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La brigade anti-criminelle du Nigeria se transforme en "gang", selon des ONG


Mohammed Adamu, inspecteur general des services de police du Nigeria, Abuja le 29 juin 2020. (VOA/Gilbert Tamba)
Mohammed Adamu, inspecteur general des services de police du Nigeria, Abuja le 29 juin 2020. (VOA/Gilbert Tamba)

La brigade de répression criminelle (SARS) est pointée du doigt dans un rapport publié le 26 juin dernier par Amnesty International à Abuja. L’ONG affirme que malgré l'adoption d'une loi anti-torture en 2017, les éléments de cette brigade continuent de recourir à la torture pour punir, extraire des informations et exécuter des suspects.

Dans un nouveau rapport, Amnesty International a documenté au moins 82 cas de torture, de mauvais traitements et d'exécutions extrajudiciaires par la brigade de la répression criminelle SARS entre janvier 2017 et mai 2020.

Les victimes de cette unité spéciale de la police nigériane créée pour lutter contre les crimes violents comme le vol à main armée, sont majoritairement des jeunes âgés de 18 à 35 ans, précise Amnesty International dans ce nouveau rapport baptisé Time to End Impunity (C'est le moment de mettre fin à l’impunité).

Isa Sanussi, directeur de la communication d’Amnesty International au Nigeria, souligne que c'est la troisième fois que les exactions de cette brigade sont documentées en détail. En vain.

"Le gouvernement nigérian n’a rien fait jusqu’ici pour traduire en justice cette unité de la police. Aucun officier de cette brigade n’a été traduit en justice", martèle-t-il.

La brigade nigériane de répression criminelle accusée d'exactions
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Beaucoup de Nigérians sont indignés par les violations systémiques des droits humains perpétrées par le SARS en toute impunité.

Des manifestations pour l'élimination de la brigade spéciale ont eu lieu dans plusieurs Etats du Nigeria.

Pour Deji Adeyanzu, directeur exécutif du groupe "Nigérians concernés", une des organisations de la société civile cette brigade n'est plus qu'un "gang criminel" avec des badges.

"Il faut revoir leur recrutement, leur formation, les circonstances et leurs conditions de travail", explique-t-il. "Il est difficile de savoir pour quelle raison ils commettent toutes ces atrocités, jusqu'à extorquer les gens et même les tueries extra-judiciaires".

La directrice du Centre pour la démocratie et le développement, Idayate Hassan, envisage une autre solution pour résoudre le problème. "Il ne faut pas trop insister sur la suppression de la brigade criminelle de la police nigériane. Nous devons plutôt parler plus de la transparence. SARS est une force spéciale qui doit sortir seulement lorsqu’il y a des cas de criminalité pour mener leur enquête dans la clandestinité", soutient-elle.

"Je suis certaine que nous avons des noms de certains officiers de cette unité coupables de crimes. Nous pouvons les traduire en justice", indique Idayate Hassan.

Parmi d’autres cas, Amnesty International évoque le cas d’un jeune boxeur amateur de 24 ans, Sunday Bang, qui avait été arrêté en octobre 2018, à son domicile à Abuja par des agents du SARS et accusé de vol.

Il a été détenu pendant 5 semaines sans avoir accès à sa famille, à des avocats ou à des soins médicaux. Au final, il n'a pas été inculpé. Il aurait subi des fractures et d'autres blessures en raison de la torture et d'autres mauvais traitements subis pendant sa détention.

L’ONG appelle à une véritable réforme au sein des forces de police nigérianes en mettant l'accent sur l’unité spéciale de la répression criminelle.

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