avant le premier match.

- "Pervers" -

Le danger, s'il paraît statistiquement faible, n'est toutefois pas écarté. Le Dr Wilhelm Bloch, de l'Ecole supérieur du sport de Cologne, a mis en garde mercredi contre les conséquences graves que peut avoir une infection pulmonaire chez les sportifs professionnels: "Un sportif doit prendre en compte le fait qu'une infection peut signifier la fin de sa carrière", prévient-il.

Le gardien et capitaine du Bayern Manuel Neuer est conscient que ce retour au jeu est "une énorme responsabilité" pour les joueurs. "Les gens vont nous regarder depuis d'autres pays européens, en fait de partout dans le monde", a déclaré le champion du monde 2014 avec l'Allemagne au quotidien de Francfort FAZ.

Lundi, la Ligue allemande de football a annoncé que dix personnes sur 1.724 testées dans les clubs de première et deuxième divisions étaient positives. Le pari de reprendre le foot ne sera gagné que si ce chiffre reste très bas, et qu'aucun club n'est contraint de déclarer forfait à cause d'un trop grand nombre d'infections.

Ce retour du football est loin de faire l'unanimité dans le pays. "L'Etat brade la santé de la population et des gens malades au football, c'est pervers", s'est emporté le champion du monde 2017 du javelot Johannes Vetter, dans une interview à un journal régional.

L'ancienne championne du monde du poids Christina Schwanitz estime que le football bénéficie de passe-droits inacceptables: "Je ne trouve pas ça bien que le football ait cette position particulière et s'assoie sur tout le reste, juste parce qu'il génère beaucoup d'argent".

Dans le monde politique, la critique est venue du parti écologiste Les Verts: "On peut comprendre la volonté de revenir à la normalité", peut-on lire dans un communiqué. "Mais il n'est en revanche pas compréhensible que le football obtienne ces privilèges. Alors que des groupes très exposés comme par exemple les soignants en maison de retraite ne sont pas encore suffisamment testés pour le Covid-19, on va justement le faire sur les footballeurs."

XS
SM
MD
LG